Le temps est maussade. Un vent incisif balaie les platanes scintillant sous une pluie fine. Un sentiment bizarre rend l'atmosphère davantage lugubre. Des informations sous forme de chuchotements s'échangent entre citoyens incrédules. Mais avec un sentiment « masochiquement » de béatitude, « Il semble qu'Alger est à feu et à sang ».
L'information est distillée discrètement puis s'étend à toute la ville. Les premiers gestes de sédition se dessinent dans le comportement des jeunes. Les rumeurs s'amplifient. « A Maghnia, on saccage et on tue, Remchi est détruite, Sebdou n'est que cendres' » Information, désinformation' Les parents claquemurent leurs enfants, les entreprises, par prudence, donnent congé à leurs employés, les rues se vident. Des groupuscules juvéniles se forment et s'attaquent aux lampadaires, aux enseignes. Quasiment en catimini. La population reste à l'écoute d'Alger. Les informations tombent telles des dépêches d'une agence de presse. A Maghnia, pour disperser la foule devenant trop menaçante, on tire en l'air, mais pas seulement. Un quadragénaire est blessé au pied. Les nerfs sont à fleur de peau chez les policiers. On charge les jeunes sans ménagement. En l'absence d'hymne de protestation, on invente des slogans hostiles au pouvoir. Messaâdia en prend pour son grade. On quadrille les villes. Un véritable couvre-feu est installé en plein jour. Mais la « révolution » n'aura pas lieu dans la wilaya. Pas par mauvaise foi. Par pudeur, par timidité, par inexpérience' mais, on jubile. On approuve ses concitoyens. On est solidaires, on est pour le changement'
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Posté Le : 05/10/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : C. Berriah
Source : www.elwatan.com