Algérie

82 documents et 36 déplacements pour lancer un projet Un parcours long parsemé de blocages



82 documents et 36 déplacements pour lancer un projet Un parcours long parsemé de blocages
Photo : S. Zoheir
Par Samira Imadalou

Le climat des affaires en Algérie continue à faire débat. Hier, c'était à l'initiative du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) qu'une rencontre portant sur la «débureaucratisation» dans l'amélioration du climat des affaires a été organisée, à l'hôtel Hilton. Animée par Mehdi Ameur, consultant indépendant, la conférence a essentiellement porté sur le processus de démarrage d'une entreprise en Algérie.
Un processus long et entaché de lourdeurs bureaucratiques et autres blocages administratifs, auxquels s'ajoutent des dysfonctionnements qui génèrent des surcoûts à l'économie nationale, selon l'analyse présentée.
Dans l'exposé, l'accent a été mis sur les interactions des créateurs d'entreprises avec les différentes administrations et sur les possibilités de rationalisation de ce processus, à travers la convergence ainsi que le partage de l'information. Ce qui ne se fait pas actuellement.
Car, le parcours d'un opérateur n'est guère facile vu la multitude des étapes à suivre. Au total, pour réussir à lancer un projet, les opérateurs sont appelés à effectuer 36 déplacements et à préparer 82 demandes. En théorie, le temps nécessaire pour une telle démarche est de six semaines, soit deux mois et demi, alors qu'en pratique le délai est largement supérieur et peut durer parfois des mois, voire des années dans certains cas.
C'est ce qu'ont d'ailleurs soulevé, entre autres problèmes, les opérateurs présents à la rencontre d'hier. Et pour cause, l'administration ne joue pas son rôle de «facilitatrice» et ne fait que compliquer les étapes. C'est le cas, à titre illustratif, de l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi) selon M.Ameur, qui dira : «Les guichets de l'Andi font dans l'information plus que dans le
traitement des dossiers.» Et de plaider pour le reengineering du processus pour assurer une gestion plus cartésienne des demandes des investisseurs, dans un cadre transparent avec moins de procédures et en exigeant moins de documents. «Il y a lieu d'entamer une réflexion qui devrait se solder par un système transparent et automatisé», résumera-t-il. «On oublie les raisons d'être de chaque administration», dira, pour sa part, Lyes Kerrar, expert en fiscalité et membre du Cercle qui donnera comme exemple le Centre national du registre du commerce (Cnrc). Pour M. Kerrar, en ne rendant pas l'information publique le Cnrc oublie l'utilité de l'opération de dépôt des états financiers.
Lors des débats qui ont suivi la conférence de M. Ameur, les participants se sont interrogés sur la nécessité de tous les documents demandés. Et ce d'autant qu'au fil des ans, les engagements du gouvernement de faciliter la tâche aux opérateurs n'ont pas été suivis par des actions. L'analyse conduite en 2007-2008, dans le cadre d'une opération conjointe entre le Ministère de l'Industrie et la Société financière internationale (SFI), reste valide. Rien n'a changé depuis. Et pourtant les recommandations sont claires et ont même
été remises au ministère concerné pour adoption. Elles ont été jugées fiables et efficaces mais n'ont pas été mises en 'uvre, faute de
coordination entre les parties impliquées dans le processus d'investissement. L'idée a été relancée en 2009, sans résultats.
Le constat est toujours le même.
C'est compliqué de lancer son affaire en Algérie. Le président de l'Association algérienne de producteurs de boissons (Apab) insistera sur ce point.
«A chaque fois qu'on avance, il y a de nouveaux documents qui sont exigés.» En finalité, l'économie nationale ne fait que perdre des points de compétitivité et augmenter le risque social, selon l'expert Ali Harbi. Ce dernier proposera la mise en place d'un ministère ou d'une task force pour engager une reingénierie du système administratif. Le premier ministère a même été saisi à ce sujet. Mais l'allègement des procédures se fait toujours attendre. Quatre mois après l'installation du nouveau gouvernement peu de changements sont intervenus.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)