Algérie

A l?abordage !



Pendant près de trois siècles, la Course algéroise a régné sur la Méditerranée. Parfois au delà, comme avec cette expédition en Islande, menée par Mourad Raïs, marin flamand converti à l?Islam, aux confins du Pôle Nord ! Mais, la Course était alors légale et chaque Etat respectable disposait de ses corsaires attitrés. Aujourd?hui, dans ce monde de plus en plus virtuel, les butins ont évolué. Les coffres légendaires débordant d?or et de pierres précieuses ont laissé place aux cargaisons de logiciels, codes TV, livres, films, disques, etc. Si Stevenson devait réécrire aujourd?hui son fameux roman, il l?intitulerait peut-être Le Vinyle au Trésor. Les téléchargements illégaux ont pris de telles proportions que les industries musicales, et surtout les artistes, en ont pâti. Aujourd?hui, tout porte à croire que l?aventure commence à s?achever. Ainsi, la Fédération internationale de l?industrie phonographique, a enregistré en 2007 une augmentation de 40 % des ventes mondiales de musique en ligne. Les sites de téléchargement légaux sont passés en cinq ans d?une trentaine à cinq cents, atteignant 15 % du chiffre d?affaires mondial. L?informatique y va aussi avec des mesures de plus en plus strictes qui combinent répression des fraudes et adaptation des matériels et logiciels. Plusieurs automobilistes algériens ont ainsi découvert sur les nouveaux modèles de voitures qu?ils ne pouvaient plus écouter de CD piratés. Mais il paraît que nos génies de la débrouille électronique, el debbarine en langage de quartier, auraient trouvé la parade. Le piratage est un phénomène que notre société pratique allègrement, à l?instar de beaucoup d?autres du sud de la planète. Des affairistes avisés (pléonasme ?) l?utilisent volontiers. Récemment, un éditeur, ayant acheté à l?étranger les droits d?un essai, a eu la surprise de le trouver déjà en vente, piraté et cédé bien sûr à un prix hors concurrence. Les exemples sont légion. Mais entre ceux qui font commerce de cette fraude et en profitent et la masse des mélomanes, des amoureux de lecture ou des passionnés d?informatique, il y a quand même un monde. Les premiers sont des pirates et les autres, disons, des corsaires malgré eux. La Loi est faite pour être appliquée mais aussi pour poser des questions utiles. Sans stratégie nationale de prise en charge des besoins, la répression des fraudes ne pourra à elle seule endiguer le phénomène. Quand tout sera verrouillé, comment feront les familles, et les jeunes tout particulièrement, pour accéder à la culture et aux arts, à l?informatique et tout simplement au monde ? Sait-on combien de harraga réels nous nous évitons chaque jour en étant des harraga symboliques qui brûlent les frontières de l?esprit ?


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