Algérie

A 100 dollars comme à 100 DA



A100 dollars le baril, 100 analyses la minute. Pour le monde, la crise est déjàlà et les inculpés sont nombreux : le cartel de l'OPEP, Chavez, Ben Laden, BenSaoud, le GSPC, les Chinois ou les nouveaux nationalismes à la pompe quiagitent les pays périphériques des gisements. Vous l'auriez peut-être remarqué,il s'agit à chaque fois d'analyser le drame des consommateurs, de laconsommation ou de la production, jamais le drame des tribus qui habitent dansles environs des Etats qui vendent. A 100 dollars le baril, les Occidentauxcroient dans l'ensemble que nous nous enrichissons rien qu'en écoutant coulerles pipes-lines, allongés sur des dunes maternelles. Le raccourci est pourtantdramatiquement erroné : à ce prix là, ce ne sont pas les pays producteurs quis'enrichissent mais leurs Etats et leurs régimes. A 100 dollars le baril, unbon régime pétrolier peut se passer d'élections propres, n'a que faire avec uneéconomie réelle et se perpétue avec la rente mieux qu'avec des indices decroissance. Et plus les cours augmentent, plus la démocratie devient impossibleet inutile. Et plus le pétrole devient de l'or, plus le peuple qui en dépend sereproduit irrationnellement plus vite que ses récoltes et en arrive à importermême sa pomme de terre. Et plus le pétrole se vend cher, plus le pays qui endépend devient fragile, dépendant, colonisable et éligible au protectionnisme.Et si les colonisations directes pour cause de pétrole ont prouvé leur écheccomme en Irak, il reste encore à promouvoir les « réformes » dictées, lesprétextes de luttes antiterroristes coopératives, les partenariats imposés, lamondialisation à un seul sens ou les embargos qui finissent par des rééditionsà la Kadhafi. A 100 dollar le baril, les populations piégées des régimesproducteurs n'en tirent presque aucun bénéfice sauf celui des dépenses «sociales », des rentes et des corruptions généralisées. Les économies enarrivent à l'irrationalité des consommations alimentaires et les nationalismesy serviront à masquer les pipes-lines par des raisons d'Etat. A terme, unpétrole trop cher ne profite à presque personne sauf à ceux qui en vendent etceux qui en revendent dans les marchés internationaux. Le petit indigène X yest réduit, au mieux, à un circuit digestif assisté et, au pire, à unflibustier capable de percer le tuyau comme au Nigeria, d'assiéger unemultinationale pour y travailler comme agent de sécurité en Algérie, à vivrecomme une bizarrerie idéologique en Libye, un otage comme au Venezuela ou unnon-sens intellectuel comme en Arabie Saoudite. Ceci sans parler du statut duvoyeur comme en Irak ou de celui de gardien de moeurs comme en Iran. A 100dollars le baril, le pétrole est peut-être un drame pour les peuplesconsommateurs mais il est surtout une perte de temps pour les peuplesconsommés. Pour son cas, l'Algérie en fabrique des écoles et des autoroutesmais pas le bon avenir. Il y a une différence euclidienne entre la richesse dusol et celle des sous-sols. Sur le sol on construit une maison ou une identité.En dessous, on y creuse des tombes où on y découvre les poteries cassées despeuples morts.


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