Algérie

A l?Est, on ne se bouscule pas...


Depuis l?annonce par les pouvoirs publics de leur décision de privatiser les infrastructures hôtelières (opération qui touchera, dans un premier temps, 25 hôtels à l?échelle nationale), les travailleurs de l?Entreprise de gestion touristique de l?Est (EGT Est) sont sur le qui-vive. Les réunions initiées par les sections syndicales de plusieurs établissements hôteliers se multiplient ces jours-ci à ce sujet. Même si les représentants des travailleurs n?affichent pas ouvertement une farouche opposition à ce projet, ils refusent toutefois le recours des pouvoirs publics à la privatisation, alors que les hôtels relevant de l?EGT Est notamment ont enregistré ces derniers mois un bilan positif. Et c?est en prenant en considération ce paramètre important que les syndicalistes proposent, afin d?assurer une pérennité de l?emploi, que les infrastructures concernées par la vente soient en priorité cédées aux travailleurs. Lors d?une assemblée générale les ayant réunis, la semaine dernière, les travailleurs de l?hôtel El Hidhab de Sétif ont exprimé leur refus de voir cette structure vendue dans le cadre de l?opération de privatisation lancée par le gouvernement, arguant que cette structure a enregistré durant l?année écoulée un chiffre d?affaires considérable. Partant, les travailleurs se sont interrogés à propos des motivations des décideurs économiques d?inclure l?hôtel El Hidhab dans la liste des entreprises concernées par la privatisation, évoquant, à ce titre, « les résultats de la dernière tripartite qui mentionnent que les entreprises ayant engrangé des bénéfices ne seront pas touchées par la vente » et ont affiché, partant de là, leur ferme volonté de reprendre l?hôtel. Quelques jours avant que le syndicat de l?entreprise n?organise cette assemblée générale, les travailleurs de l?hôtel Chelia, situé dans la ville de Batna, s?étaient eux aussi réunis pour dire non à la décision du gouvernement de privatiser cet établissement, affichant également leur intention de le reprendre, conformément à la loi qui leur accorde ce droit. Outre cela, en application des directives de la fédération nationale des travailleurs du secteur du commerce et du tourisme d?organiser des assemblées pour « tâter » l?atmosphère et connaître l?avis des employés des infrastructures hôtelières, ceux de l?hôtel Panoramic de Constantine se sont également rencontrés il y a une dizaine de jours, plaidant eux aussi, à l?instar de leurs homologues de Sétif et de Batna notamment, pour la cession de l?hôtel au profit des salariés. Pour l?instant, trois établissements hôteliers relevant de l?EGT Est sont proposés à la vente, à savoir le Panoramic, El Hidhab et le Bougaroun. Un appel d?offres national publié dans la presse a d?ailleurs été lancé durant le mois d?octobre de l?année en cours, concernant ces trois infrastructures. Composé de 75 chambres, dont trois suites, ainsi que d?un restaurant gastronomique et d?une brasserie, l?hôtel Panoramic, classé 4 étoiles, est situé en plein c?ur de la ville de Constantine et surplombe le Rhumel et le pont centenaire de Sidi Rached. Hôtel trois étoiles à caractère urbain également, El Hidhab, situé au boulevard de l?ALN de la capitale des Hauts-Plateaux, a la particularité d?être intégré dans un ensemble de loisirs et d?attractions. Inauguré en 1979, il comporte 71 chambres, dont trois suites climatisées, un restaurant, une salle de conférences, une terrasse-piscine, un jardin, et emploie près de 70 travailleurs. Situé, pour sa part, sur le front de mer à proximité du centre-ville, l?hôtel Bougaroun de Collo possède 75 chambres, un mini-club et piscine pour enfants, une discothèque ainsi qu?une plage privée dotée de chaises longues et d?équipements nautiques. Un chiffre d?affaires de... 70 milliards Ayant bénéficié durant ces deux dernières années d?une opération de rénovation engagée par l?EGT Est fin 2001 - début 2002, les 8 hôtels gérés par cette entreprise de gestion touristique, à savoir Salem, Chelia, Panoramic, Cirta, El Hidhab, Les Hammadites, Bougaroun et Hammam Guergour, qui emploient un total de 730 salariés, entre permanents et contractuels, connaissent depuis une meilleure santé financière. En effet, de source proche de l?EGT Est, dont le siège se trouve à Constantine, le chiffre d?affaires de l?entreprise a pratiquement doublé au cours de cette période, atteignant 70 milliards de centimes. Un montant que les responsables de l?EGT Est attribuent aux travaux de réhabilitation du bâti entrepris au niveau des infrastructures hôtelières et aux changements apportés également à l?équipement, souvent vétuste. Dans le cadre de cette opération, l?on a appris que l?hôtel Panoramic a bénéficié de travaux d?aménagement du RDC, « complètement transformé ». « Tout a été cassé et refait avec du béton armé et du marbre », nous dit-on. La salle de restauration a également été modifiée ainsi que la cuisine, modernisée, avec l?acquisition d?un équipement neuf, en plus de l?installation d?un poste transformateur dont l?hôtel était dépourvu. Cette dernière opération a d?ailleurs nécessité l?intervention des services de Sonelgaz pour la mise en place d?un câble de haute tension à partir de la cité Kouhil Lakhdar, appelée également cité des Chasseurs. Selon un responsable de l?EGT Est, ces changements ont été favorables à la rentabilité de l?établissement qui enregistre une reprise de ses activités, nous confie-t-on et « attire actuellement plus de clients qu?auparavant concernant l?hébergement, mais surtout en matière de restauration. » Mais le gouvernement a décidé de privatiser les infrastructures hôtelières étatiques, en dépit des dividendes que ces derniers ont pu enregistrer durant l?exercice 2003-2004, en lançant un appel aux soumissionnaires intéressés par cette opération de vente. Or depuis le 13 octobre 2004, date de la première parution de l?appel d?offres relatif à la privatisation d?un premier quota de 25 hôtels à l?échelle nationale, dont trois appartenant à l?EGT Est, les postulants ne se bousculent pas au portillon, alors que l?ouverture des plis a d?ores et déjà été fixée au 17 janvier 2005. « Pas de mise à prix » Jusqu?à présent, en effet, seulement 6 cahiers des charges ont été retirés par des particuliers a priori intéressés par l?offre bien que ces derniers ne fassent pas partie, nous précise-t-on, du secteur du tourisme et de l?hôtellerie. Interrogé à ce sujet, un responsable de cette entreprise de gestion nous a affirmé que « selon le cahier des charges, toute personne peut soumissionner », au demeurant « tout le monde ». Même les travailleurs des hôtels concernés, auxquels l?ordonnance 04-01 accorde le droit de reprendre l?infrastructure et de se constituer en SPA, et dont la grogne tend à se manifester de plus en plus ces quinze derniers jours. Une grogne étroitement liée à l?incertitude que la décision du gouvernement a générée, d?autant que le personnel des infrastructures hôtelières est pour l?heure dans l?expectative. Au même titre d?ailleurs que les gestionnaires des infrastructures hôtelières touchées par cette décision qui « ignorent encore beaucoup de choses au sujet de certaines modalités liées à cette opération de privatisation, comme par exemple la mise à prix des hôtels proposés à la vente », nous a-t-on indiqué. Un membre de l?UGTA de Constantine nous confirmera, lui aussi, l?inexistence de mise à prix et exprimera à ce propos son « incompréhension » vis-à-vis de la décision des pouvoirs publics : « On aimerait bien comprendre ce qu?ils veulent (les décideurs, ndlr). Ils cherchent à vendre ce qui est pourtant efficient. Les travailleurs sont forcément inquiets et se demandent à quoi cela rime. » Notre interlocuteur estime à cet effet que « l?opération n?est pas bien ficelée et risque d?échouer. Ce n?est pas encore officiel, mais il semble que la vente sera directe et qu?il n?y aura pas de paiement à long terme ni de crédit. » C?est pourquoi certaines sources proches de l?EGT Est et de l?UGTA dénoncent ce qu?elles qualifient de « bradage » des infrastructures hôtelières. Mais pour d?aucuns, le processus est enclenché et bientôt « tous les établissements hôteliers connaîtront un sort similaire », nous confie-t-on, puisque l?on parle déjà d?un second quota au sein duquel figureront le complexe Les Hammadites, situé à 12 km de la ville de Béjaïa, et l?hôtel Chelia, d?où l?assemblée générale organisée la semaine dernière par les représentants des travailleurs.
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