Algérie

8E FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM ARABE D'ORAN



8E FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM ARABE D'ORAN
La 8e édition du Festival international du film arabe se poursuit jusqu'au 12 juin à Oran. Dans la section court-métrage, la Tunisie et l'Egypte se sont distinguées lundi matin à la Cinémathèque avec deux fulgurances cinématographiques.«Et Roméo épousa Juliette » de la cinéaste tunisienne Hinde Boudjemaâ est un petit joyau de cinéma qui interroge l'amour au temps des lassitudes. Un vieux couple tunisien, qui a dû s'aimer passionnément dans une autre vie, est aujourd'hui pris dans la tourmente du rejet de l'autre. La vie quotidienne s'écoule au rythme des carillons qui tintent à chaque fois que l'homme ou la femme ouvre une porte. Ce bruit lancinant est leur seul mode de communication qui leur évite également de se croiser à l'intérieur de l'appartement. A travers une mise en scène feutrée et un attachement quasiobsessionnel aux petits détails, Hinde Boudjemaâ raconte une histoire anonyme et universelle où Roméo et Juliette finissent par sombrer dans la décrépitude morale et sentimentale, le cœur plus ridé que le corps et l'amour d'antan devenu un lointain souvenir, effrité par les années et la routine. La noirceur et l'extrême rigueur de ce film ont un double effet sur le spectateur : à la fois fasciné et terrorisé par l'enfer silencieux vécu par ce couple. La redoutable interprétation de Najia Zemni, dans le rôle de l'épouse, y est pour beaucoup dans l'esthétique de l'œuvre car elle parvient à cristalliser toute la sémantique du désamour et de la lassitude tandis que Ahmed Bennys (son époux) restitue avec brio l'aigreur d'un homme trahi par l'âge. Roméo et Juliette ne sont plus ces amoureux fougueux bercés par l'utopie d'une idylle éternelle ; ils se haïssent à présent car chacun rend l'autre responsable de sa vieillesse et de la défaite de l'amour devant les assauts du temps. Le court-métrage est donc une parfaite réussite tant son écriture corsée et sa mise en scène élégante constituent un ensemble harmonieux où le travail esthétique omniprésent parvient à sublimer un propos d'un cruel réalisme. Avec «Sucre blanc» de l'Egyptien Ahmed Khaled, on quitte la réalité pour voyager dans l'esprit d'un homme qui habite ses rêves. Le personnage du film erre dans le monde imaginaire du sommeil et raconte, en voix off, son rapport complexe à la vie. La force littéraire du texte crée un labyrinthe philosophique où les plus grandes questions existentielles reviennent avec une lancinance angoissante tandis que la caméra, en walk-movie, déambule dans le rêve de l'homme dont on voit que des fragments de corps lorsqu'il arpente le bitume d'une ville virtuelle, qu'il mange goulûment des sucreries ou qu'il caresse les seins d'une femme. Refusant le réel, le personnage de ce film est fasciné par la perfection et l'inconséquence du songe ; il résiste ainsi de toutes ses forces au réveil et assène ce merveilleux verdict : «Le salut est dans le sommeil.»




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