A la source d'Evian

Dans ces vastes puits du sud que les barreurs de la planète se partagent, le sang de la fitna enfante des mers de drames. D'Irak au Mali, de Syrie en Libye, les nations-océans se réduisent en une multitude de mares d'écumes et de moutons qui se fracassent sur les rochers d'une partition tue. Autant qu'ailleurs, la tempête nous guette. Elle est là, sourde et sournoise. Telle une lame de fond, elle surfe sur les vagues de la malvie et de la crise. Fatalité ' Oui, si l'on oublie cette onde déchaînée qui a brisé les chaînes de la galère coloniale. En ces jours où l'on fête la Victoire, la source d'Evian rafraîchit la mémoire et nous rappelle qu'une seule et même sève irrigue nos veines qui alimentent déserts, plaines, ergs et montagnes. Car, le long fleuve tumultueux, qui charrie la vie, déverse, sur ses berges, les témoignages qui font les Hommes, les patries, les nations. Et, c'est dans le lit de l'Histoire que coulent nos itinéraires et c'est dans ses sources que s'abreuve la mémoire.