Algérie

50e partie



Résumé : Anissa consentira à accompagner sa belle-mère au hammam du quartier. À cette heure de la journée, il n'y avait pas grand monde. Elles prennent leur bain et reviennent à la maison quelques heures plus tard.
Zahia qui était fatiguée se rendit sans plus attendre dans sa chambre pour s'allonger et charge la jeune femme de s'occuper de la vieille grand-mère, que Nassima avait installée sur sa chaise roulante dans le salon.
Anissa se rappelle que la vieille Nafissa voulait manger du pain. Elle questionne sa belle-s?ur sur le sujet, et cette dernière hausse les épaules :
-Nous le lui mettons dans la soupe, sinon il va falloir attendre une éternité avant qu'elle ne puisse le mâcher et l'avaler.
-Pourquoi ne préparez-vous pas quelques légumes à la vapeur pour elle, je trouve que c'est bien plus consistant que cette soupe trop
liquide.
-Heu... je ne sais pas. Mère dit toujours qu'à son âge, on redevient comme un enfant, et qu'elle ne pourra rien avaler d'autre que du
liquide.
-Foutaise tout ça. Si elle peut mâcher son pain, elle pourra facilement faire passer ses légumes. Laisse-moi faire Nassima.
Anissa prend une carotte, une pomme de terre et une courgette et les met dans un couscoussier pour les faire passer à la vapeur.
Ensuite, elle prend un morceau de pain et l'émiette avant de le proposer à la vieille Nafissa, qui reconnaissant le goût du pain frais dans sa bouche, sourit et s'accroche à son bras :
-Brave fille, je vois que tu tiens tes promesses.
-Aller, mange, et mâche bien grand-mère Nafissa. Dans un moment, je te donnerai quelques légumes qui te redonneront des forces.
Une fois ses légumes cuits, la jeune femme les écrase et leur rajoute quelques gouttes d'huile d'olive, avant de les faire manger à la vieille femme.
Enfin rassasiée et heureuse, cette dernière se laisse aller sur sa chaise, et ferme les yeux en soupirant :
-Comme cela fait du bien d'avoir un autre goût dans la bouche que celui de cette soupe infecte.
Elle s'accroche au bras de la jeune femme :
-Tu es bonne et généreuse ma fille. Ce chenapan de Mourad ne te mérite pas. Ses deux précédentes femmes ont déjà fait les frais de son caractère et je leur avais conseillé de partir refaire leur vie ailleurs. Mon petit-fils est un être ignoble.
Elle déglutit et allait continuer, mais Anissa, qui n'avait pas envie d'entendre davantage sur son mari, essuiera la bouche et les mains de la vieille femme avant de pousser son fauteuil vers sa chambre et de l'aider à se mettre au lit pour sa sieste.
Depuis ce jour, la jeune femme s'occupera de la vieille grand-mère, qui ne mourut que deux années plus tard.
Les jours s'égrènent. Malgré sa bonne volonté et son fort caractère, la jeune femme passera sous le joug de son redoutable mari, et n'aura d'autre alternative que celle d' accepter son destin.
Mourad aurait eu besoin d'un psychiatre. Il passait d'un état d'âme à l'autre sans transition et faisait subir le calvaire à tout le monde. Elle avait tenté de le raisonner. En vain. Et malgré ses précautions, effarée, elle découvre un beau jour qu'elle était enceinte.
Comme elle dépérissait à vue d'?il, elle a dû se faire ausculter, par un médecin, et ce dernier confirmera sa grossesse.
Lorsqu'elle l'annonce à Mourad, il n'eut aucune réaction. À peine s'il avait daigné lui jeter un regard, comme pour sonder son âme, et s'assurer qu'elle ne lui racontait pas des bobards.
(À SUIVRE)
Y. H.


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