Algérie

59% favorables à l'usage d'une langue étrangère



La francophonie a encore de beaux jours devant elle et les Algériens en expriment le besoin. C'est ce qui ressort du sondage qui a touché un échantillon représentatif de la population adulte algérienne. Ils sont pas moins de 59% à revendiquer l'enseignement des matières scientifiques en langue française et ce, afin « d'améliorer le niveau de l'école algérienne ». Contrairement à certaines idées distillées sur une soi-disant résistance de la société algérienne à la langue de Molière, le sondage en question fait ressortir que la majorité des Algériens sont plus pragmatiques que leurs dirigeants et qu'ils sont libres de tout calcul ou moule idéologique. Alors qu'on les disait majoritaires et nombreux, le même sondage avance que le courant de l'arabisation est bien minoritaire dans la société. Seuls 26% se sont exprimés pour le maintien de l'enseignement en arabe ; 10% se sont abstenus de répondre ; 5% trouvent l'option de l'enseignement en langue étrangère ni bonne ni mauvaise et seulement 1% ont défendu la langue de Shakespeare pour enseigner les mathématiques, les sciences, la technologie et la physique et chimie. L'analyse des réponses montre qu'à la proposition d'enseigner les matières techniques en français, « la proportion de personnes favorables augmente avec le niveau d'instruction. Elle passe ainsi de 51% pour les analphabètes à 68% pour le supérieur », souligne l'étude. Ainsi, sans tenir compte des 10% qui disent ne pas savoir, la proportion des personnes favorables « atteint des niveaux élevés pour tous les niveaux d'instruction. Elle arrive à 69% parmi les analphabètes, et à un chiffre quasi identique pour celle des individus du supérieur, soit 68% ». Une remarque qui montre que la société algérienne, dans toutes ses composantes, est ouverte et tend à trouver des solutions sans complexe à même de donner à l'école algérienne un second souffle porteur de salut.« Il semblerait qu'il y ait réellement un intérêt de la population relativement à l'enseignement des matières scientifiques en français. Ceci est assez paradoxal dans la mesure où lorsqu'on a proposé aux personnes sondées le faible nombre des matières enseignées en français comme explication du faible niveau ou niveau moyen de l'enseignant, cette explication ne recueillait pas un score très élevé. Elle était rarement classée aussi parmi les trois raisons prioritaires. Il faudrait donc sans doute interpréter cet intérêt comme une absence de rejet a priori d'une solution, même si elle peut être affectivement et politiquement chargée », indique l'analyse de Saïd Ighilahriz, directeur de l'institut Ecotechnics. L'intérêt pour l'utilisation du français est en effet important et il s'est exprimé à travers des réponses apportées à une autre question. Interrogeant les personnes sondées sur le système d'enseignement parallèle, plus communément appelé « phénomène des cours particuliers », le sondage fait ressortir que 24,2% des Algériens « ont au moins un enfant du niveau primaire ou moyen qui a pris des cours particuliers l'année passée ». Au-delà de ce que révèle ce chiffre sur le besoin en cours de soutien, il est à relever aussi que le français est la deuxième matière, après les mathématiques, pour laquelle les parents inscrivent leurs enfants à des cours particuliers. 40% des élèves ont recouru à l'enseignement parallèle pour apprendre le français, contre 70% pour les mathématiques, 31% pour la physique et 11% pour l'arabe. Un franc camouflet lancé à la face du système d'arabisation imposé par Boumediène au nom d'un conservatisme aveugle ne prenant pas en ligne de compte le besoin de s'adapter aux exigences du développement.Ce que les pouvoirs publics ont refusé à la société, mais pas aux enfants de la nomenklatura, en imposant une arabisation dirigée et orchestrée par une « qaoumia arabya » dont il ne subsiste que le nom dans une Algérie post-indépendance en mal de savoir-faire technique, a signé l'annihilation du système éducatif algérien. Aujourd'hui, la société algérienne prouve encore une fois qu'elle est largement en avance sur les institutions qui sont censées trouver des réponses adéquates pour sauver l'école des calculs politiciens. La société renvoie à ces mêmes institutions les complexes et les résistances dont ils l'affligeaient pour justifier du choix de politiques aventureuses. La société leur dit que tout n'est que vent devant la quête d'une véritable école productrice de savoir.


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