Algérie

554.000 habitations précaires: L'autre casse-tête du logement



Selon une étude de 2007, le nombre des habitations précaires a été estimé à 554.000. Cette enquête intersectorielle, auquel ont pris part la gendarmerie et la Sûreté nationale, a permis une localisation des lieux où se développe ce phénomène. De même, elle a permis d'établir l'identité de ses occupants. Intervenant sur la question au forum d'El Moudjahid, M. Aït Arab, cadre au ministère de l'Habitat, détaillera le chiffre. Il précisera qu'il existe des milliers de bidonvilles dont les habitations sont faites en parpaing, tôle, bâche en plastique… 280 000 habitations sans structures, construite de brique, parpaing, tôle. Et 188.000 autres, construites à base de terre.

 Il s'agit des habitations par exemple des Ksour des villes du Sud, des habitations des montagnes, casbah des villes anciennes. Ces habitations sont classées parmi la catégorie des constructions précaires en raison de la vétusté et la détérioration qu'elles connaissent du fait de l'homme ou du temps. Véritable casse-tête pour les pouvoirs publics car il n'est pas de tout repos d'éradiquer le logement précaire pour plusieurs raisons. Mais des solutions existent, selon les intervenants. Représentant seulement 8% du parc national immobilier (près de 6 millions de logements), 60% des habitations précaires se situent autour des villes. Les 40 % restants se trouvent dans la campagne d'après ce recensement.

 Notre pays est nettement mieux placé comparativement à d'autres pays d'Afrique où l'habitat précaire représente, selon des sources des Nations unies (ONU) citées par le conférencier, « presque la moitié de leurs parcs nationaux. ». L'on cite, à titre d'exemple, le cas de la Mauritanie dont le logement précaire représente 80%, de l'Egypte, de la Libye et du Maroc.

 Si le pourcentage de 8% n'est pas considéré de très important, il y a lieu de rattraper ce retard. Mis à part le programme quinquennal (2010-2014) de construction de logement, il a été également décidé de lutter contre l'habitat précaire dans ce programme par la construction de 340.000 logements, dont 70.000 sont en voie d'achèvement. Intervenant sur ce point, le président du Conseil des architectes (CNEA), M. Boudaoud, soulignera que la lutte contre l'habitat précaire ne peut connaître des avancées si « nous ne sortions pas des sentiers battus ». Il insistera sur la nécessité de rechercher de nouveaux matériaux de construction. Et, également, sur la nécessité que les communes, en attendant mieux, proposent quelque chose pour améliorer les conditions de vie des habitants logeant dans des conditions précaires. Il relèvera que si on divise le nombre de 70.000 habitations construites pour lutter contre la précarité sur le nombre de communes du pays, on s'apercevra qu'on est loin du compte. Or, il citera par exemple le cas de Semar (ex-Gué de Constantine) dans la commune de Bachdjarah – Alger où il y aurait, selon lui, 14 000 habitations précaires. « A ce rythme là, il y a lieu de se demander quand l'on résorbera ce problème », conclura-t-il.

La maîtrise par l'Etat des besoins et l'offre de logement ont aussi été au centre de ce débat. L. Khaldoun, consultant en aménagement urbain, axera son intervention sur l'aménagement. Il soulignera que dans ce domaine, peu de choses ont été faites depuis les années 1970. Pour lui, une politique d'aménagement du territoire peut s'avérer d'une grande efficacité pour freiner l'exode qu'il soit des montagnes ou des Hauts Plateaux. Faisant l'historique du phénomène, il impute cet excroissance des bidonvilles aux différents exodes qu'a connus le pays dans les années 1940, pendant la Guerre de Libération et après l'indépendance, généralement pour cause de dépression économique et déclin de l'agriculture. Mais, l'essentiel pour cet expert est de construire au moindre coût. Selon lui, il y a lieu d'encourager les petites et moyennes entreprises et d'opter également pour la construction de petits ensembles d'habitations, de diversifier et d'améliorer l'offre.




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