A contre-courant

Sans forcément susciter l'intérêt des médias, des établissements scolaires connaissent des grèves sporadiques, pour une raison ou une autre.Tour à tour, les enseignants ou une partie des élèves décident d'un mouvement de grève spontané, prenant en otage l'école et la noble mission qui est censée être la sienne. Il est connu que l'Ecole algérienne est restée longtemps le réceptacle de tous les avatars et tares d'un pays où la méritocratie n'a jamais eu droit au chapitre. Histoire vraie : un parent d'élève avoue avoir dépensé une grosse somme d'argent pour dispenser des cours de soutien à son rejeton qui s'apprêtait à passer son bachot.
Arrivé le jour « J », l'impétrant fils de son papa est recalé. « Non, mais comment, il avait toujours décroché de bonnes notes mon fils, comment se fait-il qu'il n'a pas décroché son bachot », se catastrophe le paternel.
Renseignement pris, le papa grugé saura que le prof du lycée de son fils filait le sujet corrigé à son collègue dispensateur de cours privés, lequel à son tour fourguait en dessous de table le sujet à l'élève qui a été pourtant recalé au bachot, loin de la moyenne d'admission de 9,50/20.
Les Algériens seraient-ils dans leur bon droit de s'offusquer de la gigantesque incurie qui se déroule sous le sceptre de la République, que le n?ud gordien réside bien dans qui doit demander quoi à qui '! Sinon, à quoi servirait-il de réclamer la tête d'untel ou d'untel, fussent-ils les fossoyeurs de l'avenir de nos enfants, quand le miracle, en politique, comme en d'autres domaines de la vie nationale, n'est plus de ce monde, et depuis très longtemps déjà ! Pas seulement l'exercice de la politique qui est dévié de sa mission originelle, d'autres segments de la vie de la communauté nationale, à commencer par l'école publique, sont autant de fiascos consommés, avec le risque que la médication soit beaucoup plus onéreuse que le mal lui-même...
Contrée «atypique» dans le concert des nations, l'Algérie est un pays où on peut même défier Sisyphe en personne, et remonter allègrement la pente, à contre-courant de ceux qui veulent votre chute programmée...