Une mobilisation
est prévue lundi 17 octobre 2011 à travers plusieurs villes françaises contre
l'oubli et pour la reconnaissance d'un crime, impliquant des représentants de
l'Etat, un préfet et le corps de la police française.
Des massacres ont été perpétrés, le 17 octobre 1961 à Paris, à l'encontre
des Algériens pacifiques qui sont sortis dans les rues de Paris pour réclamer
l'indépendance de leur pays, l'Algérie. Le 5 octobre 1961, un couvre-feu a été
arrêté par le préfet de Police de Paris, Maurice Papon, pour tous les «
Français musulmans d'Algérie ». Cette manifestation a été organisée par le
Front de libération nationale (FLN) et a été cruellement réprimée ; des
centaines d'Algériens furent jetés dans la Seine.
La société civile
française s'organise pour donner à ce 50ème anniversaire du massacre du 17
octobre 1961 un caractère particulier. Un collectif d'associations de droits de
l'homme s'est mobilisé pour interpeller et demander au Président de la
République française et son gouvernement la reconnaissance de ce Crime d'Etat
mais aussi pour s'exprimer sur ces sombres événements de l'histoire de France.
Dans une telle situation, le devoir de mémoire s'impose de lui-même.
Il faut rappeler
que la classe politique française était en ébullition depuis quelques années
sur les questions mémorielles. La
France et l'Algérie pourraient travailler ensemble pour
cicatriser les blessures de l'histoire commune et instaurer la sérénité dans
les relations entre les deux pays. Une loi mémorielle pourrait être envisagée
comme une solution, pour instaurer la décrispation entre les deux peuples.
En France, le
concept de lois mémorielles a été forgé depuis plusieurs années autours de
textes essentiels : la Loi
Gayssot du 13 juillet 1990 qui a
instauré le délit de contestation des crimes contre l'Humanité, la Loi du 29 janvier 2001 qui
reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915, la Loi Taubira
du 21 mai 2001 reconnaissant la traite et l'esclavage en tant que crimes contre
l'humanité et la Loi
n°2005-158 du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution
nationale en faveur des Français rapatriés.
Il est vrai qu'un
tel débat sur la pertinence d'une telle intervention législative pourrait être
relancé et conduirait à la division tant la classe politique que la communauté
scientifique ainsi que le monde de la presse. Il faut toutefois souligner la
différence entre une loi effective comme la Loi Gayssot,
assortie de sanctions pénales, et des lois déclaratives comme les trois autres,
qui ne font que dénoncer des principes sans assortir de sanctions pénales et
affirmer des crimes contre l'humanité (donc déclaration d'un rôle négatif).
La loi du 23
février 2005, au contraire, affirmait un rôle positif de la colonisation et ses
dispositions ont provoqué la colère des historiens qui n'admettent pas qu'un
texte juridique écrive l'Histoire.
Sans parler de la
polémique qui a remué l'opinion publique notamment dans les pays anciennement
colonisés par la France,
chez les personnes originaires de ces pays et résidant en France, ou encore
dans les départements d'outre-mer a entraîné le retrait de cette disposition
dont le gouvernement a entendu se désolidariser. L'article 4 de cette loi a été
déclassé par le Conseil constitutionnel (décision du 31 janvier 2006) sur
demande du Premier ministre (25 janvier 2006), puis abrogé par voie
réglementaire (décret du 15 février 2006).
Ce 17 octobre
2011, la société civile organise une série de commémorations prévues sur des
places, des boulevards et des lieux qui ont hautement marqué ces massacres et
crimes dans la ville de Paris. Il serait positivement recommandable qu'une
proposition de loi venant d'un groupe parlementaire ou un projet de loi émanant
du gouvernement pour reconnaître cette période sombres
de l'histoire de la France
et participer à éviter certains bégaiements de l'histoire.
*Juriste et
membre de l'Observatoire français des relations internationales (OFRI),
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Posté Le : 13/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Faycal Megherbi*
Source : www.lequotidien-oran.com