Algérie

«6 millions d'euros d'exportation frauduleuse du cuir vers l'Europe» Amar Takjourt, SG de la fédération UGTA des travailleurs du textile


«6 millions d'euros d'exportation frauduleuse du cuir vers l'Europe»                                    Amar Takjourt, SG de la fédération UGTA des travailleurs du textile
Photo : M. Hacène
Par Faouzia Ababsa

Alors que les gendarmes français portaient des chemises algériennes, les policiers algériens portent celles italiennes. Un étrange paradoxe, que le secrétaire général de la Fédération des travailleurs du textile et du cuir n'arrive pas à s'expliquer. Amar Takjourt, qui était, hier, l'invité de la rédaction de la chaîne III de la Radion algérienne, est revenu sur son secteur qui, en dépit de toutes les décisions prises par les pouvoirs publics pour le relancer, peine à redémarrer. Il impute cette situation au paradoxe qui existe entre la volonté affichée des pouvoirs publics de sauver le secteur, en y injectant 2 milliards de dollars, et la réalité du terrain, qui bloque toute velléité de relance. En fait, il ira jusqu'à finalement douter de la volonté du gouvernement de s'intéresser à un secteur qui, s'il est réellement pris en charge, génèrera autant de dividendes que le pétrole et le gaz. «Le plan de redressement du secteur a été engagé depuis une année et demie. Jusqu'à aujourd'hui, aucun bilan n'a été établi». Amar Takjourt a demandé à ce que le point soit fait, pour situer les «manquements et les lenteurs, dans le souci d'y remédier». Cela, non sans souligner que «le retard pris est dû, essentiellement, au fait que les pouvoirs publics se sont beaucoup plus penchés sur les choses techniques. Les contradictions existantes entre les différentes institutions que sont les banques et le Trésor public, quant aux chiffres. Pendant ce temps, le secteur périclite». De plus, a indiqué le SG de la fédération Ugta du textile, «6 000 travailleurs devraient partir ou seront partis à la retraite en 2014, alors que la relève n'est pas assurée». «Il n'y a aucun plan de formation, pas un seul ingénieur en textile n'a émergé des instituts.» Il ira donc, et dans le but de combler les insuffisances, jusqu'à revendiquer le maintien des futurs retraités, détenteurs de savoir-faire. Sur un autre plan, et en termes de partenariat, l'invité de la rédaction a révélé que «les Turcs sont très intéressés par le secteur en Algérie. Et la règle des 51/49% ne les gêne nullement». «Les seuls obstacles résident, donc, dans les lenteurs administratives et la bureaucratie qui a, décidément, la peau dure». M. Takjourt a affirmé que «l'Algérie gagnerait à s'intéresser à la production de la fibre synthétique et à la production du coton, au lieu de continuer de dépendre de l'importation des matières premières». Sur un autre plan, l'hôte de la Radio nationale a révélé que «pas moins de 6 millions d'euros de cuirs ont été exportés vers l'Europe, alors qu'officiellement l'on ne parle que de 200 000 euros de recettes pour le même produit. Où est passée la différence», s'est-il interrogé, non sans insister sur le fait que les exportateurs ont réussi à contourner une disposition de la loi de Finances 2009 qui interdit l'exportation de la peau brute en recourant au semi-fini. «Il est temps que l'Etat intervienne. C'est l'informel qui est encouragé par ces pratiques, sachant que ces peaux sont vendues sans facturation aucune et sortent, en général, de tanneries clandestines.» Et l'orateur d'ajouter : «Si des mesures ne sont pas prises en urgence, afin d'interrompre cette exportation anarchique, je dirai qu'il y a des complicités autour de cette filière et ce, à tous les niveaux.» M. Takjourt n'a pas hésité à désigner des lobbies comme ceux activant dans la friperie et dont les représentants dans la précédente législature, s'ils ont fait un compromis en acceptant l'interdiction de l'importation du chiffon n'en ont pas moins autorisé la commercialisation. Ce qui revient au même. C'est comme si le gouvernement n'avait rien fait, puisque les magasins de «la fripe» continuent de pousser comme des champignons.
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