80% des techniciens de la santé ignorent la conduite à tenir

Alors que l'épidémie d'Ebola ? qui s'est propagée en Afrique de l'Ouest depuis août ? est loin d'être enrayée, une enquête réalisée dans 9 wilayas d'Algérie portant sur le niveau d'informations et des connaissances de prévention contre ce virus, révèle que 80% des techniciens de la santé ignorent la conduite à tenir face à un cas Ebola.Ils affirment que nos hôpitaux n'ont pas les moyens d'accueillir des personnes atteintes par ce virus. L'enquête menée par la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) entre les mois d'octobre et novembre a touché 4200 personnes reparties en deux groupes, 3200 personnes représentants la population générale et 900 techniciens de la santé dans 9 wilayas.L'enquête s'est déroulée dans les lieux publics et privés, les universités, les postes, banques, cafés, places publiques, CHU, EPSP, polycliniques, EPH, laboratoires.Un formulaire de 14 questions a été donc adressé à des universitaires, cadres supérieurs, commerçants, chômeurs, anesthésistes, sages-femmes, infirmiers, aides-soignants. Si la population générale interrogée semble être informée de cette épidémie et de son évolution sur les pays touchés et les moyens de prévention, de nombreuses questions demeurent inconnues voire même ignorée par les techniciens de la santé. A la question de savoir quelle est la population la plus touchées par ce virus, 57% des deux groupes pensent que tout le monde peut être contaminé, alors que 17% de la population générale et 10% des techniciens de la santé affirment qu'il touche la race noire. Quant aux causes de la contamination, les deux groupes pensent qu'on peut attraper le virus Ebola en mangeant des singes et des chauves-souris.S'agissant de la question relative aux gestes à faire face à un cas d'Ebola revenant d'un pays touché par la fièvre hémorragique, 80% des techniciens ne connaissent pas la conduite à tenir, sachant que 74% d'entre eux n'ont pas connaissance ni lu les recommandations et les conduites de prévention des autorités sanitaires affichées dans les structures de santé. A propos de la question relative aux hôpitaux aptes et autorisés à Alger, à recevoir les malades atteints par le virus Ebola, 42% des personnes interrogées font référence à l'hôpital Mustapha à Alger suivi d'El Kettar pour 17,93% des répondants.Concernant le traitement de cette maladie, 75% des techniciens affirment ne pas y avoir de vaccination. Ils sont 80% à signaler qu'il n'y a pas de traitement. La Forem tire ainsi la sonnette d'alarme sincère ces résultats ahurissants et recommande une formation et une information complémentaires au profit de ces techniciens de la santé sur les risques sanitaires majeurs. Ce constat montre bien l'ampleur des insuffisances des structures de santé et des personnels à faire face à une épidémie combien redoutée par des nations aux systèmes de santé irréprochables. Une enquête qui vient encore contredire les discours rassurants de Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.