8 manifestants interpellés à l'issue du rassemblement

Les Constantinois ont confirmé dans la matinée d'hier leur désaffection, voire leur retrait pour ne pas dire leur déconnection de la «chose» politique en accordant plus un regard curieux qu'une implicite adhésion au rassemblement prévu au cours de la matinée d'hier à hauteur du square Hadj Ali et dont le mot d'ordre est de dénoncer la décision de l'actuel président de la République de postuler à un autre mandat. En l'occurrence le quatrième.L'appel lancé sur un réseau social n'a finalement pas eu l'effet escompté et vraisemblablement ce n'est que la fournée de jeunes qui se sont évertués à l'animer depuis quelques jours qui y ont répondu «présents» au même titre, pour des raisons évidemment professionnelles, les représentants des médias et les éléments du service d'ordre aussi bien ceux visibles, et pour cause leurs tenues vestimentaires habituelles, que ceux censés ne pas l'être (visibles).Le rassemblement devait se tenir à partir de 10h sauf que les initiateurs ont quelque peu hésité avant d'afficher ostensiblement leurs intentions en sortant des pancartes où ils affichaient selon diverses formules leur refus d'une nouvelle candidature d'Abdelaziz Bouteflika.En fait l'absence d'intérêt de la population pour ce rassemblement était plus que prévisible pour bien des raisons. La première étant bien entendu l'impact très relatif d'un réseau social auquel n'en fait pas partie forcément la majorité des habitants de la ville des ponts, la deuxième est que la démarche est demeurée en fait très virtuelle au même titre d'ailleurs que la propension des internautes concernés à «affoler» le réseau plus pour le fun que pour un militantisme, certes réel, mais toutefois surdimensionné par les médias étrangers lors des soulèvements populaires de ce qui a été qualifié de printemps arabe en Tunisie, en Egypte et en Syrie et troisièmement les Constantinois ont de tout temps affiché, à la limite de la rébellion, leur rétivité à toutes actions desquelles suinterait une quelconque allusion de caporalisation et encore moins de manipulation qu'elle soit officielle ou underground. Les résultats toutes natures confondues des consultations populaires, législatives, locales, présidentielles qui font de Constantine la ville où l'abstention est phénoménale en ont toujours été une preuve incontestable.Cela étant, pour avoir connaissance de l'argumentaire justifiant leur opposition à la décision du chef de l'Etat en exercice de se porter candidat pour la quatrième fois nous avons approché les jeunes qui étaient présents au rassemblement et qui ont tout fait pour afficher leurs convictions. «...Pourquoi opposer à chaque fois au peuple l'absence d'autre alternative que ceux qui font désormais partie du passé. Notre revendication est légitime et elle ne fait que répondre à l'orientation faite, même par l'actuel Président à Sétif, et qui invitait ses compagnons de lutte à passer le témoin à une autre génération. Il est possible que la rupture soit brutale, mais elle est essentielle au jour d'aujourd'hui. Nos parents et grands-parents ont vécu pire et ils s'en sont à chaque fois sortis haut la tête. Notre désir est justement de vivre la tête haute et non pas par procuration en regardant amèrement un pays voisin (la Tunisie Ndlr) réaliser une transition politique qui fait honneur à la nation arabe en général et au Maghreb en particulier.»Soulignons que les éléments des services de sécurité se sont tenus très en retrait du rassemblement jusqu'à sa dispersion, l'un d'eux considérant que «tant que le rassemblement ne débordera pas, il n'y a aucune raison qui justifierait une action de notre part». Ce ne sera pas pourtant le cas dans la mesure où une fois séparés du groupe, huit manifestants seront interpellés à hauteur du boulevard Belouizdad, embarqués dans des véhicules banalisés et conduits vers le siège de la sûreté de wilaya où ils feront l'objet d'un interrogatoire, «toutefois à aucun moment les policiers n'ont été désagréables à notre endroit», soulignera à la sortie des locaux de la police un des jeunes interpellés. A. L.