Algérie

A bout de souffle



Rarement la politique n?a été aussi absente et jamais le pays n?a donné autant l?impression d?être livré à lui-même. Des hausses brutales et spectaculaires des prix de biens de consommation ont saigné ? et saignent ? à blanc les ménages, à la veille de la traditionnelle ruine financière de la rentrée scolaire et du Ramadhan. La brusque dégradation du niveau de vie a été accompagnée d?une inquiétante dégradation des conditions de vie des citoyens dont l?expression la plus spectaculaire est la résurgence des maladies du Moyen-Age. La montée des périls n?a donné lieu à aucune mobilisation du personnel politique, notamment des premiers décideurs qui se sont contentés de quelques mesures d?urgence de facilité, forcément dérisoires, tels l?accroissement des importations de quelques produits de base et la défiscalisation de la pomme de terre. La population a été privée d?une riposte stratégique d?envergure à même d?arrêter la descente aux enfers et de prévenir son corollaire qu?est le désordre social et sécuritaire. L?opportunité a été ratée d?une lourde réflexion sur les origines des maux et sur la panoplie des parades que conduiraient professionnels et experts, en collaboration avec les pouvoirs publics. Il y a chez les décideurs comme une sous-estimation de l?ampleur de la crise ? ou des crises ? avec des allures de fuite en avant devant l?accumulation des problèmes. Ce reflux de la politique installe dans le pays une sorte d?atmosphère de fin de règne. Les ennuis de santé du président de la République sont une partie de l?explication, mais il est difficile d?en mesurer l?importance : le chef de l?Etat, qui a récemment sillonné quelques wilayas, s?implique-t-il suffisamment dans la conduite de l?Exécutif ? Une autre partie de l?explication réside dans le mauvais rendement de l?appareil gouvernemental qui donne l?impression de tourner à vide, tant il ne s?est pas régénéré, notamment à la faveur du remaniement ministériel qui a suivi les législatives. Le chef de l?Etat a reconduit une équipe usée avec son chef du gouvernement manifestement dépassé et inopérant, alors même que la population a délivré un message de changement par son abstention aux urnes le 17 avril 2007. Et ce changement c?est quoi ? Des dirigeants nouveaux avec un profil de grands managers, en rupture avec les éternels idéologues et hommes d?appareils, l?accélération des réformes économiques dont la lenteur a fait stagner l?industrie, l?agriculture et les services et appauvri le pays et sa population, une vraie guerre, en profondeur, contre la corruption qui ne doit pas se limiter à des procès spectaculaires à haute teneur médiatique. Enfin une visibilité de l?Algérie politique : la Constitution sera-t-elle remaniée et si oui le projet sera-t-il soumis à débat avec les élus du peuple et la société civile ? La séparation des pouvoirs, la vraie, est-elle à l?ordre du jour ? Quel sort pour l?opposition politique et de quelle nature sera le régime politique de demain ? Autant de questions ? et d?autres ? qui demandent urgemment des réponses, car l?Algérie est à la croisée des chemins : elle est en crise mais pas en danger, ce qui ne la préserve pas cependant, s?il n?y a pas politiquement une sortie du tunnel, d?une entrée dans le chaos.


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