Algérie

7 janvier 57, la bataille d'Alger commence



7 janvier 57, la bataille d'Alger commence
Depuis 1936, Alger était le principal foyer du nationalisme algérien musulman ; tous les partis y avaient leur siège. C’est là que l’insurrection du 1er novembre 1954, la "Toussaint rouge", avait été organisée par les fondateurs du FLN-ALN (Front et Armée de libération nationale). Le chef du FLN à Alger, Rabah Bitat, finit par tomber aux mains de la police, le 21 mars 1955. Ramdane Abane, fut alors chargé de réimplanter le FLN dans la ville, il fit d’Alger la principale base arrière de l’ALN et un centre de communications avec les autres organisations du FLN en Algérie, en France et au Caire. La capitale apparaissait comme le véritable centre nerveux de la révolution algérienne. Abane disposait également de groupes armés. Leurs principales cibles étaient les indicateurs de police, les policiers et gardiens de prison trop zélés, les "contre-terroristes", et tous ceux qui défiaient l’autorité ou la discipline du FLN (particulièrement les messalistes du MNA), il n’était pas encore question d’attentats aveugles contre la population européenne. Abane avait désapprouvé en privé les massacres de civils.

Arrestations durant la bataille d'Alger

Tout se précipite quand Robert Lacoste décide, le 19 juin, de faire exécuter les premiers condamnés à mort, et lorsque le contre-terrorisme européen se déchaîne en détruisant un pâté de maisons de la Casbah. Simultanément le congrès de la Soummam, sorte d'états généraux de l'insurrection, institue un Comité de coordination et d'exécution (CCE) qui doit diriger le développement d'un terrorisme urbain visant la population européenne. L'explosion des premières bombes (30 septembre) ouvre un quatrième trimestre sanglant qui se clôt par l'assassinat d'Amédée Froger, et la chasse à l'Arabe - les ratonnades - qui accompagne ses obsèques. Dès le 3 janvier 57 une bombe éclate dans le trolley de la ligne Hydra-Grande Poste, qui tue un passager et en blesse treize autres, dont trois seront amputés.

Dans l'urgence, le gouvernement met en oeuvre des pouvoirs spéciaux que le parlement lui a accordé le 12 mars 1956. Le 7 janvier, Robert Lacoste explique à Massu, commandant de la 10e DP : "Je vais vous confier l'ordre dans le département d'Alger. Vous aurez tous les pouvoirs. Avec votre division, vous allez reprendre tout en main." Massu dispose de ses quatre régiments parachutistes (800 par régiment), des troupes de la garnison du Grand Alger (zouaves, CRS, gendarmes départementaux et mobiles) et des services de police urbaine et judiciaire

Arrestations durant la bataille d'Alger

Les quatre régiments parachutistes sont affectés chacun à un secteur d'Alger et de sa banlieue. Ils constituent un quadrillage offensif dans quatre quartiers à majorité musulmane. L'officier de renseignements de chaque régiment est chargé de diriger la collecte d'informations qui permettra d'identifier les responsables du FLN, de ses groupes armés. Il existe une équipe assez clandestine pour ne jamais apparaître dans l'organigramme de la 10e DP. Elle est dirigée par le commandant Aussaresses et composée de sous-officiers choisis par lui. C'est l'équipe qui, par tous les moyens, cherche le renseignement et se charge des basses oeuvres.
Le FLN lance un appel à la grève générale pour le 28 janvier 1957 mais l’armée brise le mouvement en forçant les échoppes à rouvrir. Au stade d’Alger, à El-Biar, au casino de la Corniche, les indépendantistes du FLN poursuivent leur campagne d’attentat. Mais sur ce point encore, la répression aveugle de l’armée française commence à porter ses fruits. Les coupables comme les suspects sont torturés, parfois exécutés, et les hommes du général Massu reconstituent la pyramide qui mène à la direction du FLN à Alger. D''énormes dégâts sont infligés au FLN qu'un de ses responsables énumère ainsi : "Démantèlement de l'appareil politico-militaire, [...] occupation de la Casbah par les "paras" ; répression sous toutes ses formes, frappant les couches sociales aisées comme les couches pauvres de la population". Six semaines après le début des opérations, en février, les chefs du FLN comprennent qu'ils ont perdu. A l'insu de leurs troupes, ils décident de quitter Alger. Larbi Ben M'hidi, sans doute le chef historique le plus prestigieux du FLN, est arrêté par les parachutistes. C'est aussi le sort que connaît, quelques mois plus tard, Yacef Saadi. Fin septembre 1957, Alger est sous le contrôle de l'armée française

Réouverture forcée des boutiques lors dela grève - Action psychologique dans la casbah


Défaite du FLN ne veut pas dire victoire pour la France. un des objectifs de l'armée :était rallier la population. Or, les dommages collatéraux du maintien de l'ordre ont abouti à un résultat opposé à celui recherché : terrifiée par la violence qu'elle a vue à l'oeuvre dans la Casbah, la population algérienne ne s'interroge plus sur son adhésion au FLN ; elle est désormais de coeur avec lui. La disparition de l’organisation politico-militaire nationaliste n’impliquait pas celle du sentiment national algérien, enraciné dans la religion musulmane et très largement répandu à Alger avant 1954. Malgré le choix de nombreux militants et intellectuels de rejoindre le maquis ou de quitter le pays, un esprit de résistance était entretenu dans leurs familles par le souvenir des morts, des disparus, des prisonniers et internés, par la proximité de la prison de Barberousse, en haut de la Casbah, et par les bruyantes manifestations qui saluaient les exécutions capitales dans la cour.

En juillet 1957, une commission d’enquête installée trois mois plus tôt par le Premier ministre socialiste rend un rapport accablant sur les pratiques de l’armée en Algérie, mais le journal Le Monde est saisi lorsqu’il en publie quelques extraits. En France, quelques intellectuels dénoncent la torture, Jean-Jacques Servan-Schreiber, le patron de L’Express, publie ses carnets, intitulés Lieutenant en Algérie, dans lesquels il dénonce les pratiques de certains militaires… mais le travail de mémoire n’a jamais été réalisé - pas plus qu’en Algérie


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