Algérie

A FONDS PERDUS



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Notre ami Abdelmadjid Bouzidi vient de publier chez ENAG Editions, le recueil de ses chroniques hebdomadaires parues dans le Soir d?Alg?rie et le Quotidien d?Oranau cours des quatre derni?res ann?es(*). La participation des universitaires aux d?bats citoyens est plus que souhait?e et A. Bouzidi s?implique activement dans ce qui, ? ses yeux, doit ?tre une ?longue discussion?. L??conomie est-elle d?ailleurs autre chose qu?une ?longue discussion?, comme il semble le sugg?rer d?entr?e de jeu '
Les contributions sont r?unies par th?mes, au nombre de neuf, avec une attention particuli?re pour le p?trole, les politiques industrielles, l?emploi, le ch?mage et les salaires, l?entreprise, l?ouverture ?conomique, le lib?ralisme et le r?le de l?Etat, la d?mocratie, le r?formisme et le socialisme. Le traitement des th?matiques emprunte un ??il ? facettes multiples? qui allie avec ma?trise les aspects th?oriques et pratiques, techniques et politiques. La r?flexion est essentiellement orient?e sur ?la d?finition de l??conomie de march? et ses diff?rentes variantes et de ce qui peut la distinguer du capitalisme d?une part ; et du lib?ralisme ?conomique, d?autre part?. Le d?bat sollicit? sur ces d?finitions aide ? comprendre la nature du syst?me ?conomique alg?rien, si tant est que celui-ci existe dans sa forme aboutie. Une chronique, plus que jamais d?actualit?, r?sume mieux que tout le reste la conviction profonde de l?auteur : ?L??conomie alg?rienne a besoin de d?mocratie.? Il y voit la r?ponse ? ?l?impuissance av?r?e du syst?me politique, jusque-l? en place, ? g?rer les revendications sociales, politiques et ?conomiques ?. A ses yeux, le mal tient ? trois monopoles fortement install?s : le monopole politique exerc? par le parti unique, le monopole id?ologique de la pens?e unique qui a impos? le ?politiquement correct? exerc? par le parti-Etat et le monopole ?conomique qui r?duit l?activit? ?conomique ? la propri?t? d?Etat et au secteur public. La d?mocratie n?est pas inh?rente au march?. L??conomie de march? n?a pas besoin de d?mocratie et ne la g?n?re pas m?caniquement. Bien mieux, dans les pays du Sud, il y a m?me le risque de voir le march?, laiss? ? lui-m?me, d?truire la d?mocratie. Aussi, une transition r?ussie est celle qui adosse les r?formes ?conomiques ? une v?ritable ouverture politique consacrant l?Etat de droit et les libert?s. A contrario, ?sans r?gulation politique d?mocratique, le fonctionnement de l??conomie de march? en Alg?rie, comme dans les pays du Sud, accentuera les in?galit?s sociales?. Dans ce contexte, un Etat moderne qui r?gule l??conomie de march?, pour ?tre efficace, doit assurer trois conditions qui participent toutes ? la construction d?une citoyennet? : le consensus politique autour d?une loi fondamentale n?goci?e dans la transparence, d?mocratiquement admise et respect?e de tous ; la coh?rence administrative et l??galit? de traitement des administr?s ; la coh?sion et le compromis sociaux. Nous sommes au c?ur d?un processus de r?formisme progressiste, pour ne pas dire de gauche, qui n?est autre qu?un programme d?action sous-tendu par une id?ologie qui cherche ?? construire, sous l??gide de l?Etat, un compromis social entre les int?r?ts du march? et de ses repr?sentants et les int?r?ts du monde du travail?. ?Le r?formisme de gauche cherche ? concilier la comp?titivit? ?conomique impos?e par la mondialisation et le progr?s social qui consiste ? assurer une s?curit? sociale minimum garantie ? l?exemple du salaire minimum garantie? : droit ? ?tre soign? lorsqu?on est malade, droit ? un logement pour s?abriter, droit ? des prestations d?centes en cas de cessation d?activit?, droit ? l??ducation et ? une formation permanente. La garantie de ces droits, par le jeu des r?gulations juridiques et des interventions de l?Etat social, assure la citoyennet? politique. Cette citoyennet? est ?galement au c?ur de ce carrefour d??changes que constitue l??conomie. L??conomie comme ?science citoyenne? est, en effet, signe d?ouverture et de pluralisme. Ouverture sur les savoirs d?autres disciplines et sur leur croisement ainsi que sur les savoirs qui y naissent, sur le dialogue avec la ?soci?t? civile? ?mergente. La revue Alternatives ?conomiques relevait r?cemment ? ce propos : ?Il est probable que, sans reprise en main par les citoyens non seulement de la finance et des politiques ?conomiques, mais aussi des savoirs ?conomiques qui constituent les cadres cognitifs de ces derni?res, la crise actuelle va s?aggraver, peut-?tre de fa?on dramatique. Les ?savants fous? n?existent pas seulement du c?t? des questions du climat, des OGM, du nucl?aire ou de l?embryon humain. L?homo demens est une esp?ce assez r?pandue ?galement chez les ?conomistes les plus influents. La ?technoscience ? ? un n?ologisme qui d?signe le complexe scientifico-industriel qui va du laboratoire au march? et inversement ? existe aussi en ?conomie, avec les m?mes appuis et lobbies d?affaires.? Bouzidi est conscient de cet ?cueil et soutient que les exp?riences r?ussies de l??conomie sociale de march? plaident pour un triptyque qui devrait inspirer un projet pour l?Alg?rie : ?conomie de march?, d?mocratie, coh?sion sociale. Le tout assis sur des institutions repr?sentatives, espaces de d?lib?rations et de d?bats. C?est justement ce qui nous fait d?faut, d?plore A. Bouzidi : ?Dans notre pays, il est ais? de constater que nous n?avons pas de v?ritables institutions, c'est-?-dire des structures organisationnelles qui fonctionnent selon des r?gles bien ?tablies et surtout o? s?exerce une autorit?, un ?morceau de pouvoir?. La tradition chez nous reste, comme le diraient les Fran?ais, de tendance jacobine et la r?gle est celle de la concentration du pouvoir en un centre de gravit? par o? passent toutes les d?cisions importantes. Les pratiques, tant politiques qu??conomiques, sont finalement peu ouvertes sur les institutions, m?me si les textes de loi accordent ? celles-ci un r?le dans la gestion de la cit?.? Les chances de r?ussite de la relance et de la croissance sont ?troitement associ?es ? la r?ussite de la construction institutionnelle en relation avec trois sph?res sensibles : les droits de propri?t?, l?application ?quitable des lois et r?glements, la corruption. Ce processus d?institutionnalisation, tant esp?r?, r?sultera de la multiplication et de l??largissement des espaces de d?bats, de concertation et de maturation des d?cisions strat?giques. Il ne s?oppose pas au besoin et ? l?attente d?Etat exprim?e par les citoyens qui est d?autant plus forte qu?elle est l?gitime : ?L?id?e est de rendre l?Etat plus efficace dans la conception et la r?alisation de ses politiques publiques en ?vitant d?ob?rer les finances publiques, d?aggraver les d?ficits budg?taires. En un mot, il s?agit de g?rer efficacement les actions de l?Etat sans les amoindrir.? En Alg?rie, l?Etat a trois d?fis ? relever : 1. Rechercher et obtenir une croissance ?conomique forte, soutenable et endog?ne - 2. Rechercher de mani?re permanente ? am?liorer la comp?titivit? des entreprises - 3. Renforcer sans discontinuer la coh?sion sociale qui suppose une am?lioration du bien-?tre social de chacun. ?Si ce projet d?Etat moderne est admis, la r?forme d?Etat clarifie son sens et pr?cise le chemin critique de sa mise en ?uvre?, conclut A. Bouzidi.
A. B.
(*) Abdelmadjid Bouzidi, Economie alg?rienne : ?clairages, ENAG Editions, Alger, 460 pages.


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