A Lyon, nouvel appel à la concorde

Hier soir, 88 000 membres des forces de l'ordre continuaient à traquer les auteurs présumés de l'attentat contre Charlie Hebdo, au nord-ouest de Paris. Une grande marche est annoncée pour dimanche.Depuis Lyon, les réactions à l'attentat de Paris ont eu d'autant plus d'acuité que c'est dans cette ville qu'avait été lancé en octobre 2014 un appel interreligieux dit «Appel des 110». Les premiers mots étaient : «Avons-nous été assez vigilants '» Face à la violence terroriste potentiellement à l'?uvre dans le monde, il posait la question : «Avons-nous été suffisamment des veilleurs, prêts à dénoncer et à lutter, avec d'autres, contre les injustices de nos sociétés ' Avons-nous suffisamment jeté de ponts entre nos différentes communautés, créé des espaces d'échange et de rencontre et renforcé la dimension d'entre-connaissance ' Avons-nous vraiment veillé à apaiser les relations entre toutes les composantes de la nation '»Ce sont là quelques-unes des questions essentielles alors que depuis le carnage de Charlie Hebdo, des appels à la «guerre» de certains militants politiques pourraient mettre le feu aux poudres, dans un contexte global où les ressentiments vis-à-vis de la religion musulmane persistent. Pour contrer l'irréparable, un nouvel appel à la concorde et à la solidarité a été lancé hier matin après qu'une manifestation ait réuni 15 000 personnes la veille place Bellecour à Lyon.Les termes de l'appel d'octobre étaient toujours présents dans les esprits : «Reconnaissons humblement que les événements actuels ne sont pas que la faute des autres. Par le silence ou l'indifférence des uns, la compromission des autres et les louvoiements en matière de stratégies politiques et d'idéologies religieuses, nous portons une part de responsabilité.» Mercredi soir, Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon s'est dit «très touché et consterné».«On ne peut accepter qu'ils s'attaquent aux principes de la République.» Kamel Kabtane a repoussé tout amalgame possible : «Tout le monde peut crier ?Allahou Akbar? pour faire porter le chapeau aux musulmans. Nous devons maintenir le lien avec tous.» Le cardinal Philippe Barbarin, artisan du dialogue fécond, a martelé que «la France se soulève comme un seul homme contre cette barbarie. Ceux qui veulent nous déclarer la guerre trouveront en face d'eux des hommes et des femmes qui se battront pour la paix». Azzedine Gaci, recteur de Villeurbanne, et une délégation interreligieuse, chrétiens et musulmans, étaient à Rome pour une rencontre de fraternité. Lyon.