Les funestes prévisions du Fonds monétaire international (FMI) sur une récession mondiale « plus longue et intense que les précédentes » nous renvoient derechef aux belles assurances de nos économistes-maison. Dominique Strauss-Kahn ne voulait sans doute pas jouer l'oiseau de mauvais augure en recommandant jeudi aux Etats membres de faire preuve de « prudence dans leurs prévisions ». Le tableau de bord économique mondial est finalement plus sombre que prévu, comme l'attestent les conclusions d'une étude du FMI sur les perspectives mondiales. A Washington, la sonnette d'alarme est officiellement tirée. Mais il n'est pas sûr qu'elle soit entendue à Alger. A contresens de toute logique économique, le gouvernement algérien fait mine de ne pas prêter oreille à ce qui se dit dans les cénacles économiques internationaux.Au nom d'un populisme conjoncturellement anachronique, le gouvernement de Bouteflika promet d'injecter 150 milliards de dollars au titre d'un quinquennat acte III. C'est tout de même curieux de voir les autorités ramer à contre-courant d'une dépression financière et désormais économique comme si notre pays était un îlot insubmersible. Le FMI prévient même que la conjonction « très rare » d'une crise financière et d'une récession mondiale va probablement « entraîner une baisse de la production d'une gravité et d'une longueur inhabituelles ». S'il est admis que notre système financier est déconnecté du système international du fait de son archaïsme, il n'est pas dit que la décrue de la croissance mondiale ne déteindrait pas sur notre économie mono exportatrice. Nos ministres et leur chef, qui se relayent pour nous rassurer sur la prétendue immunité algérienne face à la crise mondiale, ne vont pas jusqu'à expliquer cette factice « résistance » par le fonctionnement moyenâgeux de nos banques. Encore que l'Algérie n'est pas tout à fait à l'abri du fait qu'elle achète, y compris de la main-d''uvre !Les récessions des grandes économies, qui se traduisent par des contractions des productions avec leurs lots de plans sociaux, ne manqueront pas de contaminer indirectement l'économie algérienne tournée quasi exclusivement vers l'import. Un simple calcul nous renseigne que la chute des géants mondiaux particulièrement « energivores », induirait ipso facto un repli de la demande en hydrocarbures, unique source de devises pour l'Algérie. C'est que les mécanismes de l'économie mondialisée obéissent à la théorie des dominos. Au lieu de passer le temps à tuer puis à ressusciter J. M. Keynes, les conseillers du président gagneraient à engager le vrai débat sur les conséquences de la crise sur l'Algérie, parent pauvre de la campagne présidentielle passée.Parce que continuer à soutenir que cela « n'arriverait qu'aux autres » n'est pas forcément une preuve de bonne gouvernance. Economique mais surtout politique. Budgétiser un programme quinquennal de l'ordre de 150 milliards de dollars dans un contexte aussi dépressif et incertain s'apparente à un saut dans l'inconnu. Le FMI a en tout état de cause prévenu. A bon entendeur'
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Posté Le : 18/04/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hassan Moali
Source : www.elwatan.com