Algérie

8 Mai 1945: la mère des 45 orphelins



Au lendemain desmassacres du 8 Mai 1945 perpétrés par l'armée coloniale contre des civilsalgériens désarmés, massacres ayant causé la mort de milliers d'Algériens, plusieursenfants en bas âge se sont retrouvés sans parents et livrés à eux-mêmes.Durant cesévènements tragiques, se trouvait dans le Constantinois une femme oranaise entant que militante du Parti du peuple algérien (PPA). Il s'agit de Kheira BentBendaoud, de son vrai nom Belgaïd Kheira. Cette femme, issue pourtant d'unefamille aristocratique, a préféré combattre l'ennemi en étant toujours àl'avant-garde des luttes pour la souveraineté nationale. Parmi ses faitsd'armes, le plus important demeure la prise en charge de 45 orphelins desrégions de Sétif et Kherrata et qu'elle fit venir jusqu'à Oran pour les placerdans des familles oranaises aisées. Traverser près de 800 kilomètres poursoustraire ces êtres fragiles et sans défense aux actes barbares des militairesfrançais mérite aujourd'hui bien des égards. En ces jours deMai 45, une mobilisation générale a suivi le génocide. A Oran, et sousl'impulsion du comité de la médersa, située à la rue Emile Delord, comitédirigé par le cheikh Saïd Zemouchi, toutes les dispositions ont été prises pourun accueil chaleureux du train qui transportait les orphelins de Sétif. A lagare d'Oran, ce fut une véritable liesse populaire, avec cependant beaucoupd'émotion, de recueillement et de compassion. Arrivées à la médersa où devaits'effectuer la prise en charge des enfants, les familles d'accueil étaient dansl'attente. 62 ans après,certains de ces orphelins tiennent à lui rendre un vibrant hommage enrevendiquant une reconnaissance, ne serait-ce que symbolique, de la part desresponsables locaux, par une rue ou un édifice public qui portera le nom decette femme qui a marqué l'histoire de la guerre de libération nationale. A cepropos, Amar Sebia, cet orphelin de la région de Béni Aziz en 1946, dans la wilayade Sétif, qui faisait partie de ce convoi acheminé sur Oran et qui a gardé descontacts avec plusieurs de ses amis, dont de nombreux sont morts au champsd'honneur.Notre homme diraque cet acte de bravoure confortera ses convictions en ralliant dans un premiertemps l'association des Oulémas, avant de s'engager corps et âme pendant laguerre de libération. Durant son parcours, elle connaîtra d'authentiquespatriotes, les défunts Kahloul, Cherfaoui, Hadj Ahmed Metahri et l'une desfigures emblématiques d'Oran, Ould Kadi Setti, la fille de la célèbre KaïdaHalima. De leur vivant, ces derniers ont toujours témoigné de la générosité deKheira et son sens aigu du sacrifice pour les autres, notamment les démunis.Cette place ne laissera pas l'administration coloniale indifférente et lamettra dans son collimateur. Accusée d'actes subversifs, elle sera incarcérée,avant de la faire exiler vers la capitale en l'installant en résidencesurveillée dans le quartier populaire de la Casbah sous l'autorité du gouverneurd'Alger. En dépit de ces restrictions, cette femme sera en contacts secretsavec certains de ses compagnons, parmi lesquels un orphelin qu'elle fit venirde Sétif, en l'occurrence Mohamed Achouri, qui ne l'a jamais abandonné en luirendant visite chaque jour pour l'informer de tout ce qui se passe sur la scèned'Oran. Le fait d'êtreéloignée de sa ville natale était insupportable et cela s'est répercuté sur sonétat de santé en continuelle dégradation, au point où ses amis d'Oran ont prisattache avec un haut officier de l'armée française pour lui demander de latransférer à Oran, ne serait-ce que pour des considérations humanitaires. Cettedoléance a été acceptée à condition que la résidence surveillée soit toujoursmaintenue. Ayant rejoint son domicile sis au quartier de Saint Antoine, ellemourra seule dans sa demeure en 1961 et ne fut découverte que deux jours aprèsson décès. Kheira bent Bendaoud a été enterrée au petit cimetière de SidiEl-Hasni.


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