Algérie

500.000 élèves exclus annuellement du système scolaire



Comment lutter contre la déperdition scolaire Le ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnels a appelé, hier à Tizi-Ouzou, à «l’intensification» de la lutte contre la déperdition scolaire, à travers «la mobilisation de l’ensemble des partenaires pour le succès du nouveau programme national de qualification-alphabétisation destiné aux jeunes sans niveau».Présidant une rencon-tre de présentation et d’explication de ce programme, à laquelle ont pris part des cadres du secteur, des P/APC et des entrepreneurs, El Hadi Khaldi a explicité la notion de «sans niveau» en indiquant qu’elle concerne «ceux qui n’ont jamais été à l’école pour des raisons diverses et ceux qui n’ont pas achevé la scolarité obligatoire d’une durée de 9 ans». Après quoi, il a annoncé que l’ensemble de ces cas «sont pris en charge par le nouveau dispositif qualification-alphabétisation, alors que la formation des orientés vers la vie active est assurée automatiquement par les programmes existants». M. Khaldi a estimé le taux national actuel de déperdition scolaire à 2,5%, contre plus de 57% dans les années 60. Dans ce contexte, il a fait savoir qu’à «l’indépendance, le pays ne comptait que 43 établissements de formation professionnelle, des ouvroirs initiés par des missions religieuses pour servir d’autres objectifs, sous un couvert humanitaire». Les résultats d’une enquête réalisée par le Centre de recherche CENEAP, durant les trois derniers mois de 2007, ont été révélés lors d’une journée d’étude sur la déperdition scolaire, organisée jeudi dernier à l’hôtel Mouflon d’or à Alger, à l’initiative de l’association Iqraa engagée dans la lutte contre l’analphabétisme depuis le début des années 90. L’enquête indique que pas moins de 500.000 élèves sont exclus annuellement du système scolaire, soit le même chiffre annoncé précédemment par le Conseil national économique et social (CNES). Consultant au CENEAP, Mohammed Saïd Merad précise que «30% des élèves du primaire fuient l’école à cause des programmes, 50% de ceux âgés entre 11 et 14 pour difficultés de concentration et plus de 60% des élèves âgés de plus de 14 ans ont des problèmes avec les enseignants». Au-delà des problèmes de pauvreté, d’instabilité familiale et d’éloignement, le représentant du CENEAP estime que les causes de la déperdition scolaire sont à chercher à l’école même. «Il y a urgence à ouvrir de vrais chantiers sur les vrais problèmes de l’école; les défaillances du système éducatif, la qualité de l’enseignement, les programmes, etc. Il semble, aujourd’hui, que l’école n’est plus une source de promotion sociale», soutient-il. Avant d’ajouter que «près de 75% des jeunes exclus aspirent à une réussite professionnelle, mais beaucoup parmi eux ne peuvent ni reprendre une scolarité normale ni suivre une formation professionnelle». L’association Iqraa «se trouve face à des demandes de plus en plus importantes de jeunes exclus du système scolaire en quête de formation pour la consolidation de leurs connaissances générales et la réalisation de projets professionnels», confie sa présidente, Mme Barki. Que faire pour les aider à réussir ce qu’ils ont raté par le passé? Mme Barki lance l’idée de créer une école de deuxième chance en Algérie. Un dispositif qui a donné, semble-t-il, de bons résultats en France. Quoi qu’il en soit, le secteur de la formation professionnelle dispose de 1.035 CFPA, 300 annexes ouvertes dans des zones enclavées, en plus de 300 autres qui seront réceptionnés fin 2009. Pour une mise en œuvre «efficiente» de ce nouveau dispositif de prise en charge de la formation des sans-niveau, le ministre a requis, comme il l’avait précédemment dit à travers la wilaya, la redynamisation des commissions communales d’apprentissage (CCA) ayant à charge d’accomplir des «actions de proximité pour le placement des stagiaires au niveau des entreprises». Il a également recommandé aux P/APC de procéder au recensement des concernés, de concert avec l’association Iqra investie de la tâche, conformément à une convention passée avec le ministère de l’Education nationale, pour dispenser des cours d’alphabétisation aux jeunes sans niveau afin de les aider à suivre une formation. Le succès de cette opération s’inscrivant dans la durée dépend également, selon le ministre, de «l’implication des entrepreneurs par l’offre aux jeunes d’opportunités d’apprentissage au niveau de leurs unités». S. Illoul


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