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À 24 heures du scrutin Dans l'indifférence des électeurs



À 24 heures du scrutin                                    Dans l'indifférence des électeurs
Rien de nouveau à attendre des élections de demain, sinon qu'elles renforceront l'ordre en place. Tel est l'avis de la plupart des électeurs. Du reste, les foules l'ont fait savoir aux candidats en boudant leur campagne.
Cette indifférence de l'électorat présage aux yeux des politologues un fort taux d'abstention, en progression constante dans les derniers rendez-vous avec les urnes. La désaffection électorale risque, en tout cas, d'atteindre un niveau record. Pourtant, les formations politiques et leurs candidats ont déployé des efforts soutenus pour essayer de briser la glace et réconcilier les Algériens avec l'isoloir. Sauf que, globalement, ils sont passés à côté de leurs ambitions et de leurs pompes. En effet, la campagne s'est déroulée non pas sur l'air de proximité qui devait être la sienne, mais dans une ambiance de généralités comme s'il était question d'une présidentielle, de législatives ou d'un référendum sur la politique générale du pays.
On aura tout entendu, sauf des programmes concrets en relation directe avec les préoccupations quotidiennes des administrés. Les rares incursions de proximité sur les marchés et des cités populeuses n'ont pas échappé à cette logique : quand ils ne sont pas tombés à bras raccourcis sur le pouvoir et l'administration, un classique dans la culture partisane, les candidats ont promis des merveilles à des Algériens désabusés par ces consultations électorales qui se ressemblent et qui rappellent, pour les plus âgés, les années de plomb du parti unique. Même logorrhées et même look en ce temps révolu pour les jeunes générations qui constituent le plus grand gisement électoral. Les affiches 'Wanted", comme les a si bien qualifiées un collègue de la presse écrite, n'ont pas trouvé grâce chez les has been, pourtant nostalgiques de temps anciens. Des promesses, il y en a eu à profusion, une inflation, un vrai déluge, sans respect pour des électeurs qui, pourtant, ne sont plus crédules depuis assez longtemps. Ils se comptent sur les doigts d'une main les partis politiques à avoir fait état de la vraie problématique des APC, comme d'ailleurs de toutes les autres institutions élues.
Le problème est que le pouvoir les a dépouillés de toute initiative de développement, réduisant les élus à de simples exécutants de programmes décidés par les daïras et les wilayas. Tout le monde sait que le président d'APC ne distribue plus de logements sociaux, ni de terrains, mais les candidatures se sont bousculées au portillon et, c'est là tout le paradoxe. Pourquoi ce rush sur une institution dévoyée et sans accès à la rente ' Ce battage, ces bousculades... Il faut croire que, même démunie, la commune offre toujours un bout de fromage. Mais l'attrait semble surtout politique. Première institution, la commune peut constituer un marchepied vers d'autres horizons proches des pouvoirs de décision, un sésame pour s'introduire dans ces cercles très fermés.
Quelques rares présidents d'APC ont ainsi pu accéder à des postes plus rémunérateurs de chef de daïra, de wali-délégué, de député ou de sénateur.
D'ailleurs, les candidats à cette cuvée 2012 ont, eux-mêmes, donné l'impression que l'enjeu n'était pas dans la gestion du quotidien des administrés en surfant à peine sur le casse-tête du ramassage des ordures et gravats, l'éradication des décharges sauvages, l'éclairage public, l'amélioration des réseaux d'assainissement, la réfection des routes et trottoirs, la révision des plans de circulation, l'entretien du système de drainage des eaux usées et pluviales, l'aménagement des sites et mobiliers urbains, l'exiguïté et les dysfonctionnements des services publics communaux gérés comme au siècle dernier alors que le numérisation et l'électronique permettent la fluidité, la transparence et la fin des passe-droits, etc. La campagne de nettoyage, lancée par le Premier ministre, a montré ses limites : ce n'est pas une question de volontariat sporadique ni le problème de moyens. Des APC ont acquis des engins et installé des bacs à ordures, mais les cités sont restées sales ! C'est bien un problème de savoir-faire et de technicité. Les anciens maires, qui ont bouclé leur mandat sur la pointe des pieds, l'ont appris aux dépens de leurs administrés : gérer une commune, ce n'est ni du replâtrage, ni du saupoudrage, ni des embellissements de circonstance.
Très rares sont les prétendants à leur succession à avoir tiré les leçons, comme sont rares ceux à avoir compris que la société a changé et que ses nouvelles générations sont exigeantes en matière de qualité de vie. C'est ce qui explique, en grande partie, le manque d'engouement à ces élections, le phénomène a été également observé dans les communes isolées où le vote tribal persiste plus ou moins.
Et pour corser cette méconnaissance, il a été relevé une autre relative aux prérogatives du président d'APC ! Alors que le nouveau code communal de 2011 a fixé ce qui est en son pouvoir : réfection des trottoirs, de la chaussée et de l'éclairage public, entretien, entretien des espaces verts, gestion des locaux et mobiliers des écoles, établissement des listes de bénéficiaires du filet social, gestion des marchés, agrément aux comités de quartier, le prétendant à la mairie n'a eu dans la bouche que logements, terrains et boutiques, ce qui n'est pas en son pouvoir et qui relève de commissions dont il fait partie avec sa voix. Le paradoxe est que les chefs de parti, qui ont mouillé le tricot lors de cette campagne, ont eux aussi donné l'impression de s'être trompé. Ils ont, tous, refait les discours des législatives avec ses litanies et accusations pour les uns, ses satisfecits pour ceux dans le sillage du pouvoir. Les laudateurs, comme d'habitude, ont exhorté au vote, les autres sont tombés à bras raccourcis sur le code communal et le pouvoir qui l'a initié et mis en 'uvre. Certains ont dénoncé la fraude annoncée ! Ils ne sont pas à une contradiction près.
Jeudi, tout le monde, pouvoir et partis politiques, aura à mesurer une fois de plus la conséquence désastreuse de la dépolitisation de la société. On sait qui l'a orchestrée, mais sa propagation n'est sûrement pas le fait du seul pouvoir. Les partis politiques y ont leur part. En ont-ils pris conscience '
D. B


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