Jamais Maceo Parker n'a animé un concert en Algérie et jamais le Théâtre régional de Constantine (TRC) n'a connu pareille foule. Trois heures avant le début du spectacle du saxophoniste, compositeur et chanteur américain, à la clôture de la 8e édition du Festival international du jazz (Dimajazz), jeunes et moins jeunes se bousculaient déjà devant les portes du TRC.
Constantine. De notre envoyé spécial Tous les billets ont été vendus en un temps record. Devant une salle archicomble, Maceo Parker, six musiciens et deux choristes, se sont éclatés pendant plus de deux heures. Un véritable show à l'américaine ! De la funk cuivrée à en revendre, de la soul, du groove et un peu de jazz. Avec Maceo Parker, aucun son ne doit être laissé dans le grenier. Sur scène, il bouge et danse comme l'aurait fait James Brown, son grand compagnon de route, et chante comme l'a fait Ray Charles. Ce n'était donc que justice quand l'invité du Dimajazz rendit hommage à ces deux grands noms de la musique. James Brown au chant, et Maceo Parker au saxophone, deux artistes qui avaient fait le tour du monde ensemble pendant 25 ans.« J'ai connu James Brown ! »« J'étais à la bonne place, au bon moment. Je venais juste de sortir du collège dans ma petite ville de Caroline du Nord lorsque j'ai connu James Brown », a expliqué Maceo Parker lors d'une rencontre avec la presse à l'hôtel Panoramic à Constantine. En fait, Melvin Parker, grand frère de Maceo, batteur, a été à l'origine de la rencontre du futur saxophoniste avec l'auteur de Sex Machine en 1964. Depuis, Maceo a fait du chemin. Après s'être séparé de James Brown, Maceo Parker a joué avec les JB'S Horns, Funkadelic, George Clinton (avec la fameuse vague du freaky funk), Boosty Collins et Prince. A partir de 1990, Maceo Parker a entamé une longue carrière en solo. Dès le départ, il a annoncé la couleur : Roots revisited a été le titre de son premier album solo pour insister sur le retour aux racines. Autant dire qu'il s'agit-là de sa marque de fabrique.Maceo Parker reste attaché à son authenticité musicale, défend le funk (son deuxième album portait exprès le titre de Funk overload, surcharge qu'il revendique) et n'aime pas les influences extérieures. « Je n'ai rien à dire sur le jazz fusion. Je ne l'écoute pas. Je préfère me concentrer sur mon travail. Je ne veux pas être influencé. Quand je me repose, je préfère regarder les films western », a-t-il confié. Il a confirmé ce qu'il a déjà déclaré auparavant : « Oui, ma musique est composée de 98% de funk et de 2% de jazz. » Soul, cela veut dire, selon lui, que la création vient des tripes, du fond de l'être, de l'âme. L'industrie du disque prend plaisir à classer Maceo parker parmi les artistes de la soul music. « Tous les types de musiques peuvent être de la soul », a-t-il insisté. Tous les critiques se rejoignent aujourd'hui pour considérer Maceo Parker comme la légende vivante du funk. Son art pur sucre laisse des traces visibles sur les nouvelles créations, malgré les incursions du hip-hop et de la R'n'B. Diriger un groupe, après avoir subi le diktat de James Brown, ressemble, à ses yeux, à ce désir d'un adolescent de conduire une voiture pour la première fois de sa vie. « Il ne veut plus lâcher le volant ! », a-t-il lancé avec un rire aux éclats. Mais il a pris soin de relever que le leader d'un groupe agit toujours au feeling pour conduire les artistes ou choisir les morceaux à interpréter. « J'aime ce que je fais. Dans tous les pays où je me rends, au Canada, en Chine, en Australie ou en Russie, ça me plaît.L'Afrique, pour moi, signifie la richesse et la complexité des rythmes », a-t-il dit plus loin, reconnaissant n'avoir aucune idée sur la musique algérienne ou maghrébine. Retour sur la scène du TRC. La bande joyeuse de Maceo Parker était là en fusion avec lui. Dennis George Rollins au trombone et Anthony Ronald Tooley à la trompette se complétaient et se relayaient avec Bruno Wallace Speight à la guitare et Rodney Eugène Curtis à la basse. Jérôme Thomas à la batterie était là comme un maître de maison, qui assurait le tapis rythmique. Il restait même sur scène lorsque tous les musiciens, Maceo Parker en tête, étaient sortis. Les choristes, Carolyn Zanetta Hall et Mary Martha Harvin, appuyaient le chant de Maceo Parker qui n'hésitait pas à improviser, à s'éloigner du micro en gardant la mélodie avec un sifflet et en retournant avec davantage de force. Il se figeait parfois autant que les deux « cuivristes » pour souligner la fin d'un morceau. Cela faisait comédie et plaisait au public. Mieux, Maceo Parker descendait dans la salle en tapant des mains.Il se mêlait à la foule. Celle-ci adhérait entièrement à son jeu. Trombone, trompette et saxophone se donnaient la réplique en une fusion-confusion parfaite, tracée au millimètre. Maceo Parker, qui se mettait parfois à la flûte, saluait le New Yorkais William Milton Boulware qui arrachait toute sa sève à un clavier énergique. Du spectacle, Maceo Parker's band sait en donner ! Petit moment d'arrêt : Maceo Parker mettait des lunettes noires, imitait les gestes d'un non-voyant et interprétait une chanson pour célébrer « au génie » Ray Charles, extraite d'un album live en hommage à l'auteur de Georgia on my mind et de Wish you were here tonight. Lors de sa discussion avec la presse, Maceo Parker, 67 ans, a cité le nom du jeune Usher, comme le plus funky des chanteurs de sa génération.Usher, 32 ans, est considéré parmi les meilleurs interprètes de la R'n'B, musique largement inspirée de la démarche artistique de Ray Charles. A la fin du concert, les « dimajazziens » ont refusé de quitter la salle, amenant la bande de Maceo Parker à revenir sur scène pour continuer, le temps de deux chansons, un spectacle qui s'inscrit désormais dans les annales de Constantine.
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Posté Le : 23/05/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Fayçal Métaoui
Source : www.elwatan.com