Algérie

5e Rencontre euro-algérienne des écrivains «L'évasion» pour concrétiser la liberté



5e Rencontre euro-algérienne des écrivains «L'évasion» pour concrétiser la liberté
Débat - La 5e rencontre euro-algérienne des écrivains a été ouverte, hier, à l'Hôtel El-Djazaïr.
Cette rencontre à laquelle une vingtaine d'écrivains algériens et européens ont pris part, est devenue un rendez-vous permanent pour les férus de littérature.
Dans sa communication intitulée «Littérature comme évasion, évasion comme délivrance», l'écrivain roumain, Nicolae Prelipceanu, a particulièrement évoqué l'intérêt du recours à l'évasion littéraire autant pour l'écrivain que pour le lecteur dans des pays sous régimes totalitaires, donnant ainsi l'exemple de son pays la Roumanie sous Nicolae Ceausescu. Il rappellera : «Le lecteur occupe une grande place dans nos discours quand nous parlons d'évasion dans la littérature, cependant cette dernière est plus importante pour l'écrivain, que pour le lecteur. En Roumanie, au temps du communisme, les écrivains étaient confrontés à un défi, à savoir celui de comment créer un monde de pluralisme sous un régime totalitaire. En effet, le régime s'immisçait dans l'imaginaire littéraire, ainsi tout écrivain qui osait créer un monde différent de celui recommandé, était détourné de l'écriture vers d'autres activités au service du régime.»
Pour sa part, l'écrivain algérien Habib Ayoub a orienté sa communication sur l'attribution des prix littéraires. Sans amoindrir la qualité des écrivains titulaires de prix littéraires, tel le prix Nobel, Habib Ayoub s'attaque à la crédibilité des commissions d'évaluation, qui manquent, selon lui, d'objectivité dans l'attribution des prix, laquelle est souvent sujette à discussion, notamment en ce qui concerne l'appréciation de la valeur littéraire des 'uvres ou l'estimation de l'écrivain lui-même. Il évoquera le travail de coulisses et même l'inégalité exercée envers les écrivains des pays du Sud, qui sont peu nombreux à recevoir ce prix.
L'écrivain Amin Zaoui, lui, est persuadé que la langue est le premier élément d'évasion, d'abord la langue maternelle, qui lui a permis de vivre l'imaginaire à travers les contes dits par sa mère, puis la langue classique des cahiers et des livres qui lui a permis de revivre les siècles d'El-Mutanabbi et d'El-Nabigha, ensuite c'est dans la langue de Molière et d'Hugo qu'il découvre un autre monde d'évasion avec une autre civilisation qui s'offre à lui. Enfin, c'est à travers de la langue espagnole qu'il suit le chemin de Tarik Ibn Ziad, vers l'Andalousie. Autant de langues pour ouvrir les chemins de l'imagination et de l'évasion dans divers univers.
- La 5e rencontre euro-algérienne des écrivains, qui prendra fin aujourd'hui, aura le mérite de créer un lien entre les écrivains qui se rapprochent géographiquement et s'éloignent intellectuellement, mais se rejoignent dans la passion de l'écriture.
L'écrivain Abdelkader Hamid estime que l'intérêt de cette rencontre est de rassembler les écrivains autour de «l'évasion», thème très important pour la création littéraire. Pour lui, «l'évasion dans la littérature, est une échappatoire qui permet de découvrir l'autre et se découvrir soi-même, elle permet à l'écrivain d'aller vers les cultures lointaines pour façonner sa propre culture». Khadidja Noumeiri, jeune écrivaine algérienne, nous confie : «Une telle rencontre ' vu que nous manquons d'espace de rencontre ' permet, d'abord, de rapprocher les écrivains algériens entre eux. Cela permet de se connaître soi-même en présence de personnes qui nous ressemblent dans la création de l'imaginaire à travers l'évasion qui s'impose à l'écrivain à la première prise du stylo. Alors pour nous le monde perd ses repères et ses vérités, nous entrons dans une autre dimension d'existence, nous sommes libres. L'évasion c'est d'abord la liberté.» La romancière Maïssa Bey doit beaucoup à l'évasion dans son écriture. Elle expliquera : «Celle-ci me concerne particulièrement. En tant que lectrice, l'évasion me permet de fuir un univers hostile, une sensation qui se transmet involontairement à mes héroïnes quand elles sont confrontées à des situations difficiles.».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)