À malade, malade et demi

Médecines douces ! Qui ne souhaiterait pas tomber malade rien que pour profiter des bienfaits de pratiques lesquelles, semblerait-il, ont la faculté de remettre d'aplomb là où la médecine classique trouverait quelques difficultés. D'ailleurs, qui ne se souvient pas des fameux guérisseurs des Philippines, somme toute, des personnes normales qui pouvaient extraire une tumeur de la taille d'une pomme de terre à mains nues, guérir, ce qui est toutefois moins évident et plus proche de l'affabulation, de maladies réputées incurables. Des médecins qui faisaient courir le monde à, en général, des malades imaginaires venant d'Australie, d'Europe, d'Amérique et une médecine alternative qui ne faisait pas hésiter des revues scientifiques qui faisaient autorité en la matière à en parler quitte à essayer d'en démonter les mécanismes. Pourtant, médicament arabe (dwa a'rab) est un élément incontournable ici et maintenant en Algérie, dans toutes ses contrées et sans distinction de culture. Nombreux sont ceux qui diront avoir gagné en temps de vie parce qu'un jour ils ont décidé de ne plus aller chez les médecins et de s'en recommander à «quelqu'un» qui leur a été recommandé par un proche qui, lui-même, est passé par les affres de la maladie, du doute.... En fait, dans la réalité de tous les jours, rien n'est à négliger compte tenu du niveau plutôt médiocre de la médecine telle qu'elle est pratiquée dans certaines régions d'Algérie et par voie de conséquence les résultats mitigés sinon nuls auxquels se sont résolus certains individus plus psychosomatiques que réellement malades. Quoiqu'il en soit, les médecines douces ont des thuriféraires et habitués qui n'en démordront jamais, à telle enseigne qu'avant d'aboutir inévitablement chez un médecin, ces derniers épuisent et leurs forces et leurs moyens à tenter d'éviter la table de consultation. Il arrive que ça paye comme il arrive à ce que tout cela se termine mal. Dans le doute qui entoure ces médecines, nombreux sont les charlatans qui se font de l'argent sur le dos des crédules. Or, comme il n'existe aucune réglementation précise sur le sujet, n'importe qui peut s'improviser chaman et c'est le cas sur l'ensemble du territoire. Deux personnages du genre ont défrayé la chronique à l'est du pays, il y a de cela une trentaine d'années. Celui de Tébessa guérissait tout à partir de crachats sur la partie anatomique concernée, l'autre à El-Milia garantissait le regarnissage des têtes frappées de calvitie chronique. La particularité des clients du deuxième guérisseur est qu'au bout de quelques jours ils se retrouvaient tous avec une sorte de pelage de poussin, mais juste pourquelques jours. A. L.