La Confédération syndicale internationale (CSI) a recensé 76 syndicalistes assassinés dans le monde, alors que 50 autres ont été menacés de mort. La Colombie est le pays le plus dangereux pour les syndicalistes avec un bilan de 49 victimes.
Dans le monde, la CSI craint l'impact terrifiant de la crise financière et économique mondiale qui a touché en 2008 « des millions de travailleurs et de travailleuses aux quatre coins du monde, tant dans les pays industrialisés qu'en développement ». Pour elle, cette crise met l'accent sur « la nécessité de développer une économie mondiale basée sur des emplois décents et une justice sociale, et met en évidence la nécessité d'une meilleure distribution des richesses ». Par contre, précise-t-elle, « les travailleurs dans le monde entier ont commencé à ressentir le plein impact de la hausse du chômage sur leur vie et celle de leur famille et des communautés, en raison de la disparition des emplois décents. Ils ont également commencé à constater l'incidence croissante sur leurs droits au travail ». Elle rappelle que les droits syndicaux sont des droits humains au travail, universellement reconnus et définis par deux conventions fondamentales de l'Organisation internationale du travail (OIT) ratifiées respectivement par 149 et 159 Etats membres de l'OIT sur un total de 182 pays dans le monde.Néanmoins, malgré cette reconnaissance formelle par les gouvernements, des violations continues et souvent massives et graves des droits syndicaux fondamentaux sont constatés. Les pays où les pratiques antisyndicales généralisées et graves se sont poursuivies en 2008 sont, selon l'ONG, la Colombie, la Birmanie, le Belarus, le Soudan, le Zimbabwe, le Swaziland, l'Iran, le Pakistan et les Philippines. En cette année 2009, d'autres pays ' Honduras et Guatemala ' vont rejoindre cette liste, indique la CSI, alors que dans de nombreux autres Etats où les violations ne sont pas si graves, « il y a une tendance croissante générale à bafouer les droits des travailleurs. L'ingérence dans les activités syndicales a été rapportée notamment en Irak, au Koweït, en Lettonie, au Kirghizistan, dans la Fédération de Russie, en Turquie et au Venezuela. Malgré quelques propositions ou mesures législatives adoptées dans certains pays du Moyen-Orient et des Etats du Golfe, les travailleurs migrants sont toujours privés de droits syndicaux dans nombre de pays et les entreprises ont continué de tirer parti des législations défaillantes et de leur faible application pour bafouer les droits des travailleurs ».La Colombie, pays le plus dangereux pour les syndicalistesAu moins 76 syndicalistes ont été assassinés en 2008 à travers le monde en raison de leurs actions en faveur des droits des travailleurs, indique la CSI, qui classe l'Amérique latine comme le continent le plus meurtrier pour les syndicalistes avec 66 assassinats enregistrés en 2008. En Colombie, 49 syndicalistes ont perdu la vie, dont 16 dirigeants syndicaux et 4 femmes, soit une augmentation de 25% par rapport à 2007. En outre, 9 syndicalistes ont été assassinés au Guatemala, 3 au Honduras et 4 au Venezuela. En Asie, au moins 6 assassinats ont été rapportés au Népal et aux Philippines, ainsi que 3 en Afrique ' au Nigeria, en Tunisie (information jamais rendue publique par le régime de Ben Ali) et au Zimbabwe ' alors qu'un autre a été tué en Irak, au Moyen-Orient. Les syndicats continuent d'être interdits ou leur établissement restreint dans de nombreux pays, estime l'organisation, citant le cas de la Chine, qui continue à interdire l'existence de syndicats indépendants. Ceux qui tentent d'organiser des groupes de travailleurs ou des protestations, avance la CSI, sont souvent arrêtés et certains sont condamnés à des peines d'emprisonnement.« Certaines catégories de travailleurs continuent également d'en être exclues, notamment les fonctionnaires, les travailleurs agricoles, les migrants et les travailleurs domestiques. Le droit de grève est souvent restreint outre mesure, assorti de listes de services publics où les actions de grève sont restreintes allant au-delà de la définition de l'OIT », lit-on dans le rapport. A nouveau cette année, indique la CSI, « plusieurs milliers de syndicalistes et de travailleurs ont été licenciés pour avoir participé à des actions de grève ou à des protestations, d'autres milliers ont été victimes d'actes de harcèlement ou de discrimination et des centaines ont été arrêtés. La situation des travailleurs domestiques, principalement des femmes et des travailleurs migrants au Moyen-Orient et dans les Etats du Golfe, ainsi que dans certains pays africains et asiatiques, est également préoccupante. La négation absolue des droits du travail et syndicaux ainsi que d'autres violations ont été monnaie courante dans les zones franches d'exportation, par exemple au Costa Rica, au Salvador, au Guatemala, au Honduras, au Swaziland, au Bangladesh, au Kenya, à l'île Maurice et au Pakistan ».La confédération affirme que la mondialisation et la crise économique actuelle exercent une énorme pression sur les marchés du travail, les conditions de travail et les droits des travailleurs dans le monde entier. Selon elle, « les employeurs continuent de menacer les travailleurs de délocalisations d'entreprises, de sous-traitance et de restructurations dont l'impact négatif est inévitable en ce qui concerne l'application effective de leurs droits syndicaux. De nouvelles formes de relations d'emploi touchent également les droits fondamentaux. Le recours à l'emploi indépendant déguisé ainsi qu'à des sous-traitants ou à des agences d'emploi est en hausse dans les pays industrialisés et en développement ». Le rapport cite des exemples en Corée, en Croatie, en Pologne, au Monténégro, en Géorgie, en République dominicaine, au Salvador, au Pérou, en Malaisie, au Vietnam, en Afrique du Sud, au Tchad et au Maroc notamment. Elle craint que le bilan de l'année prochaine mette en exergue une situation plus sombre.50 menaces de mort enregistrées en 2008Dans le monde, la CSI fait état de nombreuses violations à travers 143 pays et dans les différents continents. 2008 a été « une nouvelle année difficile et dans la plupart des cas, dangereuse pour les syndicalistes aux quatre coins du monde ». « 76 syndicalistes ont été assassinés en raison de leurs actions de défense des droits des travailleurs, et un grand nombre ont été agressés physiquement ou soumis à des actes de harcèlement, d'intimidation ou à des arrestations par les autorités. Le nombre total d'assassinats dans le monde a diminué par rapport à l'année antérieure, au cours de laquelle avaient été recensés 91 assassinats. Toutefois, le nombre d'assassinats en Colombie, connue pour être le pays le plus dangereux sur terre pour les syndicalistes, a augmenté, s'élevant à 49 ' 10 de plus par rapport à l'année d'avant ', malgré les assurances d'amélioration de la situation données par le gouvernement du président colombien Álvaro Uribe », écrit l'ONG. La CSI estime que dans bien des cas, les gouvernements ont été « directement ou indirectement impliqués dans les assassinats. 50 menaces de mort graves ont été enregistrées dans 7 pays également, ainsi que 100 cas d'agressions physiques dans 25 pays ». Le rapport de la CSI ajoute que dans au moins 9 pays ' Birmanie, Burundi, Chine, Cuba, Iran, Corée du Sud, Tunisie, Turquie et Zimbabwe ', les gouvernements ont été responsables de l'emprisonnement de syndicalistes en raison de leurs activités légitimes en faveur des travailleurs. Le rapport fait état de 7500 cas de licenciement de travailleurs impliqués dans des activités syndicales enregistrés dans 68 pays, dont 20 d'Afrique.Une confédération représentant 168 millions de travailleursLa CSI est une ONG qui représente 168 millions de travailleurs affiliés à 311 organisations syndicales dans 155 pays. Elle se définit comme la voix et l'alliée des syndicalistes à l'échelle internationale, en particulier lorsqu'ils ne peuvent compter sur des systèmes judiciaires nationaux équitables pour protéger leurs droits fondamentaux. Elle soutient les travailleurs dans leur lutte pour la justice et la défense des droits syndicaux dans le monde entier et travaille en collaboration avec la Confédération européenne des syndicats, notamment à travers le Conseil régional paneuropéen (CRPE) créé en mars 2007 et aussi avec l'Organisation internationale du travail (OIT). La CSI entretient des contacts avec plusieurs institutions spécialisées des Nations unies. Elle collabore aussi avec les fédérations syndicales internationales et la Commission syndicale consultative auprès de l'OCDE (CSC-OCDE) à travers le conseil des Global Unions.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 20/07/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salima Tlemçani
Source : www.elwatan.com