Algérie

A Debdab, Amel et Cherifa rêvent de l'université



C'est la période des examens pour les élèves, notamment les terminales qui préparent l'épreuve du bac dans cette ville située dans la wilaya d'Illizi, aux frontières avec la Libye. Assises au fond de la cour, à  l'ombre du bâtiment des classes, Amel et Cherifa se racontent leurs rêves de franchir les portes de l'université. Elles ont encore une année à  potasser avant de passer leur bac, mais sont déjà incroyablement motivées à  l'idée de décrocher ce qui pour elles, représente un véritable sésame. Dans cette contrée désertique, du grand Sahara algérien, l'éducation a fait son chemin dans les mœurs de la population composée en majorité par la tribu sédentarisée des Chaânba. Le taux de scolarité augmente, et celui de la réussite au bac explose littéralement. Amel Ouns, inscrite en première année, tronc commun, prend comme exemple sa sœur, Intissar qui elle, termine une licence en langue française à  l'université de Ouargla. «Je suis contente et fière de ma sœur. C'est un honneur pour moi, pour ma famille et toute notre région», décrète Amel, au nom de la tribu. Le parcours de ses aînés lui ouvre la voie et lui permet de nourrir toutes les espérances quant à  un avenir d'études supérieures et, pourquoi pas, d'une carrière professionnelle brillante à  l'image de ses deux grands frères, tous les deux enseignants. «Je veux suivre les pas de ma sœur et étudier l'anglais pour enseigner à  Debdab», annonce Amel avec une pointe d'assurance, à  peine dissimulée derrière sa voix timide. Son amie, Cherifa Ghedier, inscrite, quant à  elle, en sciences expérimentales, affiche les mêmes ambitions. Sur les pas de ses deux sœurs, Imene et Dalila, respectivement étudiantes en sociologie et en sciences politiques, Cherifa remercie Dieu pour la réussite de ses aînées et place la barre haute en visant des études d'ingénieur en pétrochimie.
Prête à  des sacrifices
«Notre région est riche en pétrole et je veux y travailler pour ne pas que les autres viennent le faire à  notre place», nous déclare-t-elle avec un brin de chauvinisme. Est-elle prête à  partir loin de chez elle pour suivre ces études ' «Ça ne fait rien si je dois aller à  Boumerdes pour mes études. Je suis prête à  faire des sacrifices», répond-elle. Et que pensent les parents de ces ambitions plutôt inédites qui animent désormais les jeunes ' «Nos parents nous encouragent, ils sont source d'inspiration pour nous !», affirme encore Cherifa. Amel et Cherifa, premières de la classe, ne font pas exception à  Debdab. Au CEM Krim Belkacem, qui accueillait les lycéens avant la construction du nouveau lycée, les enseignants parlent d'une même voix du regain d'intérêt pour les études, preuve, s'il en est, d'une transformation sociologique en marche, qui va affecter la population dans l'avenir. Ni déperdition scolaire ni classes clairsemées ne sont d'actualité au sein de l'établissement. Le seul problème est celui du manque d'enseignants, qui empêche d'avancer dans un nombre limité de matières. Rien de caractéristique, comparé avec le Nord où l'on peut rencontrer ce même déficit. «A Debdab, les filles scolarisées dépassent les garçons, mais seulement d'une tête», affirme le surveillant général du lycée. «Les garçons, plus intéressés par le travail à  cet âge, poursuivent néanmoins leurs études jusqu'au palier supérieur et le nombre de ceux qui décrochent le bac est en nette croissance…», assure le proviseur, pour qui, la ligne de partage qui, jadis, distinguait le Nord et le Sud en matière d'éducation a aujourd'hui disparu.


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