Algérie

6000 agents en mission impossible



6000 agents en mission impossible
Ils n'ont droit de regard que sur les prix des produits réglementés, tels que le pain et le lait, le reste est libre...Le ministre du Commerce a mis en évidence le nombre d'agents mobilisés pour le contrôle, mais est-ce suffisant face aux grands souks du Ramadhan'«6000 agents de contrôle sont mobilisés, répartis sur 3000 brigades, jour et nuit (après l'Iftar).» C'est avec ces chiffres et beaucoup d'entrain, que le ministre du Commerce, Amara Benyounès, a dévoilé son plan opérationnel annuel de répression des fraudes et du contrôle de la qualité. Malgré cette fierté et cette assurance de M.Benyounès ces chiffres nous laissent sur notre faim en ce mois de jeûne. Car, il faut l'avouer, 6000 agents c'est bien mais... pour la wilaya d'Alger seulement.Que peuvent contrôler 6000 agents sans grands moyens sur un vaste territoire comme notre pays, qui plus est, durant le mois de Ramadhan' «Notre association a toujours insisté sur ce point, le nombre d'agents de contrôle reste très insuffisant, et ce même s'il a pratiquement doublé ces deux dernières années», soutient le Dr Mustapha Zebdi, président de l'Association nationale de protection des consommateurs.Le Dr Zebdi rappelle par la même occasion le rôle de ces agents qui reste limité. «Ils contrôlent la qualité et la fraude sur ces produits, tels les dates de péremption. Ils s'occupent aussi du contrôle des activités particulièrement en ce mois de Ramadhan où beaucoup de commerçants changent d'activité sans autorisation préalable», explique-t-il.«Pour ce qui est des prix, ils n'ont droit de regard que sur ceux des produits réglementés, tels que le pain et le lait, le reste est libre...», poursuit-il pour signifier que ces agents, qui n'ont pouvoir que de dresser des PV, ne sont pas la solution miracle à la régulation du marché et de ces prix durant le mois sacré du Ramadhan.Pis encore, même le rôle d'empêcher les activités frauduleuses et informelles qui sont légion chaque mois de Ramadhan ne semble pas pouvoir être effectué par ce nombre restreint d'agents. Un petit tour dans n'importe quelle petite ruelle du pays et on se rend compte que les vendeurs du Ramadhan répondent à Benyounès en le narguant. Ils sont partout en ces deux premiers jours du Ramadhan et ils n'ont pas l'air d'être inquiets. Le marché informel a en effet repris de l'ampleur en ce début de mois sacré du Ramadhan Et pas que sur les trottoirs. Des vulcanisateurs, des cordonniers, des mécaniciens,... ont décidé de se mettre à la vente occasionnelle de «zlabia et de kalbalouze», des confiseries proposées avec un supplément de «mouches ou d'abeilles»... Bon nombre de citoyens se sont ainsi transformés en vendeurs du «Ramadhan».Une simple virée dans les quartiers populaires de la capitale nous renseigne vite que le marché informel a encore de beaux jours devant lui. Rues, ruelles et trottoirs sont complètement squattés par les vendeurs à la sauvette. Toutes sortes de produits sont proposés et plus particulièrement les produits dits «périssables».La «cherbet», une boisson très sensible et qui devrait être pasteurisée, est préparée dans des bidons à l'hygiène très douteuse, en plus d'être exposée toute la journée sous un soleil de plomb. Cette boisson traditionnelle est vendue dans des sachets de congélation. De nouveaux modes de consommation sont aussi apparus. Des restaurants clandestins proposent des lapins, poulets, cailles... Dans ces baraques, le client choisit «le gibier» à consommer et qui est égorgé et préparé sur place: «Du producteur au consommateur.»Il y a aussi des jeunes qui proposent des boureks préparés. Ces boureks farcis à la viande hachée ou au poisson (qui sont des produits très sensibles), sont préparés et vendus sur la chaussée sans le moindre respect des normes élémentaires d'hygiène. Après le f'tour, changement de décor. Ces mêmes marchands se transforment en vendeurs de glaces ou en «chawaïs» (rôtisseurs).Ils squattent les trottoirs et proposent des brochettes de viande et des glaces d'origine suspecte et sans la moindre traçabilité. Des produits très prisés par les Algériens durant cette période, mais surtout des produits à très haut risque.La réalité du terrain a donc rattrapé le ministre du Commerce avec les métiers du Ramadhan qui font encore la loi. Les 6000 agents de Benyounès ont du pain sur la planche...




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