Algérie

87% des demandes d'emploi non satisfaites



Siège de l’Agence locale de l’emploi (ANEM), hier à 13h. Une longue file de chômeurs s’étire devant la porte d’entrée. «Il y a trop de monde comme d’habitude. Je ne pense pas pouvoir y accéder», dit Djamel. Manœuvre de chantier, il est venu s’informer sur sa demande de recrutement.  «Cela fait trois mois que j’attends. On m’a remis cette carte bleue lors de mon inscription et on m’a dit de repasser», dit le jeune homme, originaire de Tikobaïne, dans la commune de Ouaguenoun. «Je travaille chez des privés à Tizi Ouzou quand l’occasion se présente mais ce n’est pas suffisant pour subvenir aux besoins de ma famille. Ce que je veux, c’est un travail stable», affirme-t-il. Comme lui, ils sont des dizaines de chômeurs à faire le pied de grue, quotidiennement, devant les guichets de cette agence chargée de réguler le marché du travail. Depuis quelques années, la loi oblige toutes les entreprises privées et publiques à passer par cet organisme pour leur recrutement. L’établissement est sollicité notamment par les universitaires à travers un nouveau dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP) sur lequel se rabattent plusieurs jeunes diplômés qui préfèrent la modique somme de 12 000 DA par mois au chômage quand ils réussissent à être placés. «C’est mieux que rien. Mais, là aussi, rien n’est sûr. Il faut s’armer de beaucoup de patience», commente une diplômée en droit en chômage depuis 5 ans. En dépit de l’espoir suscité par ce dispositif, le résultat sur le marché de l’emploi est insignifiant. Ainsi, sur 23 086 demandes d’emploi, 3091 seulement ont abouti en 2010, soit un taux de satisfaction de 13%. En 2009, la wilaya de Tizi Ouzou n’a enregistré que 4194 placements sur un total de 27 904 demandes. Les offres non satisfaites, l’année dernière, s’expliquent par l’annulation de certaines par des employeurs et la non-disponibilité de certains profils recherchés, a souligné le directeur de l’emploi dans un rapport présenté lors de la dernière session de l’APW. Durant la même période, est-il précisé, il a été procédé à l’insertion de 5935 chômeurs dans le cadre du dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP). Les difficultés de recrutement sont dues essentiellement aux insuffisances du secteur économique dans la wilaya, ce qui ne permet pas à cet organisme de trouver des preneurs pour tout ce monde.
Inefficacité
Au-delà des chiffres triomphalistes et autres satisfecit affichés par les responsables des organismes chargés de l’emploi, la wilaya de Tizi Ouzou enregistre l’un des plus importants taux de chômage (25%) au niveau national. Les élus locaux ont tiré la sonnette d’alarme à maintes reprises quant à un soulèvement des jeunes contre le chômage. Pour la commission «action sociale et emploi» de l’APW, «l’emploi, qui doit être un élément dans le développement social et de la promotion de l’individu, est remplacé par des formes de solidarité cachant très mal la précarité de l’emploi dans notre pays». La commission estime que «les différents dispositifs d’aide à l’emploi (DAIP) mis en place par les pouvoirs publics, tels que le CID, CIP, CFI, n’ont pas donné de résultats sur le terrain, exception faite pour l’Ansej et la CNAC qui demeurent des moyens primordiaux dans la création de micro-entreprises, génératrices d’emplois et de richesses». Sur un autre volet, la commission note que la wilaya de Tizi Ouzou vit le chômage plus que les autres régions, et ce, pour des raisons diverses, dont l’insécurité, la délocalisation des entreprises et le retard dans le développement économique et social. La wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié d’un programme de 6700 locaux à usage professionnel dans le cadre du programme 100 locaux par commune. De l’avis même de l’administration, des défaillances et désistements de certaines entreprises ont induit des retards considérables en matière de lancements et de résiliations. Sur 6700 locaux prévus, 2013 seulement sont achevés dont 724 en 2010 alors que les travaux de 333 sont à l’arrêt.
 
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