Algérie

A Benghazi, se divertir est la «dernière» des préoccupations des Libyens



« Nous n'avons projeté aucun film depuis la révolution. Et comment pourrait-on alors que certains combattent encore' »: comme chaque jour depuis mi-février, Majid Omar vient dépoussiérer les sièges et allées désespérément vides du plus grand cinéma de l'Est libyen, à Benghazi.
« Nous ne pouvons pas ouvrir tant que nos frères combattent contre les hommes de Mouammar Kadhafi », dit Helmi Ali Hassa, agent de sécurité du complexe Al-Fil, en faisant référence aux bastions fidèles au « Guide » déchu qui résistent farouchement aux combattants des nouvelles autorités libyennes.
Inauguré il y a tout juste un an, le complexe, le plus important de la région avec trois écrans, a fermé le 18 février, juste après le début de l'insurrection populaire à Benghazi qui a ensuite gagné le reste du pays.
Dans la capitale de l'Est libyen, l'ambiance est « à la révolution et à la morosité en même temps », explique M. Hassi, revenu du front, en précisant que les autres salles de la ville, dotées elles d'un seul écran, ont également fermé leurs portes.
« Quasiment chaque famille à Benghazi a quelqu'un sur la ligne de front. Donc vous pouvez imaginer l'ambiance qui règne ici. Se divertir est la dernière chose à laquelle les gens pensent », souligne Majid Omar. Il y a huit mois, le complexe qui fait face à la mer, équipé de deux piscines, accueillait des familles et des hordes d'enfants. Aujourd'hui, le contraste est saisissant. « Les salles sont fermées, les cafétérias sont fermées, l'ensemble du complexe est fermé... » , regrette M. Majid.
Al-Fil a même servi de refuge aux familles venues d'Ajdabyia et de Brega, quand les combats faisaient rage dans l'Est dans les premiers mois de l'insurrection.
La plupart des films arabes projetés les premiers mois étaient égyptiens, se souvient Omar Majid, en poursuivant la visite des trois salles la plus grande peut accueillir 218 spectateurs, les autres à peine quelques dizaines recouvertes de photographies d'acteurs égyptiens.
Quelques superproductions hollywoodiennes ont aussi été diffusées dans les petites salles: « Harry Potter et la saga des Twilight ont eu beaucoup de succès. Les dessins animés aussi ont attiré de gros groupes d'enfants », se rappelle-t-il. Les tickets coûtaient cinq dinars, soit moins de trois euros.
Si beaucoup jugent que le temps n'est pas encore au divertissement, l'acteur Maylood al-Amroni, très connu en Libye pour ses rôles dans des comédies grinçantes dénonçant souvent l'administration sous le régime du colonel Kadhafi, estime qu'il est temps que les salles rouvrent.
« Je sais que les combats continuent à Syrte et Bani Walid, mais la vie continue aussi », insiste-t-il. « Nous pourrions montrer des films révolutionnaires (...) et le peuple pourrait comprendre ce qu'une révolution signifie », propose l'homme de cinéma âgé de 50 ans.


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