Algérie

A compter du 2 novembre: Seule la pièce détachée d'origine sera autorisée



Le ministre du Commerce El Hachemi Djaaboub a annoncé, hier, le début d'une véritable guerre contre les importateurs de la pièce de rechange contrefaite. «A partir du 2 novembre, tous les produits importés doivent être certifiés par la maison mère. Les pièces de rechange non certifiées seront systématiquement bloquées», a-t-il averti en marge d'une rencontre d'évaluation de l'activité du secteur du commerce et les perspectives de son développement, tenue en présence des cadres de son département au siège d'ALGEX. Le ministre a affirmé que seuls les produits dotés d'attestations et de certificats de conformité établis par les sociétés mères seront admis. «Le reste sera désormais bloqué d'office», a-t-il souligné.

 Djaaboub apportera cependant une précision en soulignant que la mesure de blocage ne concerne pas les pièces de rechange fabriquées sous licence dans d'autres pays que celui d'origine. Dans ce cas précis, les importateurs doivent présenter un certificat attestant que les pièces en question ont été fabriquées sous une licence accordée par la maison mère. Il donnera une instruction ferme aux cadres de son secteur: «pas de recours au niveau des directions de commerce sur cette question». Et de rappeler «il s'agit là d'une décision ferme et sans rappel». Le ministre avait averti auparavant les importateurs des pièces détachées, en soulignant que la pièce de rechange contrefaite inonde le marché algérien, avec toutes les conséquences qu'elle engendre, notamment en matière d'accidents de la circulation. Malgré les campagnes de sensibilisation et les avertissements, le marché de la pièce de rechange est resté envahi par la contrefaçon. Au-delà de cette interdiction qui est considérée comme une barrière à l'introduction de la pièce de rechange contrefaite sur le marché algérien, le département de Djaaboub fera appel à des laboratoires étrangers pour analyser et identifier les vrais des faux produits importés.

 Les services de contrôle de conformité ont saisi en 2008 plus de 13.000 tonnes de pièces détachées non conformes d'un montant de 5,7 millions de dollars, et ce sans parler autant des produits qui ont été déjà écoulés sur le marché. Quelque 80% des pièces de rechange des véhicules sont importées de Chine, de France, d'Italie et de Corée du Sud. Les importations auprès des pays arabes représentent 2% de ce marché et proviennent notamment de Tunisie, des Emirats Arabes Unis (EAU) et du Maroc. En 2008, les importations de pièces automobiles ont atteint un volume de 44.256 tonnes pour une valeur de 291 millions de dollars US. Enfin, le ministre a affirmé que son département va renforcer davantage la lutte contre la contrefaçon et le marché parallèle. Il a indiqué que la mise à exécution du décret exécutif publié récemment dans le Journal officiel permettra de réguler et de contrôler davantage nos marchés et notre commerce.

 Le ministre s'est dit confiant. «Nous avons bénéficié d'un budget quinquennal de 34 milliards de DA, de quoi financer nos directions, renforcer nos effectifs par le recrutement de 1.000 agents rien que pour l'année prochaine, et un programme pour construire des marchés de proximité, des marchés de gros, des abattoirs et autres», a-t-il expliqué. Le ministre du Commerce a adressé une autre mise en garde à l'adresse des entreprises qui n'ont pas encore déposé leurs comptes sociaux comme le stipule la loi. Djaaboub dira que ces entreprises doivent déposer leurs comptes sociaux auprès des directions du Centre national du registre du commerce (CNRC) et qu'elles ont un délai «du 1er janvier au 31 juillet» pour le faire. Il a dans ce sens précisé que sur 92.000 entreprises algériennes, 62.000 n'ont pas encore déposé leurs comptes malgré les rappels à l'ordre de son département.

 Selon le ministre, le tiers de ces entreprises n'ayant pas déposé les comptes sociaux sont fictives, «elles n'ont ni siège, ni adresse. Il s'agit de personnes physiques qui font dans l'import-import». Pour Djaaboub, il ne s'agit pas là d'un acharnement contre les entreprises algériennes, mais tout simplement d'un rappel à l'ordre pour que nos entreprises respectent la loi. Il explique «la loi 04-08 du 14 août 2004 oblige les chefs d'entreprises à déposer leurs comptes sociaux auprès du CNRC qui rendra publiques les activités de chaque entreprise». Le ministre avertira que les chefs d'entreprises n'ayant pas déposé les comptes sociaux «seront privés de toute opération d'importation ou d'exportation». Et de poursuivre «pour ce qui est des entreprises qui travaillent dans le secteur des travaux publics, elles n'auront plus droit de soumissionner aux marchés publics, comme elles seront privées de crédits bancaires». Le premier responsable souligne que l'assainissement se poursuivra dans le secteur et les entreprises fictives disparaîtront du paysage.

 

Redynamisation des unités publiques d'huile et de sucre



Le ministre du Commerce a ouvert une parenthèse pour évoquer le volet industriel. Il s'est dit très satisfait des nouvelles mesures prises par le gouvernement et par le département de Temmar notamment le programme destiné à aider les entreprises publiques lourdement endettées. Avec réserve, il annoncera des études et des négociations pour redynamiser des unités publiques d'huile et de sucre. «Il faut le reconnaître, la grève annoncée par les opérateurs de la filière lait, à la veille de l'Aïd l'an dernier, a servi de leçon, et à démontrer combien il est important que l'Etat doit avoir ses propres entreprises, notamment pour les produits de base et stratégiques.»

 

 «Nos agents ne sont pas responsables de la hausse des prix»



S'agissant de la flambée et l'instabilité des prix, El Hachemi Djaaboub dira être très furieux des écrits de presse qui incombent la responsabilité de la hausse des prix aux agents de contrôle de son département. «La problématique des prix est universelle et nos agents de contrôle n'ont pas la mission de fixer des prix aux commerçants dans un marché libre», a-t-il lancé. Il explique que les prix en Algérie sont libres depuis les années 90 et les seuls produits dont les prix sont fixes sont la semoule, le lait en sachet et le carburant ainsi que la marge des médicaments. Il poursuit «il est vrai, notre rôle consiste à assurer une concurrence loyale entre les commerçants, lutter contre le marché informel pour protéger les commerçants légaux, lutter contre la spéculation et assurer la disponibilité des produits. Il faut surtout encourager la production nationale. On parle des prix élevés de la volaille, mais il faut savoir que 80% de la matière première et aliments sont importés». Il poursuit «on importe l'oeuf, le maïs et les médicaments rien que pour le poulet», a-t-il relevé.



«La boussole est à Alger et non pas à Paris»



Le ministre du Commerce a évoqué dans la foulée la loi de finances complémentaire 2009 et les différents avis concernant certaines de ses dispositions. Le ministre s'est dit étonné de la réaction d'un député français qui a interrogé le ministre du Commerce français tout en déplorant certaines dispositions inscrites dans la LFC 2009. Il affirme que le comble dans l'histoire est que le ministre français du Commerce a répondu en disant «que l'Algérie a fait fausse route». Djaaboub a voulu transmettre le message suivant à son homologue français: «l'Etat algérien est souverain, ses décisions et ses lois sont souveraines aussi». Le ministre poursuit en déclarant que le député français doit savoir «que la boussole est à Alger et non pas à Paris».



La facture des importations atteindra 39 milliards de dollars fin 2009



Le ministre du Commerce a, par ailleurs, souligné que la facture des importations atteindra 39 milliards de dollars d'ici la fin de l'année, contre 40 milliards de dollars enregistrés l'année dernière. Il explique cette baisse par la chute des cours mondiaux des produits de base. Et d'ajouter que son département doit se concerter avec le ministère de l'Agriculture et celui de l'Industrie pour favoriser le produit local et réduire davantage la facture des importations dans un avenir proche.




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