Algérie

À la faveur de son 4e congrès tenu jeudi et vendredi


Aït Ahmed reste à la tête du FFS Lucide et intransigeant, le président du FFS, Hocine Aït Ahmed, a réussi le pari pour lequel il est revenu de son exil volontaire : la remise sur orbite de son parti et la redéfinition de ses priorités. C?est en tout cas ce qu?il a tenté de faire, jeudi dernier, à l?ouverture des travaux du 4e congrès du parti. Un congrès dont les travaux ont pris fin hier, à la Mutuelle des matériaux de construction de Zéralda (est d?Alger) en le sacrant une nouvelle fois président du parti. Dans une longue allocution prononcée devant 1300 congressistes et un parterre d?invités de marque, à l?image de Abdelhamid Mehri, Mouloud Hamrouche, Cherif Belkacem, Abdelkader Khomri et d?autres observateurs étrangers, le « zaïm » a ratissé large. N?ayant pas occulté la crise interne au parti, Hocine Aït Ahmed a consacré, toutefois, une grande partie de son intervention à l?analyse de la situation politique du pays. Le leader du vieux parti de l?opposition a évacué, d?emblée, la question concernant la situation organique du parti. Pour lui, le problème est tranché : « Aucun texte ne peut soumettre l?autonomie stratégique du FFS pour l?arrimer à je ne sais quel clan, à je ne sais quelle communauté fut-elle générique. Aucune manipulation frondeuse ne nous fera dévier de notre ligne originelle pour le combat de la démocratie. Aucune ambition, aucun calcul ne fera abdiquer notre volonté d?ouverture. » Affirmant la priorité accordée par sa formation à « la société et la prise en charge de ses préoccupations », il prononce son jugement contre « ceux qui ont pris l?habitude d?attaquer le FFS sur tout et pour tout ». « La qualité de ceux qui nous attaquent, leur parcours suffit à nous dispenser de leur répondre », lance-t-il. Cependant, il met en garde ses militants contre tout excès de confiance car, a-t-il dit, « le FFS a failli à son devoir d?ouverture vers la société ». Le parti, enchaîne-t-il, doit faire sa thérapie même en présence « d?amis non complaisants ». « Dans beaucoup de nos compartiments, les jugements de valeur l?emportent sur les attitudes d?écoute et sur la reconnaissance des qualités des uns et des autres », estime-t-il. Adressant des messages aux jeunes et en donnant des orientations à ses militants, Hocine Aït Ahmed aborde l?actualité nationale. Plaidoyer pourun Parlement maghrébin élu Les 4e assises du parti devront, selon lui, jeter les bases pour la réalisation des objectifs historiques occultés après 1962, en l?occurrence l?indépendance, la démocratie et la construction du Maghreb. « Notre parti a l?ambition légitime de construire un Etat de droit selon les normes universelles et de gouverner le pays selon les principes démocratiques », déclare-t-il. Remontant la pente de l?histoire de 1962 à 2007 en passant par la décennie du terrorisme, le patron du FFS affirme que le constat est toujours le même, que la Constitution du pays souffre du double handicap, à savoir « l?illégitimité et son caractère provisoire ». « L?Etat est plus que jamais privatisé, la société est de plus en plus étatisée, les rapports sociaux sont encore empreints de violence et de brutalité, le désordre social est ordinairement banal et la paix civile est obtenue par la domination, elle n?est pas le fruit d?une démarche ou d?un esprit de négociation », fait-il remarquer. L?espoir de construire une démocratie et un Etat de droit en Algérie, indique-t-il, est compromis. « Le seul et unique gouvernement pluraliste qu?ait connu l?Algérie fut le GPRA », lance-t-il. Le changement, selon le vieil opposant, ne viendra pas par un simple changement des hommes du régime, « si les procédés ayant conduit au désastre actuel sont maintenus en place ». La situation de l?Algérie n?est pas, souligne-t-il, dissociable de celle vécue par les pays du tiers monde, notamment les pays du Maghreb. Ces derniers, ajoute-t-il, ont encore la chance de s?unir en optant pour une approche démocratique. L?orateur appelle, dans ce sens, à l?élection d?un Parlement maghrébin élu au suffrage universel. Incitant ses militants à relever tous ces défis, Hocine Aït Ahmed se dit prêt à y contribuer. « Je suis disponible et je suis prêt à vous servir », clame-t-il. Mais, Hocine Aït Ahmed ne veut pas, semble-t-il, se faire des illusions sur une possibilité d?ouverture, tant que le régime bénéficie encore de soutien étranger. Le congrès s?est achevé par l?élection des membres du conseil national et l?adoption des statuts et du programme politique du parti. Le parti, confirme Karim Tabbou, porte-parole du congrès, participera « en force » aux élections locales de novembre prochain.