Algérie

A la frontière de la noirceur et de la solitude



A la frontière de la noirceur et de la solitude
Anis Djaâd, journaliste et cinéaste, continue d'explorer les drames humains et les mécaniques du désespoir avec finesse.Après Le hublot sur le spleen de la jeunesse algérienne et le désir de voir d'autres horizons, il revient avec Passage à niveau. Le court métrage est en compétition au 8e Festival international du film arabe d'Oran, qui se déroule jusqu'au 12 juin.Il a été présenté, avant-hier, à la Cinémathèque d'Oran en présence de Rachid Benallal, qui a interprété le rôle d'un gardien de barrière.L'homme vit seul quelque part dans une loge. Il attend à chaque fois la sonnerie du téléphone pour baisser ou lever la barrière. Les trains passent et repassent sans arrêt. L'ennui est là avec toute sa lourdeur.Le gardien «meuble» ses journées vides en écoutant des chansons à un poste radio à piles. Dahmane El Harrachi et Ahmed Wahbi chantent l'amour, la séparation et la nostalgie. Le gardien, qui parle peu, consomme son amertume dans la pénombre. Il rencontre de temps à autre un jeune ivrogne (Samir El Hakim) qui chante pour oublier ses cassures, ses échecs et ses amours trahies.C'est un solitaire qui en veut au monde entier. La routine est cassée par l'arrivée d'un courrier qui oblige le vieux gardien à sortir de sa loge... Passage à niveau est un film bien mené par Anis Djaâd avec un scénario qui ne dit pas tout.Le cinéaste fait confiance à son spectateur. Il lui offre un dialogue minimaliste et des regards expressifs pour suggérer le mal-être du gardien et de l'ivrogne. Entre le passage de deux trains, la frontière de la noirceur est bien tracée. Celle de la solitude aussi. Le soleil est timidement filmé dans Passage à niveau comme pour éviter d'affronter la lumière.Anis Djaâd croit-il à l'espoir ' Absent à Oran, il n'a pas eu l'occasion de répondre. Passage à niveau souligne malgré tout une certaine maturité chez ce cinéaste qui a encore des choses à dire, à dénoncer et à révéler. Rachid Benallal a salué le talent d'Anis Djaâd. «Quand j étais jeune, les plus âgés que moi ont fait tout pour m'empêcher d'avancer. Et, aujourd hui, je suis du côté des jeunes pour les soutenir. Je partage avec eux mon expérience, mon vécu, mon regard et ma filmographie.Pour aborder l'art, il faut, à mon avis, avoir un SMIG de culture. Les jeunes que j'aide ont un maximum de culture. Quand on fait du cinéma, il ne faut pas enlever l'aspect plaisir. Je dis aux jeunes que s'ils veulent faire du cinéma, il est important de lire le scénario. Mais, lorsqu'ils sont amenés à faire de la télévision, il est impératif de lire le contrat !» a soutenu Rachid Benallal qui est également monteur, scénariste et réalisateur.Revenant à Passage à niveau, Rachid Benallal a rappelé les conditions de tournage à Aokas à Béjaïa avec une petite équipe. «Des gens qui avaient des affinités entre eux et des référents très importants dans le domaine du cinéma», a-t-il précisé. Passage à niveau a obtenu, en avril dernier, les prix du Meilleur réalisateur et de la Meilleure interprétation masculine au 4e Festival du court métrage maghrébin à Oujda, au Maroc. A Oran, les chances sont intactes pour ce film.




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