Algérie

9 Avril 2009 - 9 Avril 2010



Il y a une année, une énorme machine s'était mise en branle pour plébisciter le président Bouteflika, candidat à sa propre succession : floraison de comités de soutien, membres du gouvernement en campagne, dons généreux d'institutions publiques et d'hommes d'affaires privés, etc. Dépouillés de moyens, la plupart sans aura politique, ses adversaires furent écrasés par les résultats du scrutin boycotté par l'ensemble des « grosses pointures » politiques nationales : aucun des candidats malheureux ne dépassa les 2%, Bouteflika se voyant gratifié du « score nord-coréen » de 97%.Cette élection ne fut en fait qu'une formalité. Il fut décidé, bien avant, non pas d'un troisième mandat mais d'une présidence à vie, le préalable étant la révision de la Constitution. Ce qui a été fait. Vers le Palais d'El Mouradia furent basculés tous les pouvoirs exécutifs, principalement ceux détenus par le chef du gouvernement. Ce dernier se vit privé de la prérogative de disposer de son propre programme politique qu'il engage devant le Parlement. La refonte de la loi fondamentale fut qualifiée de grave recul constitutionnel, spécialement dans le volet de la non-limitation du mandat présidentiel.Une fois passée l'euphorie du plébiscite, la réalité reprit très vite le dessus. Le pays renoua avec une de ses tares : l'immobilisme politique. Alors qu'il prit l'engagement, en campagne électorale, d'accélérer les réformes, le président de la République s'effaça quasi totalement de la scène publique, n'apparaissant que lors de rares cérémonies protocolaires. Les Conseils des ministres s'espacèrent sur de long mois, au point où la session parlementaire d'automne se déroula à blanc. Aucun projet de loi ne fut soumis aux députés durant toute la session d'automne, une aberration au vu des immenses besoins législatifs de tous les secteurs d'activité du pays et de l'urgence d'accélérer les réformes timidement engagées auparavant. Le gouvernement se contenta, par le biais des lois de finances, de replâtrer ce qu'il pouvait au niveau de la sphère économique dont la fragilité extrême fut mise à nu par la chute des prix des hydrocarbures.Au plan politique, le contrôle d'une main de fer du parti FLN lors de son neuvième congrès a remis au goût du jour un des plus vieux archaïsmes du système qu'est la cooptation. Les scandales touchant de plein fouet Sonatrach et l'autoroute Est-Ouest révélèrent de leur côté l'ampleur de la corruption gangrenant pratiquement tous les secteurs d'activité. Des sommes colossales avaient été détournées, souvent vers l'étranger, au moment où la population subissait les effets désastreux de la paupérisation. La montée en force des revendications sociales ne rencontra, elle, qu'une écoute limitée du côté gouvernemental. Le dernier mot revint à la répression, ce qui remit sur le tapis la question cruciale de la préservation des libertés fondamentales.


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