A la trique !

Après la main de fer sortie contre les spéculateurs sur les produits de consommation de base, l'Etat veut sévir contre les indus occupants de l'espace public. Même si beaucoup de nos villes sont devenues de grands bourgs où la citadinité n'a plus droit de cité, il n'est plus possible d'assister à la privatisation de l'espace public en restant les bras ballants.Dans de nombreuses villes du pays, ce spectacle désolant d'objets en tous genres posés devant les magasins à même la chaussée, fait désormais partie du décor ambiant. Cas concret : un commerçant en articles de droguerie installé le long d'une artère commerçante, pose l'équivalent d'un container d'objets sur le trottoir obstruant carrément la circulation piétonne. Pris en étau, le citoyen se retrouve obligé de marcher sur la chaussée s'il ne se fait pas emboutir par une voiture. L'Etat a donc décidé de sévir contre les occupants de la voie publique, en les menaçant de peines de prison ferme. Faute de pouvoir éduquer au comportement civique et les règles élémentaires de la vie dans une cité, les pouvoirs publics optent pour l'approche répressive. Autre cas concret : un commerçant a refusé à un automobiliste de stationner son véhicule devant son magasin et l'altercation a fini par un crime de sang. L'un au cimetière et l'autre en prison pour très longtemps. Face à cette chienlit, l'Etat n'a pas d'autres moyens de rétablir l'ordre qu'en sévissant de façon ferme et sans concession aucune. L'Algérien a pris le pli de narguer la loi, la fouler à ses pieds, la mépriser, et là seule la trique est la solution pour le remettre dans le droit chemin. En attendant que nous apprenions à vivre ensemble et à respecter les règles basiques de la vie en société, l'autre solution est certainement dans la lutte contre la «bazardisation» de nos villes où les tentacules du commerce informel ne cessent de s'étendre pour étouffer carrément de larges espaces de vie. Il est vrai que pour vivre en société, il est nécessaire d'avoir une justice... pour tous !