Algérie

50e ANNIVERSAIRE DU 17 OCTOBRE 1961 Une dimension toute particulière


De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed
Cette ampleur s'explique, sans doute, par deux raisons essentielles : d'abord le nombre considérable d'actions et de manifestations à travers tout le pays et pas seulement sur Paris et, partant, la mobilisation d'associations multiples, celles dont l'objet est précisément la reconnaissance des crimes commis par l'Etat français ou d'autres dont le terrain d'action est beaucoup plus large.
Ainsi et sans pouvoir les citer toutes (cet espace ne suffirait pas) : le collectif du 17 Octobre 1961 qui regroupe des dizaines d'associations : Au nom de la mémoire ; Les Oranges, Association de Nanterre, l'Association pour la mémoire algérienne Amal, Sortir du colonialisme, La ligue des droits de l'homme, Le Mrap, l'Association 93 au cœur de la République, l'Association des combattants de la cause anticoloniale ou encore l'Association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre. La deuxième raison, qui constitue d'ailleurs le corollaire de la première est le contexte dans lequel se déroule ce cinquantième anniversaire : une France qui, depuis le début des années 2000, tente, en toutes occasions, de réhabiliter le colonialisme : loi du 23 février 2005, occultation permanente de l'histoire de la colonisation française, nombreuses stèles érigées à la gloire des criminels de l'OAS, discours xénophobes et pour le moins paternalistes et de déni de toute intelligence à l'autre, à l'étranger : les Arabes auvergnats d'Hortefeux, discours de Dakar de Sarkozy en juillet 2007, lois successives musclant les dispositions sur l'immigration… Dans ce contexte, la commémoration cette année du 50e anniversaire du 17 Octobre 1961 prend une dimension toute particulière et en tout cas les manifestations inscrites au programme et dont certaines ont déjà commencé depuis une semaine utiliseront de nombreux outils (films, expos, prises de parole de témoins des massacres…) pour informer ceux encore nombreux de ce qui s'est passé : à l'appel de la Fédération de France du FLN, des milliers d'Algériens défilent pacifiquement à Paris contre le couvre-feu qui leur a été imposé et à eux seuls. La répression fut sans pareille : des corps jetés à la Seine, des centaines bastonnés puis amenés dans des camps, dans des prisons et certains expulsés directement vers l'Algérie, sans bagages et laissant femmes et enfants sur le territoire français… C'est ce que diront tous ceux qui manifesteront le 17 et qui, pour la première fois, ne se contenteront pas de se regrouper sur le pont Saint-Michel, mais se donneront rendez-vous à 18h au métro Bonne-Nouvelle devant le cinéma le Grand Rex et marcheront (pour être plus visibles) jusqu'au pont Saint-Michel où différentes prises de parole sont envisagées. Dans leur appel, les organisateurs soulignent que «l'on ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations ». 50 ans après, il est temps, disent-ils, «que les plus hautes autorités de la République reconnaissent les massacres commis… comme un crime d'Etat, que la fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie soit supprimée, que la liberté d'accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens et que la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un cadre franco- algérien, international et indépendant».
K. B.-A. QUELQUES COMMEMORATIONS
Colloque international : le 17 octobre 1961 : 50 ans après, la nécessaire reconnaissance à l'initiative de «Au nom de la mémoire» et de la Ligue des droits de l'homme. Il se tiendra le samedi 15 octobre de 13h à 17h et sera ouvert par Mehdi Lallaoui, président de l'association «Au nom de la mémoire». Après la projection du film de Yasmina Adi Ici on noie les Algériens, Emmanuel Blanchard évoquera «La police des Algériens en région parisienne» ; l'historien Gilles Manceron traitera de la mémoire de l'événement en se servant d'extraits de films de Daniel Kupferstein ( 17 octobre, dissimulation d'un massacre et Mourir à Charonne).
Une table ronde animée par notre consœur Samia Messaoudi : «Quoi de neuf dans la reconnaissance des événements ' Que faut-il aujourd'hui '» C'est autour de ces questionnements que débattront Jean-Luc Einaudi, Mohamed Harbi, Jim House, Neil MacMaster, Hassen Remaoun et Alain Ruscio. Un débat avec la salle sera organisé. La conclusion du colloque sera assurée par Pierre Tartakowsky.
Au Centre culturel algérien : Vendredi 14 octobre, se donnait La pomme et le couteau, une lecture spectacle de Aziz Chouaki, mise en scène de Adel Hakim, un spectacle qui évoque le 17 Octobre, joué par Michaêl Dusautoy, Malik Faraoun, Raymond Hosni, M'hamed Kaki, Michel Quidu, Lara Suyeux.
Des rassemblements divers en banlieue : le 17 octobre à 17h au pont de Neuilly, organisé par l'association Amal en présence des maires, des élus, des représentants algériens, des associations et organisations politiques ; dévoilement d'une plaque à Colombes, au pont de Bezons, le 16 octobre ; pose d'une plaque le 17 octobre à Asnières, à Bezons, et cérémonie à Argenteuil et à Clichy la Garenne. A Gennevilliers, sera inaugurée la «Place du 17 Octobre 1961».
A Colombe, un spectacle théâtral intitulé Lamento pour Paris sera donné les 20 et 21 octobre à la Cave Théâtre. Il s'agit d'une pièce de Hamma Meliani, mise en scène par Myriam Allel.
A Aubervilliers : l'association le 93 au cœur de la République a projeté en avant-première le 9 octobre le film Yasmina Adi Ici on noie les Algériens et organisé une rencontre débat avec les jeunes et la population d'Aubervilliers autour de Gilles Manceron, Hassen Rémaoun et Mouloud Aounit.
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