Algérie

500 milliards perdus pour la CNAS, la CASNOS et le Fonds de garantie des microcrédits après leur placement dans Khalifa Bank



L’alibi du Conseil d’administration Trois caisses sociales ont vu leur argent soufflé par la bombe Khalifa et leurs responsables, entendus hier comme accusés par le tribunal criminel de Blida, devaient s’expliquer sur plus de 500 milliards de centimes... Les anciens responsables de la CNAS (Caisse nationale d’assurance-chômage), du Fonds national de garantie des micro-crédits et de la CASNOS (Caisse sociale des non-salariés) devaient donc mettre sur le tapis les arguments les ayant poussés à placer à El-Khalifa Bank des sommes colossales qu’ils ne pouvaient récupérer par la suite. En effet, la CNAC a perdu ainsi 187 milliards de centimes, la CASNOS a vu, elle, se volatiliser plus de 242 milliards de centimes et le Fonds national de garantie des micro-crédits que gérait le DG de la CNAC la bagatelle de 126 milliards de centimes. Le premier à être entendu, hier était le directeur des opérations financières de la CNAC dont les fonds proviennent des cotisations des employés et des employeurs. Rachid Aïcher, sur qui pèsent plusieurs chefs d’accusation (corruption, trafic d’influence et bénéfice illicite de privilèges), soutiendra que c’est le Conseil d’administration qui a pris la décision de placer cet argent à El-Khalifa Bank. Il indiquera, à ce propos, que la réunion s’était tenue le 6 août 2001 avant la signature de la convention avec la banque, un mois plus tard. «Les dépôts devaient commencer le 9 septembre avec un taux d’intérêts de 11%», fera-t-il remarquer comme pour dire que c’était alors avantageux. Il est alors accroché par le procureur général qui lui demanda pourquoi avoir procédé à un placement en janvier 2003 alors que la presse commençait, dès novembre 2002, à mettre en évidence les points négatifs de cette banque dont les clients commençaient déjà à s’affoler en tentant de récupérer leur argent. «Je n’ai malheureusement pas eu écho de ces informations», rétorque le directeur des opérations financières de la CNAC qui souligne que, «de toutes façons, c’est le DG de la CNAC, dont les fonds avoisinaient les 6.000 milliards de centimes, qui a signé la convention avec Abdelmoumen Rafik Khelifa». De plus, fait-il remarquer, «l’ancien ministre de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed Larbi Abdelmoumène, avait été destinataire de la résolution du Conseil d’administration de la CNAC». Cette façon de jeter la balle hors de son périmètre a fait réagir le procureur général. «Les placements ont tout de même été effectués sans attendre le délai de 30 jours prévu par la loi», rappelle-t-il à l’accusé qui répliquera en soutenant que la banque jouissait, à l’époque, d’une bonne réputation, avec une assise financière, ce qui a trompé tout le monde. Il reconnaîtra, à ce propos, que «Le maquillage était magnifique». C’était ensuite au tour de l’ancien boss de la CNAC, Mahrez Aït Belkacem, chargé des mêmes accusations, de se présenter à la barre. Confirmant les propos de son directeur des opérations financières, il mettra en avant la loi sur la monnaie et le crédit de 1997. «Cela nous autorisait, de même que toutes les caisses, à placer les fonds dans des banques», dira-t-il. Cela-dit, lui aussi est rattrapé par le non-respect du délai prévu par la loi concernant la réponse du ministère. De plus, lui signifiera le procureur général, «le nom de la banque n’apparaissait pas dans la résolution du Conseil d’administration», comprendre par là qu’il y avait intention de masquer ce fait. Boubedra Hocine, qui a géré la CASNOS entre 2000 et 2006, lui aussi accusé des mêmes griefs, a été interrogé sur le placement de plus de 242 milliards de centimes à El-Khalifa Bank. Il soulignera que cela s’est fait sur la base d’une résolution du Conseil d’administration, datée du 16 mai 2001. Il fera même remarquer que le ministre de l’époque, Aboudjerra Soltani, en avait été informé. «Faux! Le ministre qui a été entendu hier en témoin a soutenu n’avoir rien reçu de la CASNOS!», rétorque la juge, Mme Fatiha Brahimi. Ainsi donc, les accusés auditionnés hier ont tous expliqué que les décisions de placer les fonds à El-Khalifa Bank ont été prises en conseils d’administration qui s’étaient appuyés sur le fait que cette banque proposait des taux d’intérêt très alléchants, «entre 10 et 11% pour les premiers placements, et plus de 15% pour les renouvellements» au moment où «les banques publiques qui offraient des taux d’intérêt allant jusqu’à 21% avaient décidé de les baisser subitement». La lecture à faire ici est que les mis en cause ont implicitement suggéré la possibilité d’avoir poussé tout le monde, par cette décision de réduire les taux d’intérêt, à aller placer son argent chez Khalifa. «La question reste posée quant aux intentions réelles des banques publiques sur la décision de baisser, en cette période précisément, les taux d’intérêt», dira la juge qui fera remarquer enfin aux accusés que leurs six enfants «ont bénéficié de stages de formation à Londres, pris en charge par El-Khalifa Bank» en doutant que cela soit «une simple coïncidence». Elle leur rappellera également qu’ils ont bénéficié de cartes de gratuité sur les vols de Khalifa Airways et, pour le boss de la CASNOS, d’une carte... «Master Card».




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