Il s'appelait Abdelkader Hamidi. C'était un enfant de la lune. Brillant lycéen, non-voyant, il voulait devenir comédien. Le jeune Abdelkader, qui était issu d'une famille modeste, n'est plus de ce monde.Le 9e Festival culturel de Sidi Bel Abbès, qui s'est ouvert jeudi soir au théâtre régional, est dédié à ce comédien. La thématique du festival est d'ailleurs centrée sur les handicapés. «Nous avons déjà commencé à travailler avec les handicapés, ou ceux qui ont des besoins spécifiques depuis deux ans. Nous avons produit le spectacle, La chambre d'amis, de Sadek El Kébir, avec des comédiens non-voyants, dont Abdelkader Hamidi. Un travail qui a duré six mois et qui a été présenté au Festival international du théâtre de Béjaïa et à Alger, à l'espace Plasti d'El Djazaïr News. Malheureusement, le spectacle n'a pas eu le soutien nécessaire pour la tournée.Cette année, nous avons voulu poser la question sur les arts dramatiques et les personnes handicapées. Il faut qu'on ouvre le débat et qu'on clarifie les choses», nous a déclaré Hassan Assous, commissaire du festival et directeur du Théâtre régional de Sidi Bel Abbès. Selon lui, faire du théâtre avec des handicapés nécessite l'implication de spécialistes.«Le théâtre relève du service public, comme la santé ou l'éducation. Donc, il est de notre rôle d'aller vers cette catégorie de la population, vers ces personnes qui existent et qui sont capables de donner un sens à leur vie», a-t-il soutenu. Sadek El Kebir a présenté en avant-première un documentaire de 52 minutes qui s'intitule L'art d'aller moins vite (une production Lalla Moulati), en hommage à Abdelkader Hamidi. Il y suit le défunt comédien au lycée Abdelkader Azza, à la plage, au théâtre et chez lui.Le documentaire, qui contient également des extraits du spectacle La chambre d'amis, a suscité beaucoup d'émotion au sein du public présent. Sadek El Kebir a réalisé un portrait de 52 minutes pour chaque comédien.«Cela fait sept documentaires en tout. J'ai réalisé aussi un autre documentaire de 90 minutes sur cette expérience au théâtre de Sidi Bel Abbès. Il manque de l'argent pour terminer la post-production. Je souhaite que ces documentaires soient mis au service des théâtres et des metteurs en scène pour qu'ils voient les possibilités qui existent.Au théâtre, les aveugles ne sont pas des handicapés. Ils nous offrent une performance que nous n'avons pas en tant que voyants. J'étais bouleversé par la patience des comédiens, par leur bonté et par leur amour. J'ai découvert beaucoup de nouvelles choses. Je me suis dit qu'il fallait documenter tout cela», a expliqué Sadek El Kebir.Halima Hankour, directrice de l'organisation de la diffusion du produit artistique et culturel au ministère de la Culture, a annoncé que le département de Nadia Labidi a adopté une nouvelle stratégie pour impliquer davantage les personnes handicapées dans l'action théâtrale au niveau national. «Nous devons leur donner l'occasion de créer et d'exprimer leur point de vue sur ce qui se passe dans leur société à travers des moyens artistiques», a-t-elle dit lors de la cérémonie d'ouverture.Demain, dimanche 5 avril (à 15h), sera présentée en hors compétition la nouvelle pièce du Théâtre national Mahieddine Bachtarzi, Mouawak, wa lakin (Handicapé, mais) de Djamel Guermi.Un débat sur le thème «Le théâtre et les personnes aux besoins spécifiques» sera animé par l'universitaire Driss Guergoua et des étudiants du département des arts dramatiques de l'université de Sidi Bel Abbès. La compétition a débuté hier avec la pièce Djoraa (une gorgée), de Hocine Mokhtar de l'association Echrourouk de Mascara. La Fondation Alloula est présente avec la pièce Kissas nessine de Djamil Benhamamouche, d'après un texte de Abdelkader Alloula, alors que la troupe El Ichara de Mostagnem participe avec la pièce Psychose 90, d'Ahmed Bellalem.En tout, six pièces sont en course pour décrocher le Grand Prix ouvrant la voie à une participation à la compétition du 10e Festival national du théâtre professionnel prévu fin mai à Alger.Présidé par le journaliste et dramaturge Hmida Lyachi, le jury est également composé de l'homme de théâtre Djillali Boudjemaa, du comédien et metteur en scène Mohamed Abbas Islam, de la comédienne et metteur en scène, Amel Menghad, et du comédien RachidDjerourou.Les spectacles sont présentés chaque jour à 18h. Plusieurs spectacles pour enfants et pour adultes sont prévus également dans d'autres localités, comme Sidi Ali Boussidi, Beloualdi, Aïn Kada, Sidi Lahcen...Le festival sera clôturé mercredi prochain par la pièce Dellali, de Abdelkader Djeriou.
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Posté Le : 04/04/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Fayçal Métaoui
Source : www.elwatan.com