Algérie

6 mois de sursis et 10 millions d’amende contre les deux chrétiens


Rachid et Djallal, les deux accusés de prosélytisme chrétien, ont exprimé leur déception à l’issue du verdict qu’ils considèrent injustifié, tout comme leur avocate.Le tribunal correctionnel de Tissemsilt, relevant de la cour judiciaire de Tiaret, a rendu, hier, son verdict dans l'affaire de Rachid et Djallal, les deux chrétiens jugés la semaine dernière dans un procès en appel à l'issue duquel le représentant du ministère public avait seulement demandé l'application de la loi. La condamnation, jugée accablante tant pour les accusés que pour leur défense, est de 6 mois de prison avec sursis et 10 millions de centimes d'amende à l'encontre de ces jeunes informaticiens, accusés de prosélytisme. Le tribunal s'est référé à l'article 11 de l'ordonnance n° 06-03  datée du 28 février 2006, condamnant la pratique de prosélytisme.
Cependant, au vu de cette sentence considérée comme pour le moins ahurissante, dans la mesure où ils considèrent injustifiés les chefs d'inculpation retenus contre eux, les accusés semblaient en état de choc  Néanmoins, si Djallal campait dans son silence, synonyme d'une profonde angoisse morale, Rachid, avec ses quarante ans, a été affecté par cette abominable expérience vécue tel un feuilleton qui n'arrive pas à trouver son épilogue, dans les couloirs de la justice. “Lorsque je reprends aujourd'hui  le cheminement de cette affaire, je réalise toute la souffrance que j'ai endurée et qui persiste. Cette physionomie que vous voyez n'est que le miroitement d'une âme brisée et scandalisée pour le seul péché d'être chrétien dans la mesure où je maintiens que je suis victime de la pire des choses qui puisse arriver à une personne, à savoir l'injustice”, tenait-il à déclarer avant d'enchaîner : “ Je n'ai pas honte, cependant, d'être condamné pour l'Évangile car je suis convaincu que l'Évangile est la puissance de Dieu pour le salut de tous ceux qui y croient”. Quant à ses espérances, avant le verdict, ce dernier affirmait qu'il attendait une certaine clémence du tribunal qui devait, selon lui, rétablir les valeurs de base. Mais, dira-t-il, “nous sommes irrémédiablement confondus à un état d'esprit hanté par la dislocation, la mise à l'écart, la méfiance soigneusement habillée et minutieusement entretenue vis-à-vis de la communauté chrétienne”.
Au demeurant, les concernés condamnés par défaut le 27 novembre 2007, dans le sillage de cette affaire, à la peine de deux ans de prison ferme assortie d'une amende de 50 millions de centimes chacun, sont déterminés à faire appel encore une fois. S'agissant de l'avocate de la défense, Me Khalfoun Khalloudja en l'occurrence, elle considère s'accorder un temps de réflexion et d'analyse avant de prendre une décision quant à la suite qu'elle aura à réserver à ce dossier. “Il est vraiment tôt de me prononcer sur ce que je dois entreprendre, mais je vous promets de vous tenir au courant au moment opportun. Pour l'heure, je dois bien me concentrer sur cette affaire et me concerter avec mes clients”, nous répondait-elle.
Pour revenir à cette affaire, elle remonte, pour rappel, au 7 avril 2007 quand, se trouvant à Tissemsilt dans un but socioprofessionnel, Rachid et Djallal, âgés respectivement de 40 et 36 ans et informaticiens de profession, furent arrêtés par des policiers qui, auparavant, avaient inventé une histoire d'irrégularité de leur véhicule avant de les conduire au commissariat et procéder à une fouille pour trouver en leur possession des livres chrétiens et des cassettes audio. Après une garde à vue émaillée par une série d'interrogatoires, ces derniers furent présentés devant le magistrat qui leur avait rendu leur liberté jusqu'au jour où, à leur insu, ils ont écopé de la condamnation par défaut citée plus haut.
Toutefois, pour une affaire similaire ayant entraîné la comparution de quatre autres chrétiens, dont deux ont été acquittés pour avoir nié leur appartenance au christianisme, Rachid et Djallal sont déjà frappés, le 3 juin dernier, d'un même sursis de
6 mois et 20 millions d'amende par le tribunal correctionnel de Tiaret. Par ailleurs, le cauchemar continue pour Rachid dans la mesure où il comparaîtra le 15 juillet prochain à Oran, en compagnie de deux autres jeunes Hamid et Youssef, pour le délit d'offense à l'endroit du Prophète Mohamed.
Il s'agit d'un procès en appel qui fait suite à leur condamnation par défaut, le 27 janvier dernier, à une peine de 3 ans de prison ferme et une amende de 50 000 dinars chacun. Dans ce sillage, Rachid affirmera que cette affaire remonte au mois de décembre 2007 quand un “renégat”, auquel ils avaient porté assistance car prétendant se trouver dans le besoin pressant en usant de subterfuges mesquins,  est allé étaler des mensonges auprès des services de sécurité en les accusant d'avoir insulté le Prophète.
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