Algérie

A l'Ouest, rien ne va plus L'europe face à la crise



A l'Ouest, rien ne va plus L'europe face à la crise
La semaine d'enfer vécue par certains pays d'Europe est fort instructive sur l'étendue de la crise. Un cas d'espèce : la Bulgarie passant de la décennie de « stabilité » et de la croissance au statut extrême d'un pays où rien ne va plus. Il y a tout juste une semaine, la contestation généralisée a touché une trentaine de pays mobilisés pour dénoncer la pauvreté et la dégradation de leurs conditions de vie. Il s'agit des plus grands rassemblements en Bulgarie sans la participation des partis politiques, les manifestants s'organisant sur les réseaux sociaux. La révolte des « indignés » est le fait de toutes les catégories sociales : des écologistes revendiquant le respect des normes environnementales, des étudiants souffrant de la hausse des frais de scolarité, des citoyens mécontents des prestations jugées insuffisantes dans les secteurs publics vitaux (banque, santé...) et des ménagères dénonçant la faiblesse des allocations familiales. La crise énergétique qui a opposé la Russie à ses voisins s'est fait nettement sentir. Tout en brandissant l'exigence d'un moratoire sur le paiement des factures d'électricité et la suppression des TVA sur l'énergie électrique, les manifestants revendiquent l'ouverture sur les privatisations des entreprises et l'utilisation des fonds européens. Mariana Rachkova, en chômage et vivant du salaire modique de son mari (700 leva, l'équivalent de 350 euros, est de ceux là. Elle crie son « ras-le-bol des factures élevées, des revenus bas, de la corruption partout, des promesses des hommes politiques ». La Bulgarie vire au cauchemar. Au banc des accusés : la classe politique défaillante. Ni les appels au calme et au dialogue lancés par le président Rossen Plevneliev ni la proposition de la formation d'un cabinet d'experts chargé d'organiser des élections anticipées, prévues au printemps, n'ont eu raison de la colère populaire. Le gouvernement fragilisé de Bojko Borissov, victime de sa politique d'austérité, est donc tombé. La crise politique pointe du nez dans le paradoxe européen frôlant le désastre économique après avoir surfé sur un modèle de croissance tant prisé par les économistes libéraux allemands. La messe bulgare est dite : la croissance par la stabilité monétaire qui a certes valu de grandes performances économiques ( 6% de croissance /an entre 2004 et 2008, le chômage à moins de 6% de la population active, la dette publique à 6 de 20% du PIB, des dépenses publiques en recul de 41,3% à 34% du PIB entre 2000 et 2006) n'est plus de mise. Le modèle a tangué sur les récifs de la crise de 2008-2009 qui a tout emporté : le PIB est en recul de 5,5%, le chômage est à 13%, les investissements étrangers en baisse drastique...Le « tigre des Balkans » ne fait plus rêver et pose à nouveau cette problématique de la relation entre l'austérité et la croissance pour les pays européens pour sortir de la crise. Les spécialistes sont unanimes à relever que le modèle bulgare a montré que l'absence de problème budgétaire et le désendettement n'est pas la garantie d'une économie stable. Plus qu'un simple mécontentement contre les effets dramatiques des prix exorbitants de l'électricité par les fournisseurs étrangers, il s'agit d'une remise en cause fondamentale du modèle économique bulgare qui ne fait plus consensus. « Qui va nous sortir de ce chaos ' », s'est inquiété un comptable au fait de l'état des lieux catastrophiques et redoutant le « péril de la guerre civile ». Le syndrome grec, boostée par la récession de la zone euro au seuil de -0,5% de croissance, souffle, à Sofia comme à Rome, en passant par l'Espagne. S'il est admis que « l'exemple bulgare » est la goutte d'eau dans l'océan de l'Europe en crise, le risque de contagion menace le vieux continent d'une dérive fatale. Aux portes de ce qui considéré comme la locomotive européenne, la crise n'épargne aucun pays. Même la première économie allemande est astreinte à un ralentissement. Derrière, la France de Hollande se prépare à l'ère de la nécessaire austérité et des « dérapages » attendues. Elle s'apprête ainsi à plancher sur de nouvelles mesures d'austérité qui seront annoncées an mars-avril prochain. Des coupes sur les dotations des collectivités locales, appelées à voler de leurs propres ailes pour faire face aux aides sociales, et la réforme des retraites augurent des lendemains assurément désenchantés. Paris a déjà rompu avec les chimères du retour à 3% du déficit public, en 2013, plombé par la croissance nulle sur toute la ligne et une baisse du PIB de 0,3%, au 4e trimestre 2012. Mais le « coup de tonnerre » a retenti en Italie, confronté au scénario de l'instabilité. La 3e économie devenue ingouvernable ' Le pire est redouté du fait des incertitudes des législatives du 24/25 février en l'absence d'une majorité claire : ni pour la coalition de gauche de Pier Luigi Bersani, détentrice de la majorité absolue à la chambre basse mais pas au Sénat ni celle de la coalition de droite d'El Cavaliero Silvio Berlusconi, et encore moins le centre droit d'El Professor Mario Ponti proprement laminée (moins de 10% dans les deux chambres). Une nouveauté tout de même, la percée du Mouvement 5 étoiles (108 députés à la Chambre et 54 sénateurs), le parti à 25% du « Coluche italien » Beppe Grillo, profondément opposé à toute alliance avec des partis traditionnels. L'impasse est réelle. Elle exprime le profond malaise de la société italienne tentée par le saut dans l'inconnue du populisme qui fait désormais école dans l'Europe en crise identitaire. C'est l'Europe du scepticisme qui prône le « moins d'Europe » conçue comme un rejet de l'Europe de l'austérité budgétaire et de l'Europe technocratique et bureaucratique, indifférente au triste sort de ses citoyens. L'écho italien du cri de désespoir grec répercute l'échec collectif du mode opératoire qui a creusé un profond fossé entre les élites dirigeantes discréditées et le peuple des « indignés » subissant de plein fouet la crise économique et financière. Les mouvements eurosceptiques se multiplient dans le reste de l'Europe. En Autriche, la liste Stronach est gratifiée de 10 % des intentions de vote, le FPO ' ancien parti du leader d'extrême droite Jorg Haider ' en recueille 20 %. En Slovénie, la mouvance sceptique en est à l'état protestataire exprimé par la foule de manifestants dénonçant es politiques économiques du gouvernement du centre - droit. En 2014, Les élections européennes de 2014, traditionnellement caractérisées par de forts taux d'abstention, risquent de confirmer la montée en puissance de ces mouvements. A quand le bout du tunnel ' L'optimisme du président français, affirmant à Oslo, il y a un mois, que « la crise de la zone euro est derrière nous », est vite tempéré par la chancelière allemande, Angela Merkel, estimant, lors du congrès de son parti, le CDU (Union chrétienne démocrate), que « nous devons encore retenir notre souffle pendant 5 ans...au moins ». C'est que, dans la crise mondiale, l'Europe reste la zone la plus touchée. Elle se porte au plus mal : elle est la seule région en récession en 2012 et le sera toujours en 2013, bien loin des Etats-Unis qui visent 2% de croissance, dès cette année, le Japon et, surtout, la Chine affichant un 8% impérial. L'Europe continuera de subir un recul de son PIB, au moins au premier semestre 2013. Le chômage sera de 11,8%, en 2014, pendant que la croissance n'atteindrait même pas 1%. Quelle Europe pour quel avenir ' Tout se complique : les « souverainetistes » particulièrement représentés par les mouvements populistes qui ont le vent en poupe, les différences d'approche battant en brèche la question centrale de l'uniformisation et la remise en cause du destin communautaire exprimée par la proposition référendaire du Premier ministre britannique, David Cameroun, portant sur le maintien ou la sortie de l'Europe politique... Les secousses agitent la vieille Europe qui entend revoir la copie de la construction européenne en crise. Tous ensemble, à 27, à 28 ou à 30, à plusieurs ou le renforcement par le « triangle de Weimar » intégrant au couple franco-allemand l'européaniste convaincu » polonais ' Le « mythe européen » est clairement posé. « Le triste sort de l'euro semble incarner les rêves brisées d'avenir uni des Européens. Au lieu de rapprocher l'Union européenne de ses citoyens, la monnaie unique a élargi le gouffre entre les dirigeants et les dirigés. Au lieu d'ouvrir la voie à une ère prospère, l'euro a condamné des millions d'Européens à des décennies de misère. Et, loin de rapprocher les peuples d'Europe, il est sur le point de les éloigner davantage », écrit le journaliste indépendant, basé à Bruxelles, Gareth Harding, et traduit par Aurélie Blondel, dans un article publié sur le site Slate sous le titre évocateur « Le mythe européen face à sa propre crise. »


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