Algérie

«A 300 euros le kg, le produit implique systématiquement des marchés quasi-mafieux»



- La réunion de l'ICCAT à  Paris s'est achevée et le quota de pêche au thon rouge alloué pour l'année prochaine à  l'Algérie est d'à peine 138 tonnes. Peut-on dire que dans la répartition des quotas, cet organisme a été quelque part injuste à  l'égard de notre pays '
Non, pas du tout. Comme le dit l'adage : «Les absents ont toujours tort». Pour faire court, l'Algérie n'avait pas de représentant à  cette réunion.

- En adoptant un quota de pêche pour 2011 pratiquement égal à  celui de 2010 soit 12 900 tonnes, l'ICCAT a prouvé encore une fois que seul prime l'enjeu économique de la pêche industrielle. Contrairement aux voisins méditerranéens et régionaux, notre pays n'a-t-il pas les moyens de défendre sa cause dans ce grand échiquier ' Pourquoi se laisse-t-il amputer d'une bonne part de son quota annuel '
En fait nul ne maîtrise la biologie de cette espèce. Les chercheurs n'ayant pas d'arguments scientifiques rigoureux pour étayer leurs thèses - si ce n'est le principe de précaution -, les industriels de la pêche au thon se retrouvent dans une position confortable. Au jour  d'aujourd'hui, les données sur la biologie de cette espèce ne sont pas encore maîtrisées. De fait, tout plan d'aménagement ou de gestion de la pêche concernant cette espèce ne tient pas la route et est, en conséquence, discutable voir spéculatif. La réalité est qu'on ne sait rien de ce qu'étaient les volumes des stocks par le passé, de ce qui en a été prélevé et donc de ce qu'il reste.  

- Plusieurs observateurs s'accordent à  dire qu'au fil du temps, les négociations sur la pêche au thon rouge se sont réduites à  des discussions de marchands de tapis autour de chiffres et de calculs de  probabilité. Il n'a jamais été question de protection d'une espèce. En tant que spécialiste dans le domaine halieutique, partagez-vous cet état de fait '
Un produit naturel qui atteint parfois les 150 voir 300 euros le kilo implique systématiquement de la spéculation et des marchés quasi-mafieux.
 
- Le thon rouge est un poisson migrateur. Nos eaux constituent l'une des voies de migration. A combien en estimez-vous la population qui y transite à  chaque nouvelle période '
Nul ne le sait. Sûrement une bonne partie de l'ensemble du stock, mais combien exactement, on ne le sait pas.

Depuis 2010, les armateurs étrangers ont été exclus de la pêche au thon rouge en Algérie. De plus, les pouvoirs publics ont décidé de consacrer exclusivement la production au marché national. Pouvez-vous nous donner une idée sur les besoins de consommation en Algérie.
A ma connaissance, l'exportation du thon rouge n'est pas interdite (le thon rouge n'est pas dans la liste CITES des espèces protégées). Maintenant, pour ce qui est des besoins de consommation en thon rouge en Algérie, c'est un peu vague. Plus on en a et mieux ça vaut pour nous c'est sûr. Par ailleurs, l'industrie de transformation en aurait bien besoin.

- La flottille nationale pour ce type de pêche industrielle est l'une des plus pauvres au monde. Vu l'aisance financière dont il jouit, notre pays ne peut-il pas mettre au point une véritable politique de pêche digne de la place qui lui sied '
La pêche est une activité «du privé». Et la pêche au thon, d'une manière générale, nécessite de très gros investissements.  En fait, quels que soient les efforts de l'Etat en matière d'aide ou de soutien, l'apport de l'investisseur reste très important. Malheureusement chez nous, les investissements dans des activités à  long terme (en termes de retour d'investissements ou de bénéfices) ont peu de succès auprès de nos hommes d'affaires.                


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