Algérie

64e partie



Résumé : Mouhoub et Yasmina formaient une famille heureuse. Quatre enfants sont venus combler leur vie, et cela n'était pas pour leur déplaire. Ils n'ont que des garçons, alors que la jeune femme avait espéré la venue d'une fille.
Mais Yasmina avait décidé de mettre un frein définitif à toutes ses ambitions. Elle était une bonne mère et une excellente épouse, et suscitait le respect de tout son entourage. Elle sortait souvent, emmenait ses enfants à l'école ou au jardin, lisait, faisait le ménage et préparait à manger. Ces tâches l'occupaient pleinement, et malgré ses multiples devoirs elle se sentait heureuse. Mouhoub était un homme bon, et l'aidait de son mieux à gérer leur ménage. Il s'occupait lui-même des deux aînés et les initiait sans trop de mal au monde de l'instruction.
Vifs et intelligents, Malek et Farid assimilaient rapidement leurs leçons et obtenaient d'excellentes notes à l'école. Sid-Ali et Mustapha, les deux derniers, prenant exemple sur leurs frères, devinrent à leur tour de bons écoliers.
Les années passent. La petite famille de Mouhoub vivait heureuse et comblée. Mais il était écrit quelque part que ce bonheur ne devait pas durer. La crise économique menaçait l'univers. La politique du nouveau monde n'était pas pour arranger les choses. Quelque part, une guerre affûtait ses armes. La famine sévissait. Des familles entières sortaient tous les matins pour mendier ou chercher du travail. Les plus chanceux trimaient soit dans des mines de charbon, soit dans des ateliers de couture. Femmes et hommes luttaient contre la faim et la misère.
Les premiers fondateurs de l'imprimerie où travaillait Mouhoub trépassèrent l'un derrière l'autre, et les héritiers, n'ayant aucun sens de la gestion, louèrent les services de quelques administrateurs qui, en quelques mois, anéantirent tous les espoirs.
L'imprimerie fermera ses portes et mettra son personnel en congé forcé tout en assurant à ses cadres que ce n'était qu'une question de temps. Il fallait mettre un peu d'ordre dans la maison, et pour cela on avait fait appel à des experts.
Mouhoub, qui savait que l'imprimerie jouissait d'une bonne santé financière, ne s'alarma point. Il prit le bon côté des choses, en proposant à Yasmina des vacances au bled, afin que les enfants fassent plus ample connaissance avec leur famille.
Yasmina, ignorant la triste réalité, accepte avec joie ce voyage qui lui permettra de revoir son ancien quartier, ses parents, sa famille et ses amis.
Elle prépare donc minutieusement le départ, et apprit aux garçons qu'ils devraient prendre le bateau dans quelques jours pour se rendre au pays, où les attendaient leurs grands-parents et leurs cousins.
Le voyage se déroula sans incident. Yasmina, Mouhoub et leurs quatre enfants sont reçus à bras ouverts par leurs familles. On embrasse les enfants, et on s'extasie sur leur beauté, puis on revient à Yasmina et à Mouhoub, qu'on n'avait pas revus depuis une dizaine d'années.
Mohamed et Razika sont heureux de recevoir tout ce beau monde chez eux, malgré l'insistance de Malika qui voulait que son neveu et sa famille emménagent chez elle.
Profitant de leur séjour au bled, Yasmina proposa de circoncire ses deux derniers dans la spacieuse maison de ses parents.
On égorgea des moutons, et on donna une grande fête.
Les deux grands garçons de Mouhoub allaient de découverte en découverte. Ils étaient curieux de tout, et ne cessaient de poser mille et une questions.
Les vacances touchaient à leur fin. Mouhoub commençait à s'inquiéter. L'imprimerie n'avait donné aucun signe. Est-ce que deux mois n'étaient pas suffisants pour remettre les pendules à l'heure '
Il en parla en fin de compte à sa femme, et Yasmina le rassura en lui certifiant que parfois les opérations comptables et administratives pouvaient prendre beaucoup de temps.
Mouhoub prendra son mal en patience... Quelques jours plus tard, un télégramme lui parvint. La direction de l'imprimerie le convoquait. Sans plus tarder, le jeune cadre prend le bateau pour Marseille dès le lendemain matin. Il avait préféré partir seul, car Yasmina, qui ne s'attendait pas à un départ aussi hâtif, n'était pas prête pour le voyage et ne devait le rejoindre avec les enfants qu'une semaine plus tard.
Mouhoub se présenta au siège de l'imprimerie dès son arrivée dans la ville phocéenne.
On le reçut à bras ouverts, on lui proposa même un café, avant de lui annoncer la nouvelle : l'imprimerie était en faillite.
(À SUIVRE)
Y. H.


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