Algérie

92% des travailleurs trouvent que les rémunérations ne sont pas équitables



Les résultats laissent transparaître une situation des plus inquiétantes. Ainsi, 92% des travailleurs de ces pôles ont exprimé leur insatisfaction et mécontentement par rapport à leur salaire de base, estimant que les taux de valorisation appliqués
en 2008, par la direction générale, «ne sont pas équitables». Ils jugent «inéquitable» et «inapplicable» le nouveau système de rémunération (NSR) lancé par la compagnie (en 2008) qualifié d’ailleurs «d’opaque et d’incompris». Pour ce qui est de la rémunération, l’enquête a scindé son analyse en trois parties.
La première concerne le régime indemnitaire qui constitue une des revendications les plus persistantes du fait qu’il soit lié aux conditions de travail notamment dans les bases de vie. Ainsi, 84% des employés se sont déclarés insatisfaits de ce régime, réparti selon eux «d’une manière injuste et inéquitable». La troisième partie concerne l’allocation de fin de carrière et l’indemnité compensatoire pour lesquelles 57% des travailleurs se disent insatisfaits. Les enquêteurs précisent néanmoins que les 43% du personnel satisfait doivent être pris en compte en ayant à l’esprit que ces primes intéressent beaucoup plus ceux qui sont à la veille de la retraite et qui revendiquent, pour plus d’équité, qu’elle soit calculée par rapport au nouveau salaire de base. Les salariés du sud demandent quant à eux, la retraite complète après 25 ans de service ainsi que la généralisation de l’indemnité compensatoire à l’ensemble des travailleurs partant à la retraite. Pour ce qui est du volet conditions de vie, le rapport montre que le taux d’insatisfaction atteint 85% des travailleurs. Ces derniers mettent en exergue la dégradation des conditions de vie, tout en regrettant la meilleure situation d’avant et qui suscite en eux la fierté d’appartenir à Sonatrach. Le rapport stipule que les difficultés tant matérielles que morales sont imputables de l’avis des travailleurs, à une mauvaise gestion, une négligence et des procédures bureaucratiques (le principe du moins-disant).
L’insatisfaction relative aux conditions de vie porte quant à elle sur l’état du logement, le manque d’hygiène, l’indisponibilité des chambres. En outre, 78% des travailleurs se disent insatisfaits de la restauration et de la qualité d’hygiène parmi lesquels la majorité a mis en garde contre les risques assez élevés de maladies cardio-vasculaires, de cholestérol et autres pathologies digestives du fait de l’alimentation notamment en viande et poissons congelés. «La plupart ont constaté que depuis la décision de la DG d’externaliser la restauration, celle-ci s’est fortement dégradée», note le rapport. En outre, 85% des travailleurs se déclarent insatisfaits des conditions d’hébergement. «Ce taux de mécontentement s’explique par l’exiguïté des chambres, la vétusté du mobilier, la médiocrité des prestations d’hygiène et les problèmes des affectations des chambres aux extras Sonatrach. Dans certaines régions du Sud, l’occupation des chambres est partagée entre plusieurs travailleurs…», lit-on dans le rapport. Le même taux de personnes insatisfaites, soit 84%, est relevé en ce qui concerne les moyens de transport, alors que 84% des travailleurs se disent insatisfaits. Presque le même taux, 84% des employés de Sonatrach, ne sont pas satisfaits de l’isolement dans lequel ils vivent et souhaitent que des moyens de communication, comme Internet, soient mis à leur disposition. L’enquête révèle par ailleurs que 85% des employés de Sonatrach ne sont pas contents du régime de travail (4x4, 3x4, 3x8, 2x12). Le budget social ne profite qu’à une infime partie des travailleurs.
Abordant la question de l’hygiène et de sécurité, cette dernière soulève l’insatisfaction de 71% du personnel de la compagnie, qui mettent en garde contre «les risques réels» qu’ils encourent notamment ceux qui exercent sur les champs et les usines et qui restent les plus exposés aux nuisances sonores, aux produits chimiques et au stress. Ils sont également 71% à être insatisfaits du respect des normes de sécurité, surtout dans les sites de production à haut risque.
Dans ces lieux, «souvent la production prime sur la sécurité», disent-ils. Sous le même chapitre, 91% des travailleurs se déclarent mécontents des difficultés rencontrées lors de l’accomplissement de leur travail à cause du manque flagrant de la pièce de rechange et des difficultés d’approvisionnement. Un taux d’insatisfaction de 85% est relevé en ce qui concerne la prise en charge du volet santé du travail par l’entreprise. Il est noté le manque de suivi médical et d’études sur les maladies chroniques, l’absence d’ambulances médicalisées et des pénuries de médicaments aux niveaux des sites industriels.
Les prises en charge des accidents de travail suscitent chez les salariés un taux d’insatisfaction de 92%. «Les employés se sentent délaissés et les reconversions des postes à cause des maladies ou d’accident de travail se font au détriment des salaires et indemnités perçus ce qui est pénalise beaucoup les travailleurs». D’ailleurs, ils sont 91% des salariés à se déclarer mécontents du traitement des dossiers de remboursement des indemnités liées aux longues maladies marqué par des «lourdeurs et des lenteurs».  Au sujet de l’évolution de la carrière, 92% des travailleurs sont mécontents de l’état de «stagnation» dont ils souffrent et qui «engendre une ambiance de léthargie et d’inertie». Selon eux, cette situation n’est que «la conséquence» du nouveau système de rémunération, instauré il y a trois ans. Ils estiment dans 75% des cas, qu’il y a une «différence» entre la fonction occupée et celle inscrite sur la fiche de paie. «Un dysfonctionnement» qui, d’après eux, est responsable des déperditions de salaires et d’indemnités ressenties d’ailleurs comme une injustice.
En outre, 88% des travailleurs se déclarent insatisfaits de la formation qu’ils jugent «inadaptée» aux besoins des structures. Ils regrettent que l’expérience des cadres de la compagnie ne soit pas fructifiée et que le transfert du savoir-faire ne soit pas assuré. Au chapitre de la communication managériale, ils sont 65% des salariés à se déclarer insatisfaits. «L’absence de communication», disent-ils, est «un manque de considération» à leur égard. Mieux, ils trouvent que la «centralisation» des décisions au sein de la direction générale, «freine» les prises de décisions qui relèvent de leur compétence. Pour ce qui des prestations sociales, les travailleurs de Sonatrach sont dans 95% des cas mécontents. Selon eux, la compagnie dépense un budget important pour ces prestations, «mais une infime» partie des salariés en bénéficie du fait du clientélisme favorisé par le partenaire social.


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