78% SONT GEREES PAR LES APC, LE RESTE PAR SONATRACH ET DES PARTICULIERS Le département de la culture s'acharne pour récupérer ses salles de cinéma

La ministre de la Culture s'en est remise hier aux élus du peuple pour récupérer les salles de cinéma affectées durant les années 1990 aux APC, à Sonatrach et à des particuliers. Sur un ton de désolation, Khalida Toumi a presque supplié : «Laissez-nous au moins les restaurer et leur redonner leur vocation initiale !»
Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) - Ce n'est pas une blague, mais même Sonatrach dispose de salles de cinéma qui lui ont été affectées au début des années 1990, après suppression du ministère de la Culture. C'est ce qu'a fait savoir la ministre de la Culture Khalida Toumi, lors de son passage hier, à la Commission de la culture de l'Assemblée populaire nationale (APN). Au moment où le citoyen algérien manque cruellement de distraction, 78% des 385 salles de cinéma que compte l'Algérie restent otages des Assemblées populaires communales qui, pour la majorité, les maintiennent fermées, et leur état connaît année après année une dégradation très avancée. Ceci sans compter les salles de cinéma qui ont été transformées en salle des fêtes pour mariage et habitations collectives. Aux fenêtres de certaines salles de cinéma, des citoyens qui se souviennent avoir assisté à plusieurs projections de films pendant les années 1970 et 1980, découvrent tristement en 2013 du linge étendu ! Le ministère de la Culture ne compte que 13 salles de cinémas. Une situation jugée inacceptable par Khalida Toumi qui affirme que son département ne cherche point à prendre le monopole pour gérer à lui seul les salles de cinéma, mais plutôt à leur redonner leur vocation initiale : «Permettez-nous au moins de les restaurer. Nous avons élaboré tout un projet dans ce sens et qui consiste notamment à former le personnel qui sera appelé à les faire fonctionner. Une salle de cinéma peut employer plus de 35 individus. Nous avons prévu une formation de gestion économique avec l'Ansej pour les futurs gestionnaires qui seront tous des universitaires diplômés. Et nous, de notre côté, nous allons leur assurer la formation théorique, car celui qui doit faire tourner une salle de cinéma doit avoir une bonne culture cinématographique. Il est aussi important de souligner que les dirigeants de ces salles de cinéma seront de la région. Une salle de cinéma à Alger sera gérée par un jeune universitaire d'Alger, et c'est compris pour les autres régions…». A travers cette stratégie, la ministre de la Culture pense que les salles de cinéma pourront participer à la perception des impôts par les APC et contribuer à la caisse de soutien à la production cinématographique au lieu de demeurer inactives.
Une loi plus rigoureuse pour protéger le patrimoine
Un projet de loi régissant les modalités de protection et de sauvegarde du patrimoine national est en cours d'élaboration par le ministère de la Culture et sera soumis au gouvernement dans les deux ou trois mois à venir, selon Athmani Nourredine, conseiller de la ministre. «Comme l'Algérie a adhéré à toutes les conventions internationales, la loi 98-04 du 14 juin 1998, qui protège le patrimoine est quelque peu dépassée. Car je citerai comme exemple les projets de restauration et de mise en valeur des monuments historiques qui sont inscrits dans les programmes sectoriels déconcentrés. C'est-à-dire accordés aux walis qui, à leur tour, les confient aux directeurs de l'urbanisme et aux directeurs du logement et des équipements publics qui sont bons dans leur domaine mais pas pour celui de la restauration de monuments historiques. Pour cela, il faut des spécialistes et il est inadmissible que cette manière de faire continue », a-t-il expliqué. Sur ce point, Khalida Toumi compte sur la bonne volonté de la Commission de la culture de l'APN, dont le président a invité les journalistes à assister à l'allocution d'ouverture de la ministre avant de les prier de quitter la salle une fois l'heure du débat et des questions orales des députés arrivée. Comme quoi, le département de la Culture n'a pas de secret mais les élus du peuple en ont pour l'opinion publique et pour ceux qui les ont élus. Qui dit mieux que les élus du peuple '!