New York revit son traumatisme
Les fictions hollywoodiennes sur le sujet leur sont souvent insupportables et la perspective des commémorations leur pèse. Nombre de New-Yorkais revivent le traumatisme des attentats du 11-Septembre à l’approche du 5e anniversaire.
Cinq ans après, New York a repris le dessus et la vie et les affaires ont repris leurs droits. Mais à Ground Zero, comme dans les esprits, les attentats ont laissé une cicatrice durable. «Ca reste difficile», dit Tovah Klein, professeur de psychologie au Barnard College et auteur d’une étude sur l’impact subi par les familles. «Pour la plupart, le souvenir s’est estompé, mais le 5e anniversaire réveille tout, même chez ceux qui n’ont pas perdu de proches». Les signes de retour à la normale sont chaque année plus nombreux. Le 11 septembre 2006 au soir, les shows auront lieu à Broadway, Madison Square Garden accueillera un championnat de lutte, l’équipe de base-ball des Yankees affrontera les Baltimore Orioles.La semaine des défilés de mode, annulée il y a cinq ans, battra son plein. Mais la liste ne fait pas illusion, ce jour reste à part. «Les gens en reparlent beaucoup en ce moment», relève Mme Klein. «Une dame m’a dit ‘J’ai l’impression que ça se reproduit. Je viens de voir le film («World Trade Center»). Impossible de penser à autre chose». «Je suis sûre que beaucoup se posent la question: ‘que vais-je faire ce 11 septembre?’», dit-elle, soulignant qu’une de ses amies a choisi de retarder la fête d’anniversaire de son fils. «C’est un jour difficile pour faire la fête».
Pas de sorties
Dès 2005, le New York Times notait que plus de New-Yorkais osent désormais sortir ce soir-là, mais qu’il reste une «étiquette 11-Septembre», avec des limites: pas de mariages, peu de fêtes. Amy Hui, 34 ans, a vu la catastrophe de près. Cadre d’une compagnie d’assurances, elle a travaillé pendant des années dans les tours jumelles. Le 11 septembre 2001, le 2e avion s’est encastré dans la tour sud sous ses yeux. «J’oublie de plus en plus ce qui s’est passé», avoue-t-elle. Pourtant elle lève toujours la tête dès qu’un avion vole bas sur la ville. Le jour anniversaire, elle suivra sur internet la cérémonie à Ground Zero. Et pas question de fixer de rendez-vous à cette heure: «par respect». Le fardeau est d’autant plus lourd pour les témoins, familles, secouristes, et certaines communautés voisines comme Chinatown.
Où sont les coupables?
Le 11 septembre, la New-Yorkaise Christine Huhn sera en Utah, dans un des parcs qu’aimait son mari David, tué dans les attentats. «C’est serein, j’ai l’impression d’être plus proche de lui là-bas», dit la jeune femme, qui ne supporte plus les images des tours et encore moins les extraits télévisés du film d’Oliver Stone. «C’est bien qu’ils aient attrapé ces gens», ajoute-t-elle à propos de l’attentat manqué de Londres. «Mais je me demande pourquoi on n’a pas fait de même le 11 septembre» 2001. Il est difficile de se remettre d’un tel événement, dit Marianne Yoshioka, professeur à l’université de Columbia, qui a formé nombre de thérapeutes aux effets du 11-Septembre. 47% souffrent encore de détresse psychologique. Une association, «One Day’s Pay», milite pour que le 11 septembre soit jour férié.
Le maire de New York se joindra à Bush
Le maire républicain de New York, connu pour ses critiques à l’encontre de l’administration Bush, assistera aux côtés du président américain, aux commémorations du 5ème anniversaire des attaques du 11 septembre 2001, a annoncé un porte-parole de la Maison-Blanche. Michael Bloomberg devait se joindre hier au couple présidentiel pour déposer des couronnes sur le site de «Ground Zero». Ils devraient ensuite se retrouver pour une cérémonie du souvenir en la Chapelle St Paul. Bien que Michael Bloomberg ait souvent et durement critiqué la politique de George W. Bush, notamment ses positions sur l’avortement, les armes et la recherche scientifique, les deux hommes se sont rencontrés plusieurs fois.
Meriem Ghezzal
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Posté Le : 11/09/2006
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com