Algérie

50% sont atteints de maladies professionnelles graves Le personnel du centre sanitaire de Carteaux veut des réponses



Il a fallu un quatrième décès, en décembre 2007, parmi le personnel du centre de santé Ibn-Rochd (ex-Carteaux), une femme de 58 ans qui était aux portes de la retraite et atteinte d'un cancer du cerveau, pour que la sonnette d'alarme soit déclenchée pour lancer une véritable enquête sur les causes de ces décès ainsi qu'un dépistage de l'ensemble des 40 agents médicaux, paramédicaux et administratifs du centre. Pour la genèse, un membre du conseil syndical nous fera savoir que les trois premiers décès (deux médecins et un paramédical) ont été enregistrés avant 2002. «Un échantillon a été prélevé, mais les résultats d'analyse n'ont jamais été rendus publics et les services de médecine du travail ont été interpellés, mais cet SOS est resté sans suite», devait nous dire un syndicaliste activant dans cette structure sanitaire constituée de baraques en préfabriqué, vieille de plus de 70 ans. Le dernier décès n'a pas laissé indifférent le premier responsable de l'EPSP Es-Seddikia, nouvellement créée, qui a décidé de «fermer pour travaux» le centre et transférer les activités vers d'autres structures. Voulant, à tout prix, mettre la lumière sur cette série de drames qui a touché leurs collègues et ne se sentant nullement à l'abri, le collectif des travailleurs a sollicité un bureau d'études pluridisciplinaire pour des analyses physico-chimiques. Après des prélèvements d'échantillons de parois, le rapport d'analyse a conclu: «l'échantillon en question qui joue le rôle d'isolant thermique et phonique peut présenter un danger sur la santé des occupants si le toit est percé ou endommagé». Ce constat a amené le personnel à signer une pétition pour exiger sa prise en charge médicale et psychologique. Une doléance à laquelle a répondu favorablement la direction de l'EPSP en constituant une cellule de crise, ainsi que la direction de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière qui a demandé la venue d'un technicien du même bureau d'études pour d'autres analyses. Cela a été fait et les résultats ont confirmé la première conclusion. Le nouveau DSP, en place depuis quelques mois, en a fait une priorité en exigeant une prise en charge médicale du personnel avec des investigations et des examens approfondis. Les premiers examens et analyses sanguins ont révélé que 20 agents, soit 50% du personnel, en place depuis plus de 15 ans, présentaient plusieurs pathologies dont 7 nodules confirmés (prémices de cancer). Afin de confirmer le premier diagnostic, des investigations approfondies (scanners) ont été demandées pour 11 agents qui devaient être pris en charge à l'EHS Canastel. «A deux reprises, nous nous sommes présentés à jeun dans cet établissement et à deux reprises nous sommes revenus bredouilles», ont tenu à déclarer 3 médecins concernés en s'étonnant du fait que bien que le scanner soit opérationnel, ils ont été déboutés alors que leur cas est qualifié d'urgent. Par ailleurs, dans un rapport de situation, il est clairement stipulé que le bois de la charpente est moisi, que la laine de verre est en décomposition et que la toiture en tuiles est détériorée. Aujourd'hui, le personnel vit une véritable psychose et exige une réelle prise en charge médicale car il s'agit de vies humaines. Quant à la structure qui ne répond ni aux normes d'exercice de la profession médicale, ni aux conditions d'accueil des malades, le représentant du partenaire social estime qu'elle doit être éradiquée en prenant en considération qu'il s'agit d'une opération de «désamiantage» pour ne pas exposer au risque le voisinage; une opération qui doit être accompagnée d'une étude épidémiologique.


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