Algérie

6000 milliards de dinars dans la nature


L'informel gangrène l'économie nationale. Il hypothèque, même, sérieusement son développement. Plus de 6000 milliards de dinars circulent actuellement en Algérie hors secteur bancaire. «La circulation fiduciaire hors banques est passée à 6140,7 milliards (mds) de DA à fin 2020, contre 5437,6 mds de DA à fin 2019, soit une augmentation de 12,93%», indique la Banque d'Algérie dans sa dernière note. Ce qui correspond, estime l'institution financière, à 34,73% de la masse monétaire à fin 2020 contre 32,94% à fin 2019. Une somme considérable qui aurait pu servir en ces temps de vaches maigres. D'autant que le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, misait sur ce gisement pour relancer une économie doublement impactée par la chute des prix du pétrole et la pandémie du coronavirus. «Nous préférons emprunter aux Algériens en leur donnant toutes les garanties nécessaires», disait le chef de l'Etat, en faisant savoir que «le secteur privé représente quelque 6000 milliards de dinars ou 10000 milliards de dinars, l'équivalent de 100 milliards de dollars de fonds». Pour attirer cette «cagnotte» dans le secteur formel, Abdelmadjid Tebboune avait affirmé que «des garanties et des facilitations seront accordées aux propriétaires de ces fonds pour contribuer à l'économie nationale». Le pari est, toujours, en cours. Lors d'une réunion du Conseil des ministres tenue en juillet 2020, le chef de l'Etat avait instruit le gouvernement d'accélérer la réforme financière, à travers plusieurs mesures qui permettraient à l'Etat d'économiser 20 milliards de dollars. Parmi les mesures préconisées, la réduction du niveau des importations, notamment les services et le transport maritime de marchandises, pour préserver les réserves de change, et de récupérer l'argent disponible dans le marché informel pour le réintégrer dans le circuit officiel. Force est de constater toute la difficulté à mettre en application ces mesures sur le terrain afin de mettre un «holà» à l'économie de l'«ombre». Une économie qui continue à prospérer en l'absence de mesures incitatives. Certes, des mesures ont été avancées à l'image de la finance islamique et de l'emprunt obligataire. En vain! Mais, le pari est toujours en cours. En outre, loin de nous l'idée de reprocher aux banques d'avoir été inefficaces et incapables de collecter cette épargne, il n'en demeure pas moins que la politique de l'épargne a été déficiente. D'autant que toutes les démarches entreprises pour récupérer, l'argent de l'économie informelle, dans les circuits légaux se sont avérées infructueuses. En 2012, déjà, le défunt ministre du Commerce, Bakhti Belaïd, l'avait clairement déclaré en annonçant que l'argent de l'informel est de plus de 50 milliards de dollars. En décembre dernier, le président de la Confédération algérienne du patronat citoyen, Sami Agli, a estimé la sphère hors du champ de la régulation, à savoir le marché noir, algérien, à 60 milliards de dollars, tout en reconnaissant que «le marché parallèle sera plus fort l'année prochaine, en raison de la crise qu'a connu l'Algérie cette année». Un montant «très élevé» au point que le secteur économique informel représente une part non négligeable de l'économie nationale. Normal. Une bonne partie des transactions se fait sans facture et en argent comptant. Ce qui représente un préjudice fiscal considérable. Un danger pour les finances nationales. La bonne nouvelle' La politique monétaire adoptée par la Banque d'Algérie a réussi à améliorer le niveau de la liquidité bancaire, qui a atteint plus de 632 mds de DA à la fin 2020, après avoir chuté à moins de 462 mds de DA à la fin des neuf premiers mois de l'année, du fait du déficit courant de la balance des paiements et des impacts économiques de la pandémie du Covid-19. Et malgré la crise sanitaire et ses impacts économiques et financières, les crédits à l'économie ont enregistré une croissance de 3,05% en 2020 contre 8,84% en 2019, selon la BA. Leur encours est ainsi passé de10857,8 mds DA à fin 2019 à11188,6 mds DA à fin 2020.
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