Algérie

A coeur ouvert



A coeur ouvert
«Bush vient d'être opéré du coeur. Tiens! Il en avait un'» KurzasJe sens depuis un bon moment, depuis que j'essaie de fixer mon esprit fantasque sur le choix d'une possible série à coucher sur papier, que mon ami Ahcène commence à avoir de sérieux doutes sur ma propre lucidité et que je dois subir comme tout être vivant les atteintes du temps: en un mot comme en dix, je dois radoter et tout ne doit pas être clair dans cette pauvre tête qui subit depuis plus de six décennies les épreuves imposées par une superstructure qui échappe à toute définition comme à tout contrôle. Que mon fidèle lecteur qui suit assidûment toutes mes élucubrations se rassure: j'ai encore toute ma tête et les quelques neurones tortueux qui me restent encore assez efficients. Si je mets autant de précautions avant de m'engager dans le vif du sujet, c'est pour mettre mon interlocuteur à l'aise et le tenir loin de tous les préjugés faciles.
Beaucoup diront en m'entendant casser du sucre sur le dos de certains prestataires de services, les commerçants en général et les chauffeurs de taxis en particulier, que je dois avoir une dent particulièrement incisive contre ces corporations qui n'honorent pas le genre humain et principalement ce pays de cocagne où il est aisé de se faire de l'argent sur le dos des autres. Je répondrai tout simplement que ceux qui me reprochent mon amertume ne sont pas loin de la vérité: je n'ai pas une dent, mais toute une mâchoire contre ceux qui profitent de la faiblesse des autres pour s'engraisser. D'ailleurs, qui n'a pas entendu ou ne dispose pas de quelques anecdotes sur ces gens sans scrupules qui parasitent une société en voie de dissolution' Et puis, je dois avouer, comme je l'ai déjà dit à mon ami Ahcène, qu'il n'y a rien de tel que l'amour, la haine ou le mépris pour stimuler une plume indolente comme la mienne. D'autres diront que cette engeance qui tient le haut du pavé et qui se rit des lois et règlements, a aussi ses propres problèmes, ses propres contraintes et qu'elle ne fait que passer le relais au dernier pion de l'échiquier: le client, le consommateur. Elle ne serait que le produit malsain d'un système qui échappe à toute analyse et à tout contrôle ou qu'un incivisme en appelle un autre. Je répondrai à ce genre d'argument qu'en suivant ce modèle de raisonnement on finira par s'engager immanquablement dans des discussions byzantines qui nous emmèneront fatalement sur les causes lointaines de cette déliquescence: l'été de la discorde, le meurtre de Abane Ramdane, le coup d'Etat contre le PPA, le traité de la Tafna, le coup d'éventail et pourquoi pas, à la bataille de Zama, tant qu'on y est. Je dirai simplement à mes détracteurs que, comme l'a dit le barde flingué: «Le récipient de la patience est plein.» Basta! J'ai accumulé tant de rancoeurs qu'il faudra tôt ou tard vider mon sac pour ne pas exploser. Tous les jours que Dieu fait, j'assiste à des scènes qui soulèvent le coeur. Je ne parle pas simplement du chauffeur de taxi qui refuse de s'arrêter parce qu'en prenant une mère de famille et ses enfants, il ne pourra pas doubler son revenu en prenant un autre client en cours de route... Et que la mère de famille n'ira jamais aller se plaindre quelque part car elle n'a ni le temps ni les moyens. Tout ce qu'elle peut faire c'est envoyer une imprécation au ciel en vouant aux gémonies les hommes qui ont un porte-monnaie à la place du coeur.


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