Algérie

A l'algérienne !



A l'algérienne !
L'Algérien vit. Mal, mais il vit. Tout comme le mouton de l'aïd vit ses derniers moments. Mais en attendant, il vit. Le harrag, avant la traversée de la grande bleue, vit, lui aussi. Ainsi que le militant-chef-adjoint par intérim du parti de la «banane», qui vit lui également, en attendant les temps électoraux. Au sommet de l'Etat, les gens vivent, également, tout comme à la base du pouvoir. En fait, dans cette Algérie des contrastes et contrastée, il ne peut y avoir quelqu'un d'honnête, sain d'esprit et de profondément accroché à la probité, qui ne peut nier, ni occulter le fait que (presque) les Algériens se couchent le soir après avoir dîné. Comment, et avec quoi, c'est peut-être la question, mais ils ont dîné quand même. C'est ce qui amène en réalité les Algériens à se poser des questions, des tas de questions, sur tout et rien. Et qui, hélas ! restent sans réponses. Bon, hormis les interrogations d'intendance, genre marché des voitures, des fruits et légumes et de la parité de l'euro face au billet «rose», et même des résultats de la Ligua, pas de la ligue Mobilis bien sûr, il y a peu de questions sur la vie politique dans leur pays.Les Algériens, qui ont été invités à aller voter dans deux mois pour leurs futurs APC et APW, ne vivent pas sur ces contrées, car ils ont déserté, un autre genre de h'rig, la politique. La succession de maires, d'élus des APW, de députés, de chefs de parti ne les concerne plus, ils vivent sans cela, et s'en réjouissent. Eux, les Algériens «lambda», un sobriquet bien anodin dont ils sont affublés par tous les spécialistes autoproclamés d'ici et d'ailleurs de l'Algérie, de ses dirigeants, de la politique algérienne, de son histoire et de son «châab», ont en effet mis un terme précocement à leur intérêt à toute chose, qui a un lien proche ou lointain avec la vie publique. La vie, pour eux, est un bien précieux. Trop précieux pour qu'il soit gâché dans des joutes politiques oiseuses, lassantes et pédantes, sans réel attrait social sur la vie de tous les jours dans le monde des Algériens lambda. Et c'est ainsi que les Algériens, qui n'ont pas accès à la manne pétrolière, qui n'ont jamais reçu le virement de la valeur sur le marché spot du baril de pétrole qui leur revient de droit en tant que ressortissants de ce pays, et qu'il sont appelés à négocier au marché de Boufarik ou à Mesra, qui n'ont jamais vu la couleur d'un milliard, en dollars ou en dinars, qui vont au marché faire leurs courses en achetant trois fois plus chers leurs aliments quotidiens, vivent à côté, en parallèle d'une autre vie.Celle qui voudrait qu'ils sortent la nuit pour aller dans un cinéma, manger dans un restaurant, aller au théâtre, fréquenter des cafés littéraires pour ne pas endommager leurs neurones à force de ne pas penser, voyager sans être dans l'infâme obligation de montrer le récépissé bancaire d'un maigre pactole en devises à monsieur le douanier dans les aéroports du pays, une vie normale quoi ! Même celle qui conduit cet Algérien lambda dans les stades de football, pour souvent se défouler et se défausser contre son destin. Mais, malgré toutes ces entraves à la vie normale selon les standards internationaux, l'Algérien, qu'il soit en phase de penser au «h'rig ou à se résoudre à passer le reste de sa vie dans un pays, qui a perdu sans broncher plusieurs milliers d'hectares de forêts en moins d'une semaine, vit quand même des moments «his-to-riques» : un Premier ministre dégommé sans avoir chauffé le koursi, moins de trois mois après avoir été nommé, un 5e mandat revendiqué par les flagorneurs de tous bords, l'apparition d'une mystérieuse secte «article 102», et un revenant, nommé Ahmed Ouyahia, qui se sent capable de ranimer, pardon ! de donner vie à un fantôme naguère appelé l'»Algérien bon vivant». La vie à l'algérienne. Le souk, quoi !


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